Les soldats icaunais d'Amérique du Nord de 1755 à 1760

 

par Pierre Le Clercq (S.G.Y.)

   

seconde partie

  

 

      Pour combattre les Anglais en Amérique du Nord, durant la guerre de Sept ans, le roi Louis XV ne s’est pas appuyé sur les troupes coloniales de la Marine déjà sur place, formées de compagnies franches dirigées par des capitaines canadiens. Il a voulu opposer aux Britanniques des régiments métropolitains habitués aux combats de type européen, dont les officiers étaient tous natifs de France. Contrairement aux soldats des compagnies franches de la Marine, qui étaient incités à faire souche au Canada à l’issue de leurs six années de service militaire, les soldats des régiments d’infanterie métropolitains envoyés en Amérique de 1755 à 1759 étaient appelés à rentrer en France à la fin de la guerre. C’est ce que montre l’échantillon des soldats icaunais ci-après, sur lequel j’ai été amené à effectuer des recherches dans le cadre du « projet Montcalm » lancé et mis en œuvre par les deux fédérations française et québécoise de généalogie, pour commémorer le 250e anniversaire de la bataille des plaines d’Abraham et de la mort du marquis Louis Joseph de Montcalm.

 

LES SOLDATS MÉTROPOLITAINS

  

       Je devais travailler sur un échantillon de cinquante-cinq militaires, qui m’avaient été présentés comme étant probablement natifs de l’Yonne. Je n’ai pu vérifier cette hypothèse que pour trente-cinq cas. Sur les trente-cinq soldats et officiers dont les racines icaunaises sont indiscutables, vingt-quatre sont retournés en Europe d’une façon ou d’une autre après avoir fait la guerre sur le sol nord-américain : deux sont morts en effet au Royaume-Uni et vingt-deux ont été rapatriés en France, dont deux qui s’étaient mariés au Canada. Sept seulement sont revenus vivre en Icaunie. Sur les onze soldats qui ne sont jamais rentrés en métropole, huit sont décédés ou ont disparu de l’autre côté de l’Atlantique et trois seulement ont choisi de demeurer sur place pour y faire souche, ayant convolé avec de jeunes Canadiennes.

       La biographie succincte de chacun de ces militaires icaunais, et des sept mille quatre cents autres soldats et officiers français ayant combattu les Britanniques sur les terres américaines de 1755 à 1760, a été publiée à l’automne 2009 en la ville de Montréal, dans un gros ouvrage intitulé « Combattre pour la France en Amérique », diffusé en France par les éditions Archives et Culture, à Paris. Les biographies qui suivent, consacrées aux soldats natifs de l’Yonne, sont plus développées que celles du livre canadien en question et apportent quelques menues corrections.

 

AUVERGNE Cot : Baptisé le 18 août 1718 à Saint-Bris-le-Vineux, [1] recevant comme prénom celui porté par saint Cot, l’un des deux saints patrons de sa paroisse natale, il était fils du vigneron Claude Auvergne et de Marie Suriot, [2] mariés le 4 février 1716 audit lieu de Saint-Bris-le-Vineux. Ses parrain et marraine étaient Cot Bersan, fils du vigneron Cot Bersan, et Germaine Desclaire, fille du défunt Etienne Desclaire. Le 12 décembre 1743, à l’âge de vingt-cinq ans, il est entré comme simple soldat dans le régiment d’infanterie de Bourgogne, sous le surnom militaire de Saint-Bris, où il a fini par être affecté à la compagnie du jeune capitaine Anne Birot de Brouzède, né le 21 février 1727 à Angoulême. Une dizaine d’années plus tard, son régiment ayant été divisé en deux bataillons, le premier restant en France et le second étant envoyé au Canada, le soldat Cot Auvergne a été placé en garnison en la forteresse canadienne de Louisbourg, en Acadie, où peu après son arrivée le second bataillon du régiment de Bourgogne a été passé en revue, le 29 juin 1755. Cette forteresse a été prise par les Anglais le 26 juillet 1758. Fait prisonnier ce jour-là, Cot Auvergne a fait partie des soldats français de Louisbourg qui, libérés par les Britanniques, ont débarqué le 18 décembre 1758 à Calais. En 1762, il était toujours soldat lorsque son régiment de Bourgogne a été passé en revue en France. On ne trouve aucune trace de lui dans les registres paroissiaux de Saint-Bris-le-Vineux après cette date.

 

BAUDIN Simon : Né le 15 septembre 1731 à Sauvigny-le-Bois, où il a été baptisé le lendemain, il était fils du laboureur Jean Baudin et de Jeanne Têteforte, mariés vers 1729 en un lieu encore inconnu et domiciliés au hameau de Montjalin. Ses parrain et marraine étaient Simon Guéneau, domestique de madame de Fresne en la paroisse d'Athie, et sa tante paternelle Edmée Baudin. Son père, né le 22 novembre 1707 au hameau de Montjalin à Sauvigny-le-Bois et baptisé le 27 novembre suivant, a servi en 1738 comme soldat dans le régiment de Hainaut. Suivant l’exemple de celui-ci, Simon Baudin s’est engagé le 9 mai 1753, à l’âge de vingt et un ans, comme soldat dans le régiment d’infanterie d’Artois, où il a été affecté à la compagnie du capitaine François Philibert de Morot-Grésigny, originaire de l’Yonne lui aussi. Deux ans plus tard, son régiment ayant été divisé en deux bataillons, le premier restant en France et le second étant envoyé au Canada, le soldat Simon Baudin, qui portait le surnom militaire de Saint-Simon, a été placé en garnison en la forteresse de Louisbourg, en Acadie, où quelques jours après son arrivée le second bataillon du régiment d’Artois a été passé en revue, le 29 juin 1755. Cette forteresse a été prise par les Anglais le 26 juillet 1758. Fait prisonnier, Simon Baudin a fait partie des soldats de Louisbourg qui, sitôt libérés par les Britanniques, ont débarqué le 17 décembre 1758 au port de Calais. En 1759, il servait toujours dans la compagnie du capitaine François Philibert de Morot-Grésigny quand son régiment d’Artois a été passé en revue en France. En 1761, il a été promu au grade militaire de sergent. On ne trouve aucune trace de lui dans les registres paroissiaux de Sauvigny-le-Bois après cette date.

 

BLÉNON Claude Olivier : Né le 5 septembre 1736 à Sens, où le lendemain il a été baptisé en l’église Saint-Pierre-le-Rond, il était fils de l’épicier Louis Olivier Blénon et d’Anne Françoise Boullanger, unis le 13 avril 1728 à Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne. Ses parrain et marraine étaient Claude Antoine Gontier, procureur du roi en la maîtrise des eaux et forêts de Sens, et Marie de Chasteau-Majet. Son père, né le 21 février 1700 à Sens et baptisé le lendemain en ladite église paroissiale de Saint-Pierre-le-Rond, est mort le 6 août 1750 en la même ville où ses obsèques ont été célébrées le lendemain en la même église. En 1755, à l’âge de dix-neuf ans, le jeune Claude Olivier Blénon s’est engagé comme soldat dans le second bataillon du régiment d’infanterie de la Reine, où il a fini par être affecté à la compagnie du capitaine Joseph Alexandre Lassée de Mâron, né le 16 février 1727 à Mâron (Indre). Envoyé se battre dès 1755 au Canada, il y est décédé le 20 octobre 1757 à l’hôpital général de Québec, enregistré sous le nom de famille erroné de Bléneau. Sa mère était encore en vie à l’époque. Baptisée le 19 juillet 1705 sous les prénoms de Marie Françoise, à Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne, elle n’est morte en la ville de Sens que le 28 août 1793, trente-cinq ans après son fils.

 

BONNET Charles :[3] Né le 8 mai 1736 à Joigny, où il a été baptisé le même jour en l’église Saint-Jean, il était fils de l’aubergiste Augustin Bonnet, qui était aussi maître traiteur et pâtissier, voire marchand de vin, et de Pétronille Hattier, mariés en ladite ville de Joigny le 21 novembre 1724, ceci en l’église Saint-Thibault. Ses parrain et marraine étaient Charles Charié et Pétronille Elisabeth La Vallée. Son père, baptisé en ladite église Saint-Jean le 16 avril 1703, était lui aussi fils d’un maître traiteur et pâtissier. Sa mère, née le 13 juin 1706 à Joigny et baptisée le même jour en ladite église Saint-Thibault, a donné jusqu’à dix-sept enfants à son mari, de 1725 à 1746. En 1756, dès l’âge de vingt ans, le jeune Charles Bonnet est entré au service du marquis Louis Joseph de Montcalm, comme cuisinier, poursuivant ainsi le métier de traiteur exercé par son père et son grand-père paternel avant lui. Le 13 mai 1756, il est arrivé à Québec avec son maître, lequel avait été nommé commandant en chef des troupes françaises en Amérique du Nord. Il n’était pas soldat, comme les autres Icaunais arrivés au Canada en 1755 et 1756, mais il vivait dans l’entourage proche du chef suprême de tous ces militaires. Le 13 juin 1757, en l’église de Montréal, il a convolé en justes noces avec une jeune Normande de dix-huit ans nommée Marie Anne Lebreton, baptisée vers l’an 1739 au Havre, en l’église Notre-Dame, qui était fille d’Henri Lebreton et de Marie Anne Léger. Il avait signé un contrat de mariage la veille avec elle, ceci devant maître Danré de Blanzy, notaire à Montréal. Un an plus tard, le 10 novembre 1758, est née et a été baptisée en ladite ville de Montréal une fille issue de cette union, prénommée Marie, laquelle est morte toutefois trois jours après en la même localité, le 13 novembre 1758. Les obsèques de la jeune défunte ont eu lieu le surlendemain. En sa qualité de cuisinier du marquis Louis Joseph de Montcalm, le jeune Charles Bonnet a probablement assisté, dans le sillage de son maître, au siège de la ville de Québec, bombardée sans cesse par les Britanniques depuis le 12 juillet 1759. Il a sans doute vu aussi la bataille des plaines d’Abraham, livrée sous les murailles de la ville le 13 septembre 1759, au cours de laquelle son maître a été grièvement blessé. Ce dernier est mort le lendemain. Trois jours après la reddition de la ville, cédée aux Anglais le 17 septembre 1759, les soldats français vaincus ont été autorisés à quitter les lieux pour se replier sur la ville encore libre de Montréal. Le jeune Charles Bonnet, âgé de vingt-trois ans à l’époque, était peut-être parmi ces rescapés. Il se trouvait en tout cas à Montréal le 30 janvier 1760, puisqu’il s’est présenté ce jour-là chez un notaire de la ville pour témoigner, dans un acte de notoriété, que son ami Michel Larsonneur était bien célibataire et qu’il pouvait donc aller se marier à Québec. Pour appuyer ses dires, le jeune témoin a toutefois menti en précisant qu’il était natif du faubourg Saint-Denis et de la paroisse Saint-Jean à Paris, au lieu de la paroisse Saint-Jean à Joigny. Après la capitulation de la ville de Montréal, le 8 septembre 1760, il a quitté le Canada au mois d’octobre pour rentrer en France avec son épouse. Il ne semble pas être revenu à Joigny. Son père y est décédé le 11 juin 1764, en la paroisse Saint-Jean, et y a été enseveli le lendemain en l’église Saint-Thibault. Sa mère est morte plus tard, à une date inconnue.

 

BOYER François : Né le 13 août 1735 à Dissangis, où il a été baptisé le lendemain en l’église Saint-Martin, il était fils du laboureur et vigneron Jean Boyer et de Marie Anne Maillard, mariés le 28 octobre 1719 en ladite église paroissiale. Ses parrain et marraine étaient François Gagneau, laboureur demeurant à Coutarnoux, et Jeanne Olive, fille du laboureur Jean Olive, vivant quant à elle à Dissangis. Son père, né le 23 octobre 1693 à Dissangis et baptisé au même endroit le surlendemain, est mort au même lieu le 14 janvier 1737 et a été enseveli sur place un jour après. François Boyer n’avait qu’un an et demi à l’époque. Le 25 mars 1753, à l’âge de dix-sept ans, il s’est engagé comme soldat dans le régiment d’infanterie d’Artois, sous le surnom militaire de Bellisle, où il a été affecté à la compagnie du capitaine Sermiselle. Deux ans plus tard, son régiment ayant été divisé en deux bataillons, le premier restant en France et le second étant expédié aux Amériques, il a été placé en garnison en la forteresse canadienne de Louisbourg, en Acadie, où le second bataillon du régiment d’Artois a été passé en revue le 29 juin 1755. On ne trouve cependant aucune trace de sa présence effective au Canada, car il ne figure point parmi les soldats français qui ont été capturés par les Anglais lors de la prise de Louisbourg le 26 juillet 1758. En 1759, il était attaché à la compagnie du capitaine Antoine Joseph de Gévaudan quand son régiment d’Artois a été passé en revue en France, mais il n’a point pris part avec ce nouveau capitaine à l’expédition du corsaire François Thurot jusqu’en Irlande. Devenu caporal en 1760, il a été promu au grade militaire de sergent le 16 décembre 1761. Sa mère était encore en vie à l’époque. Née à Dissangis en 1696, pendant une brève période lacunaire que l’on déplore dans les registres paroissiaux de cette localité, elle n’y est décédée en effet que le 12 janvier 1767, ses funérailles étant célébrées le lendemain de son trépas.

 

CAMPENON Jean-Baptiste : Né le 11 août 1733 à Saint-Bris-le-Vineux, où il a été baptisé le même jour, il était fils d’un marchand nommé Edmé Campenon et de son épouse Françoise Thérèse Quatremère, mariés le 27 novembre 1714 en l’église de Goix, située dans une ancienne paroisse devenue depuis lors un simple hameau de la commune de Saint-Bris-le-Vineux. Ses parrain et marraine étaient Jean-Baptiste Chauchon et Germaine Barbe Rousseau. Son père, né vers l’an 1685, est décédé à Saint-Bris-le-Vineux le 16 février 1753 et a été enterré au même lieu le lendemain. Six ans plus tard, ayant été recruté pour aller rejoindre l’armée française du marquis Louis Joseph de Montcalm, Jean-Baptiste Campenon a traversé l’Atlantique avec le convoi de navires marchands du corsaire Jacques Canon, débarquant à Québec le 17 mai 1759. Sur place, il s’est enrôlé comme simple soldat dans le second bataillon du régiment de Guyenne, où il a intégré la compagnie du capitaine Antoine Joseph Bellot de Segonzac, né le 23 mars 1724 à Barbezieux (Charente). Lors du siège de la ville de Québec, bombardée par les Britanniques depuis le 12 juillet 1759, il a été estropié par un éclat de bombe qui lui a cassé le genou droit. Trois jours après la reddition de la ville, remise à l’ennemi le 17 septembre 1759, la garnison française vaincue a été autorisée à quitter les lieux pour se replier sur la ville encore libre de Montréal. Le 25 janvier 1760, le soldat Jean-Baptiste Campenon y a été admis à l’hôpital général pour y être soigné. Il a finalement été rapatrié en France au mois d’octobre suivant, la garnison de Montréal ayant dû rendre les armes à son tour le 8 septembre 1760 face à la supériorité militaire britannique. Il faisait toujours partie à l’époque du régiment d’infanterie de Guyenne mais était affecté à la compagnie du jeune capitaine Jacques Louis Patrix de Chaourse, natif de la Sarthe. Ne pouvant plus servir à l’armée en raison de son genou estropié, il a été reçu le 2 avril 1761 à l'hôtel royal des Invalides à Paris. Sa mère n’avait alors plus qu’un mois à vivre. Née vers 1691 à Champs-sur-Yonne, elle est morte en effet le 7 mai 1761 en la paroisse de Saint-Bris-le-Vineux où elle a été enterrée le lendemain. Vingt-sept ans plus tard, Jean-Baptiste Campenon est décédé lui aussi, âgé de cinquante-cinq ans et encore célibataire, ceci le 24 mars 1788 à l’hôtel royal des Invalides à Paris.

 

CHEVIGNY Edmé : Né le 29 janvier 1733 à Lucy-le-Bois, où il a été baptisé un jour plus tard, il était le fils unique du laboureur André Chevigny et de Marie Madeleine Massé, mariés en l’église paroissiale de Lucy-le-Bois le 26 février 1732. Ses parrain et marraine étaient Edmé Renault et Jeanne Moreau, domiciliés l’un comme l’autre au hameau de Thory à Lucy-le-Bois. Son père, né et baptisé le 30 novembre 1688 à Lucy-le-Bois, s’était marié en premières noces le 14 juin 1717 à Annay-la-Côte avec Madeleine Minard, fille de Philibert Minard et d’Edmée Ménard, morte à Lucy-le-Bois le 7 novembre 1731 et enterrée au même lieu le lendemain. Sa mère, née le 1er avril 1699 à Lucy-le-Bois et baptisée au même endroit le 5 avril suivant, est morte à son tour le 24 janvier 1745 en ladite paroisse de Lucy-le-Bois où elle a été ensevelie le lendemain. Le 7 février 1747, deux ans après le décès de sa mère, Edmé Chevigny est devenu le parrain de son neveu nommé Edmé Chevigny lui aussi, fils de Louis Chevigny et d'Anne Breuillard, ceci le 7 février 1747 en l'église de Lucy-le-Bois. Son père est décédé neuf mois plus tard, le 13 novembre 1747 à Lucy-le-Bois où il a été inhumé le lendemain. Edmé Chevigny était donc orphelin de père et de mère quand le 2 novembre 1754, à l’âge de vingt et un ans, il s’est engagé comme simple soldat dans le régiment d’infanterie de Bourgogne, sous le surnom militaire de Desrosiers, où il a rejoint la compagnie du capitaine Amédée François Thuault du Parc, né le 20 juillet 1724 à Paris, en la paroisse de Saint-Louis-en-l’Île. Sept mois plus tard, son régiment ayant été divisé en deux bataillons, le premier restant en France alors que le second était envoyé au Canada, le soldat Edmé Chevigny a été mis en garnison en la forteresse canadienne de Louisbourg, en Acadie, où le 29 juin 1755 le second bataillon du régiment de Bourgogne a été passé en revue. Cette forteresse a fini par être prise par les Anglais le 26 juillet 1758. Capturé ce jour-là, Edmé Chevigny a fait partie des soldats français de Louisbourg qui, sitôt libérés par les Britanniques, ont débarqué le 18 décembre 1758 à Calais. En 1762, il était toujours soldat quand son régiment de Bourgogne a été passé en revue en France. Une fois démobilisé, il est retourné vivre dans l’Yonne où le 10 février 1766, en l’église de Joux-la-Ville, il s’est uni par les liens du mariage à Jeanne Françoise Delétang, fille du laboureur Joseph Delétang et de Françoise Jarry. Son épouse, baptisée en l’église de Joux-la-Ville le 28 novembre 1744, lui a donné sept filles nées à Lucy-le-Bois : Ursule Françoise le 20 octobre 1769 et Marie Jeanne le 7 décembre 1774, puis Marie Etiennette le 26 décembre 1777 et Marie le 12 janvier 1780, et enfin les jumelles Marie Madeleine et Jeanne Françoise le 23 décembre 1781 et Anne le 26 juillet 1784. À Lucy-le-Bois, le père de ces sept filles a exercé les métiers de cordonnier en 1766, de boulanger de 1769 à 1784, de laboureur en 1794 et d’aubergiste à la fin de sa vie. Il est décédé à Lucy-le-Bois le 25 mars 1803, à l’âge de soixante-dix ans, et son épouse est morte quant à elle le 13 mars 1820 au même lieu, âgée de soixante-quinze ans.

 

CHOUPE Jean Gaston : Né le 27 avril 1735 en la ville d’Auxerre, où il a été baptisé le lendemain en l’église Saint-Eusèbe, il était fils du maître menuisier suisse Joseph Léonce Choupe et de Barbe Graveline, mariés à Auxerre le 13 janvier 1731, ceci en l’église Saint-Martin-lès-Saint-Julien. Ses parrain et marraine étaient un certain Jean Gaston Graveline, teinturier luxembourgeois vivant à Auxerre, et Françoise Loupo, veuve du bonnetier auxerrois Jean-Baptiste Levert. Son père, qui était né vers l’an 1700 à Sursée, dans le canton suisse de Lucerne, est mort le 14 mai 1740 en ladite ville d’Auxerre où ses obsèques ont été célébrées en l’église Saint-Eusèbe un jour après. Sa mère s’est alors remariée avec Edmé Thierriat. Le 4 mai 1752, à l’âge de dix-sept ans, le jeune Jean Gaston Choupe s’est engagé comme simple soldat dans le régiment d’infanterie de la Sarre, sous le surnom militaire de Léveillé, où il a été affecté à la compagnie de fusiliers du capitaine Luc Angélique de Remigny. Sachant lire et écrire, il n’a point tardé à y être promu aux grades de caporal puis de sergent. C’est sous ce dernier grade, en tout cas, qu’il a été envoyé combattre les Anglais en Amérique, dans le second bataillon de son régiment. Ce bataillon parti en renfort a été passé en revue à Québec le 2 juin 1756, trois semaines après son arrivée, puis, partagé sur place en deux divisions, il est allé prendre garnison à Montréal. N’ayant sans doute point l’intention de retourner un jour en France, Jean Gaston Choupe a acheté, le 24 mars 1759, une terre dans la seigneurie canadienne des Mille-Îles. Sa mère était encore en vie à l’époque. Née vers l’an 1703 en la ville de Luxembourg, dans le grand-duché du même nom, elle est morte toutefois peu de temps après, le 24 mai 1759 à Auxerre, et ses obsèques ont été célébrées le lendemain en l’église Notre-Dame-la-d'Hors. Son second mari Edmé Thierriat était déjà décédé. Après la capitulation de la ville de Québec, le 17 septembre 1759, la situation des Français est devenue difficile en Amérique. Perdant l’espoir de pouvoir s’établir au Canada, Jean Gaston Choupe a revendu le 4 avril 1760 la terre qu'il avait acquise un an plus tôt dans la seigneurie canadienne des Mille-Îles. Dans un ultime sursaut, il a ensuite participé le 28 avril 1760, comme sergent de la compagnie de fusiliers du capitaine Jacques Florian, dans le régiment de la Sarre, à la bataille de Sainte-Foy que les Français ont remportée sur les Anglais défendant Québec. Il a toutefois été blessé pendant le combat et les Français ont dû lever le siège de Québec le 16 mai suivant pour se replier sur Montréal. Cette ville ayant dû capituler à son tour le 8 septembre 1760, Jean Gaston Choupe a finalement été rapatrié au mois d’octobre en France, où il s’est fait soigner à l’hôpital de l’île de Porquerolles, à Hyères (Var). Un an plus tard, le 17 décembre 1761, il a été admis comme pensionnaire à l’hôtel royal des Invalides à Paris. Muni de sa pension d’invalidité, il est reparti vivre en sa ville natale d’Auxerre, dans l’Yonne, où le 8 avril 1766, en l’église Saint-Mamert, il a pris pour épouse Pierrette Madeleine Delaval, enceinte de sept mois, fille du défunt maître cordonnier Jean Delaval et de Marguerite Guyou. Le couple a donné vie à au moins deux enfants nés à Auxerre, à savoir : Pierre Jean Louis Choupe, qui est venu au monde le 6 juin 1766 et a été baptisé le même jour en l’église Saint-Mamert, puis Antoine Choupe, né le 25 juillet 1769 et porté sur les fonts baptismaux le lendemain en l’église auxerroise de Saint-Pierre-en-Vallée. On perd ensuite la trace des deux enfants et de leurs parents, qui ont fini par quitter la ville d’Auxerre.

 

CONDRAN Thomas : Né le 8 octobre 1730 à Voutenay-sur-Cure, où il a été baptisé le lendemain en l’église Saint-André, il était fils de l’huissier royal François Condran et d’Edmée Coppin, [4] mariés en la même église cinq ans plus tôt, le 16 janvier 1725. Ses parrain et marraine étaient le marchand Thomas Chapoutot et Edmée Minard, épouse de Jean Amyot. Son père, né le 29 mars 1694 à Vézelay et baptisé un jour plus tard en l’église Saint-Pierre de cette ville, est décédé le 12 mars 1748 en ladite paroisse de Voutenay-sur-Cure où il a été inhumé le lendemain. Le 21 mars 1750, à l’âge de dix-neuf ans, le jeune Thomas Condran s’est engagé comme soldat dans le régiment d’infanterie d’Artois, au sein de la compagnie du capitaine Sermiselle. Il y a reçu les surnoms militaires de Francœur ou bien Voutenay. Sa mère était encore en vie à l’époque. Née le 14 novembre 1698 à Voutenay-sur-Cure, où le lendemain elle a été baptisée en l’église Saint-André, elle a fini cependant par mourir le 18 février 1755, en ladite paroisse de Voutenay-sur-Cure où elle a été inhumée un jour après. Au même moment, Thomas Condran s’apprêtait à partir au Canada, comme simple soldat de la compagnie du capitaine François Philibert de Morot-Grésigny, originaire de l’Yonne lui aussi, ceci dans le second bataillon du régiment d’Artois. Sitôt arrivé en Amérique, il a été placé en garnison à la forteresse de Louisbourg, en Acadie, où le bataillon en question a été passé en revue le 29 juin 1755. Cette forteresse a été prise par les Anglais le 26 juillet 1758. Fait prisonnier, Thomas Condran a fait partie des soldats de Louisbourg qui, à peine libérés par les Britanniques, ont débarqué le 17 décembre 1758 au port de Calais. En 1759, il servait toujours dans la compagnie du capitaine François Philibert de Morot-Grésigny quand son régiment d’Artois a été passé en revue en France. Il a aussitôt été renvoyé au combat, au sein des piquets de soldats recrutés dans le régiment d’Artois qui ont participé à l’expédition militaire du corsaire François Thurot jusqu’en Irlande. Parti de Dunkerque le 15 octobre 1759 dans une flottille de cinq frégates, il a fait escale à Ostende, Gothembourg, Bergen, Vestmanna et sur l’île d’Islay avant d’aller attaquer, le 21 février 1760, le château de Carrickfergus près de Belfast. Ayant quitté les lieux le 26 février, il a été tué avec le corsaire François Thurot le 28 février 1760, au large de l’île de Man, au cours d’une bataille navale qui a opposé la flottille française à une flottille britannique.

 

CRÉDÉ Claude : Baptisé le 20 novembre 1721 en l’église de Saint-Julien-du-Sault, [5] dans l’Yonne, il était fils du vigneron et manouvrier Pierre Crédé et d’Anne Moreau, mariés en la même église dix-sept ans plus tôt, le 2 septembre 1704. Ses parrain et marraine étaient Claude Bourgoin et Gabrielle Gillet. Son père, qui avait été baptisé le 1er octobre 1680 à Saint-Julien-du-Sault, y est mort le 13 décembre 1746 et a été inhumé au même lieu le même jour. Sa mère, née vers 1680, est décédée et a été enterrée au même endroit le 8 février 1722. Claude Crédé était donc orphelin quand en 1756 il s’est engagé comme soldat dans le régiment d’infanterie de Berry, où il a été affecté à la compagnie du capitaine Humbert Cologne de Révigliasc de Veynes, né le 30 août 1730 à Veynes (Hautes-Alpes). Il y a reçu, en souvenir de son village natal, le surnom militaire de Saint-Julien. Envoyé peu après en renfort au Canada, avec les soldats des deuxième et troisième bataillons de son régiment, il a participé dès l’été 1757 à la guerre menée en Amérique du Nord contre les Anglais. Après la capitulation de Québec le 17 septembre 1759, il a fait partie de l’armée du général François Gaston de Lévis qui le 28 avril 1760, en trois heures de combat, a vaincu à la bataille de Sainte-Foy l’armée britannique du général écossais James Murray. Au cours du siège de Québec qui a suivi cette victoire française, Claude Crédé a été blessé à l’oreille gauche d’un coup de feu tiré par un soldat anglais qui défendait la ville. D’abord soigné à Montréal, jusqu’à la capitulation de cette ville le 8 septembre 1760, il a fini par être rapatrié en France au mois d’octobre suivant avec la plupart des hommes de son régiment. Ayant la vue trop faible pour continuer le service actif à l’armée, il a été admis le 18 juin 1761 à l’hôtel royal des Invalides à Paris. Il n’est jamais revenu vivre à Saint-Julien-du-Sault.

 

DAN Jean dit Louis : Né le 25 juin 1719 à Etaules, où il a été baptisé le lendemain en l’église Saint-Valentin sous le prénom de Jean, il était fils du vigneron Pierre Dan et de Françoise Carillon, mariés en la même église le 27 avril 1717. Ses parrain et marraine étaient Louis Dan, domicilié à Provency, et Jeanne Barbier. Son père était originaire de Provency. Sa mère, native d’Etaules, avait épousé en premières noces Pierre Morot, fils de Martin Morot et de Marie Dubois, le 16 janvier 1702 en la même église Saint-Valentin. Prénommé Jean à son baptême, le jeune fils de Pierre Dan et de Françoise Carillon a fini par adopter le prénom Louis de son parrain. C’est sous ce nouveau prénom que le 10 avril 1743, à l’âge de vingt-trois ans, il s’est engagé comme soldat dans le régiment d’infanterie de Guyenne, où on l’a aussitôt affecté à la compagnie du capitaine Nau. Il y a reçu le surnom militaire de Saint-Louis. Douze ans plus tard, en 1755, son régiment ayant été divisé en deux bataillons, le premier demeurant en métropole et le second étant envoyé en Amérique du Nord, le soldat Jean Louis Dan a participé sans encombres à la guerre qui opposait la France à la Grande-Bretagne sur le continent nord-américain, prenant part à la bataille du fort Carillon le 8 juillet 1758, à la défense de Québec en 1759 et à celle de Montréal en 1760. Rapatrié en France en octobre 1760, il a fini par être promu en 1761 au grade militaire de caporal, ceci dans la compagnie du capitaine Charles de Montanier au sein du régiment de Guyenne. Il est mort peu après en mer dans un naufrage.

 

DE DESPENCE Toussaint : Baptisé le 12 novembre 1714 à Ligny-le-Châtel, [6] il était fils de l’écuyer François de Despence, seigneur de La Loge, et de sa femme Reine Mathieu, unis le 14 septembre 1711 en l’église de Maligny et domiciliés depuis lors au manoir de Charot à Ligny-le-Châtel. Ses parrain et marraine étaient l’honorable homme Toussaint Leblanc et la demoiselle Marie Anne Servin, fille de maître Edmé Servin, bourgeois de Paris. Son père, né le 19 décembre 1687 à Ligny-le-Châtel et baptisé le 28 décembre suivant en l’église de cette même localité, est mort le 8 avril 1722 au même lieu où il a été enterré le lendemain. Sa mère, née et baptisée le 15 février 1684 en ladite paroisse de Ligny-le-Châtel, y est décédée le 9 avril 1726 et a été ensevelie au même endroit le lendemain. Par son père, Toussaint de Despence était issu en droite ligne d’un écuyer et archer de la garde écossaise du roi français Charles VII de Valois, nommé François d’Espence, fils d’un sujet écossais portant le nom de Stephen Spens et d’Anne de Marnoy, lequel archer avait épousé le 15 mai 1460, en France, une certaine Jeanne de Marreaulx. Les d’Espence français, issus des Spens écossais, ont ensuite ajouté à leur nom de famille une seconde particule « de » à la fin du XVIIe siècle. Toussaint de Despence était déjà orphelin de père et mère depuis longtemps lorsque le 24 janvier 1750, à l’âge de trente-cinq ans, il est entré comme simple soldat dans le régiment d'infanterie d'Artois, où aussitôt on l’a affecté à la compagnie du capitaine François Philibert de Morot-Grésigny, issu lui aussi d’une famille de l’Yonne. Deux ans plus tard, son régiment ayant été divisé en deux bataillons, le premier restant en France et le second étant envoyé se battre au Canada, le soldat Toussaint de Despence a été mis en garnison en la forteresse de Louisbourg, en Acadie, où juste après son arrivée le second bataillon du régiment d’Artois a été passé en revue, ceci le 29 juin 1755. Cette forteresse a été prise par les Anglais le 26 juillet 1758. Sans doute fait prisonnier à cette occasion, Toussaint de Despence a peut-être fait partie des soldats de Louisbourg qui, sitôt libérés par les Britanniques, ont débarqué le 17 décembre 1758 au port de Calais. En 1759, en tout cas, il est passé à la compagnie du capitaine Beauchamp, au sein du régiment d’Artois. Il a aussitôt été renvoyé au combat, au sein des piquets de soldats recrutés dans ce régiment qui ont participé à l’expédition militaire du corsaire François Thurot jusqu’en Irlande. Parti de Dunkerque le 15 octobre 1759 dans une flottille composée de cinq frégates, il a fait escale à Ostende, Gothembourg, Bergen, Vestmanna et à l’île d’Islay avant d’aller attaquer, le 21 février 1760, le château de Carrickfergus non loin de Belfast. Ayant quitté les lieux le 26 février, il a été fait prisonnier le 28 février 1760 au large de l’île de Man, à l’issue d’une bataille navale que la flottille française du corsaire François Thurot a perdue contre une flottille britannique. Emprisonné à Belfast, il a été relâché trois mois plus tard, débarquant au port breton de Morlaix le 20 mai 1760. Il n’est jamais revenu ensuite à Ligny-le-Châtel.

 

DE MOROT François Philibert : Né le 16 juillet 1728 en un lieu inconnu, [7] il était fils du chevalier François de Morot, seigneur de Grésigny à Beauvilliers et capitaine de grenadiers au régiment d'infanterie d'Artois, et de Marie Christine de Cromot, unis le 17 octobre 1727 en l’église de Saint-Léger-Vauban. Dès l’âge de quatre ans, il a été choisi pour représenter le chevalier Jacques de La Nantillière en tant que parrain de son frère puîné Jacques Marie de Morot, tenu le 1er décembre 1732 sur les fonts de baptême de l’église de Beauvilliers, annexe de l’église de Saint-Léger-Vauban. Trop jeune pour porter lui-même le nourrisson, il a été assisté en cela par un homme qui s’appelait Edmé Gauthier. Le 20 juillet 1735, à l’âge de sept ans, il a ensuite été le parrain de sa sœur puînée Marie Marguerite de Morot en la même église annexe de Beauvilliers, aidé cette fois-ci par Nicolas Oudaille, serviteur domestique au château de Grésigny. Il venait alors d’être reçu, avec le grade militaire de sous-lieutenant, au régiment d’infanterie d’Artois où son père servait déjà comme capitaine. Le 14 août 1736, en l’église paroissiale de Saint-Léger-Vauban, il a aussi été le parrain de son frère Jean Louis de Morot, puis, le 23 décembre 1738, en la même église, il a porté son autre frère Jacques de Morot sur les fonts baptismaux, ceci au nom du parrain en titre, à savoir son cousin Jacques de Cromot, seigneur de Vassy. Il était toujours sous-lieutenant à l’époque. Sa carrière militaire n’a commencé véritablement que le 15 septembre 1741. Ce jour-là, à l’âge de treize ans, François Philibert de Morot a reçu le grade de lieutenant en second au sein du régiment d’infanterie d’Artois. Dès le 14 novembre suivant, il a été promu au grade d’enseigne puis, le 2 mars 1742, à celui de lieutenant. Il a enfin été élevé au grade de capitaine le 27 septembre 1745, prenant ainsi la tête de sa propre compagnie qui a pris le nom de Grésigny. Dix ans plus tard, le capitaine François Philibert de Morot a été envoyé en Amérique du Nord avec les soldats de sa compagnie. Le régiment d’Artois où il servait ayant été divisé à cette occasion en deux bataillons, le premier restant en France et le second étant affecté à la défense du Canada, le jeune officier a été placé en garnison avec ses hommes en la forteresse de Louisbourg, en Acadie, où peu après son installation le second bataillon de son régiment a été passé en revue, le 29 juin 1755. Parmi tous les soldats qui servaient sous ses ordres, il y avait plusieurs habitants de l’Yonne, à savoir : Simon Baudin, Thomas Condran, Jean Husset, Philibert Pétillot et Laurent Royer, recrutés autour du château de Grésigny, et Melchior Duneau et Toussaint de Despence, enrôlés plus loin au nord. La forteresse de Louisbourg, défendue par les seconds bataillons des régiments d’infanterie d’Artois et de Bourgogne, mais aussi par le bataillon de Cambis, a été prise par les Anglais le 26 juillet 1758. Aussitôt fait prisonnier, le capitaine François Philibert de Morot a fait partie des hommes que les Britanniques ont finalement relâchés et qui ont débarqué le 17 décembre 1758 au port de Calais. En 1759, le régiment d’Artois a été passé en revue en France. Après cette inspection, le capitaine de la compagnie de Grésigny est reparti à la guerre, au sein des piquets de combattants recrutés dans son régiment qui ont suivi le corsaire François Thurot jusqu’en Irlande. Parti de Dunkerque le 15 octobre 1759, dans une flottille composée de cinq frégates, il a fait escale à Ostende, Gothembourg, Bergen, Vestmanna et sur l’île d’Islay avant d’aller attaquer, le 21 février 1760, le château de Carrickfergus près de Belfast. Ayant quitté les lieux le 26 février, il a fini par être fait prisonnier le 28 février 1760 au large de l’île de Man, à l’issue d’une bataille navale que le corsaire François Thurot a rapidement perdue contre une flottille britannique. Emprisonné à Belfast, il a été relâché trois mois plus tard, débarquant au port breton de Morlaix le 20 mai 1760. Dès son retour en France, il a reçu la croix de chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis. Il servait toujours comme capitaine quand le 16 décembre 1766, à l’âge de trente-huit ans, il s’est uni en l’église Saint-Philibert de Dijon avec Marie Bernarde Devoyo, fille des défunts Bernard Devoyo, avocat au parlement de Bourgogne, et de Jeanne Desbarres. [8] Un contrat de mariage avait été conclu la veille devant maître Molle, notaire à Dijon. Le capitaine François Philibert de Morot a fini par quitter l’armée trois ans plus tard, le 24 mars 1769. Retourné à la vie civile, avec les qualificatifs d’écuyer et de seigneur de Grésigny, il a eu au moins deux enfants de son épouse : Marie Pierrette Zacharie de Morot, née en mars 1772 en un lieu inconnu et morte le 8 octobre suivant à Quarré-les-Tombes, et François Louis de Morot, né le 4 juin 1774 au château de Grésigny, à Beauvilliers, et baptisé trois jours plus tard à l’église de Saint-Léger-Vauban. Le 27 février 1781, en l’église de Saint-Germain-des-Champs, il s’est fait représenter par Antoine Duché comme parrain de son neveu Marie François Philibert de Morot, fils de Jean Louis de Morot et d’Anne Suzanne Bizouard de Montille. Dix ans plus tard, le capitaine en retraite François Philibert de Morot est mort des suites d’une chute de cheval au château de Grésigny à Beauvilliers, ceci le 20 février 1791 à l’âge de soixante-deux ans. Il a été inhumé au cimetière de Beauvilliers par le curé de Saint-Léger-Vauban.

 

DE MOROT Jean Louis : Né le 13 août 1736 au château familial de Grésigny, en la commune actuelle de Beauvilliers, puis baptisé le lendemain en l’église paroissiale de Saint-Léger-Vauban, il était l’un des fils du chevalier François de Morot, seigneur de Grésigny et capitaine de grenadiers au régiment d'infanterie d'Artois, et de Marie Christine de Cromot, mariés le 17 octobre 1727 en l’église de Saint-Léger-Vauban. Ses parrain et marraine, recrutés au sein de sa propre fratrie, étaient son frère aîné François Philibert de Morot et sa sœur Pierrette de Morot. Son père, né au château de Grésigny le 2 septembre 1701 et baptisé le lendemain en l'église paroissiale de Saint-Léger-Vauban, est décédé en 1756 en la paroisse Saint-Eustache à Paris. Sa mère, native de la ville d'Avallon, était encore en vie en 1780. Le 19 février 1742, en ladite église de Saint-Léger-Vauban, le jeune Jean Louis de Morot a été parrain de son frère Lazare de Morot, puis, le 27 août 1744, en la même église paroissiale, il a été parrain de sa sœur Barbe Christine de Morot. Il n’avait que dix ans quand, le 4 décembre 1746, il a été reçu comme lieutenant au régiment d’infanterie d’Artois, où son père servait déjà depuis très longtemps comme capitaine d’une compagnie de grenadiers. Neuf ans plus tard, son régiment ayant été divisé en deux bataillons, le premier restant en France et le second étant envoyé au Canada, le lieutenant Jean Louis de Morot a été mis en garnison en la forteresse de Louisbourg, en Acadie, où le 29 juin 1755 le second bataillon du régiment d’Artois a été passé en revue. Cette forteresse française a été prise par les Anglais le 26 juillet 1758. Fait prisonnier ce jour-là, le jeune lieutenant Jean Louis de Morot a fait partie des officiers français de Louisbourg qui, sitôt libérés par les Britanniques, ont débarqué le 12 mars 1759 au port de Brest. Il n’a point tardé à retourner à la guerre, ceci au sein des piquets de combattants recrutés dans son régiment qui ont participé à l’expédition militaire du corsaire François Thurot jusqu’en Irlande. Ayant quitté Dunkerque dès le 15 octobre 1759, dans une flottille formée de cinq frégates, il a fait escale aux ports d’Ostende, Gothembourg, Bergen, Vestmanna et à l’île d’Islay, puis il a attaqué le château de Carrickfergus près de Belfast, le 21 février 1760. Reparti en mer le 26 février, il a fini par être fait prisonnier le 28 février 1760 au large de l’île de Man, ceci à la fin d’une bataille navale que le corsaire François Thurot a perdue face à une flottille anglaise. Emprisonné à Belfast, il a été libéré trois mois plus tard, débarquant au port breton de Morlaix le 20 mai 1760. De retour en France, il a poursuivi sa carrière militaire au régiment d’Artois où il a été promu au grade de capitaine, recevant en outre la croix de chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis. Il est devenu aussi seigneur de Lantillière et de Railly, ainsi que propriétaire du château de Lautreville situé en la paroisse de Saint-Germain-des-Champs. En 1769, il a épousé une femme nommée Anne Suzanne Bizouard de Montille, dont la mère s’appelait Marie Brunet. Le 7 juin 1774, en l'église de Saint-Léger-Vauban, il est devenu parrain de son jeune neveu François Louis de Morot, fils du seigneur de Grésigny François Philibert de Morot et de Marie Bernarde Devoyo. Il a eu quant à lui au moins deux enfants, à savoir Marie Christine Françoise de Morot, née audit château de Lautreville le 17 mars 1780 et baptisée le même jour en l’église de Saint-Germain-des-Champs, et Marie François Philibert de Morot, né au même château le 27 février 1781 et baptisé en la même église le jour même. On perd ensuite la trace de Jean Louis de Morot.

 

DE MOROT Jacques : [9] Né le 23 décembre 1738 au château familial de Grésigny, à Beauvilliers, et baptisé le même jour en l’église paroissiale de Saint-Léger-Vauban, dans le sud de l’Yonne, il était l’un des fils du chevalier François de Morot, seigneur de Grésigny et capitaine de grenadiers au régiment d’infanterie d’Artois, et de Marie Christine de Cromot, mariés le 17 octobre 1727 en l’église de Saint-Léger-Vauban. Son parrain était son cousin Jacques de Cromot, seigneur de Vassy, représenté par François Philibert de Morot, frère du nourrisson ; sa marraine était sa sœur Pierrette de Morot. Le 1er mai 1753, à l’âge de quatorze ans, le jeune Jacques de Morot s’est engagé comme volontaire au régiment d’infanterie d’Artois où servaient déjà depuis longtemps son père et deux de ses frères. Il y a été promu au grade d’enseigne le 7 septembre 1754. Quelques mois à peine plus tard, son régiment ayant été divisé en deux bataillons, le premier restant en France et le second étant envoyé au Canada, l’enseigne Jacques de Morot a été mis en garnison en la forteresse de Louisbourg, en Acadie, où peu après son arrivée le second bataillon du régiment d’Artois a été passé en revue, le 29 juin 1755. Le jeune enseigne y a été élevé au grade militaire de lieutenant le 11 septembre suivant. Trois ans plus tard, le 26 juillet 1758, l’armée britannique du général Jeffrey Amherst s’est emparée de la forteresse française de Louisbourg. Fait prisonnier à cette occasion, le lieutenant Jacques de Morot n’a pas tardé à être libéré par les vainqueurs, débarquant au port de Calais le 17 décembre 1758. Aussitôt promu au grade de capitaine, il a fini par être envoyé en garnison sur l'île de la Réunion, où il est décédé en 1761, célibataire.

 

DUNEAU Melchior : Né et baptisé le 13 avril 1731 à Noyers-sur-Serein, il était l’un des fils de maître Jean Balthazar Duneau, brigadier de la maréchaussée de Noyers, et de Barbe Disson, mariés sans doute dans la même paroisse avant l’ouverture, en 1723, du premier registre paroissial de cette localité. Ses parrain et marraine étaient maître Melchior Duneau, bourgeois et échevin de Noyers-sur-Serein, et Marie Anne Jodot. Ses parents étaient encore en vie quand le 25 mars 1753, à l’âge de vingt et un ans, il s’est engagé comme soldat dans le régiment d’infanterie d’Artois, où on l’a affecté à la compagnie du capitaine François Philibert de Morot-Grésigny, originaire de l’Yonne comme lui. Il y a reçu le surnom militaire de Noyers. Deux ans plus tard, son régiment ayant été divisé en deux bataillons, le premier restant en France et le second étant envoyé au Canada, le soldat Melchior Duneau a été placé en garnison en la forteresse de Louisbourg, en Acadie, où peu après son installation le second bataillon du régiment d’Artois a été passé en revue, le 29 juin 1755. Dès le 9 juillet suivant, dans des circonstances obscures, le jeune soldat natif de Noyers aurait été fait prisonnier par les Anglais. Ceux-ci auraient fini alors par le libérer puisque le 29 avril 1756 on le retrouve à Louisbourg, où il a été admis ce jour-là à l’hôpital militaire de sa garnison. On perd ensuite sa trace. Il n’est jamais revenu vivre, en tout cas, à Noyers-sur-Serein. Son père, né vers 1693, y est décédé le 20 septembre 1763 et a été enterré le même jour en la chapelle Saint-Nicolas située en l’église Notre-Dame de cette localité. Sa mère, née vers 1696, y est morte quant à elle le 3 octobre 1768 et a été inhumée le même jour en la même chapelle, auprès de son époux.

 

GAU DES VOVES François Philippe : Né le 15 octobre 1729 en un lieu qui reste inconnu, [10] il était issu de la famille Gau résidant à Villeneuve-sur-Yonne, dont l’une des branches avait acquis des biens fonciers à Epineau-les-Voves. On ne connaît point le nom de ses parents. Tout ce que l’on sait, c’est que le 5 septembre 1751, à l’âge de vingt et un ans, il est entré comme lieutenant au régiment d'infanterie de la Sarre. Cinq ans plus tard, il a été envoyé combattre les Anglais au Canada avec le second bataillon de son régiment, ceci au sein de la compagnie d’un capitaine sorti du rang, Jean-Baptiste Duprat, né le 2 mars 1718 à Roquefort (Landes). Ce second bataillon parti renforcer les troupes françaises déjà sur place a été passé en revue à Québec le 2 juin 1756, trois semaines après son arrivée. Aussitôt partagé en deux divisions, il est allé prendre garnison à Montréal. Le 25 juillet 1758, un jour avant la prise de Louisbourg par les Anglais, François Philippe Gau des Voves a été promu au grade de capitaine, prenant ainsi la tête de l’une des compagnies du régiment de la Sarre. Après la reddition de Québec, le 17 septembre 1759, il a fini par quitter le Canada le 26 novembre suivant pour rentrer en France. De retour en métropole, il n’est jamais revenu vivre dans la ville de ses ancêtres, à Villeneuve-sur-Yonne.

 

GODEFROY Etienne : Né le 25 décembre 1727 à Joigny, où il a été baptisé le jour même en l’église Saint-Thibault, il était fils du maître pâtissier Julien Godefroy et de sa femme Elisabeth Picquet, unis en la même église le 28 février 1724. Ses parrain et marraine étaient Etienne Foussé et sa tante maternelle Nicole Picquet. Son père, baptisé le 9 février 1701 en l'église Saint-Jean à Joigny, est mort et a été enterré en dehors de la ville en un lieu restant inconnu. Sa mère, née en dehors de Joigny, est décédée ailleurs elle aussi. Le 20 février 1749, à l’âge de vingt et un ans, il est entré comme simple soldat dans le régiment d’infanterie de Berry, où il a été affecté à la compagnie du capitaine Michel Marie Charles Avice de Mougon de Surimeau, né le 25 mars 1725 à Niort (Deux-Sèvres). En raison de son caractère jovial, il y a reçu de surnom militaire de Belhumeur. Huit ans plus tard, expédié en renfort en Amérique du Nord avec les soldats des deuxième et troisième bataillons de son régiment, il a participé dès l’été 1757 à la guerre qui était livrée sur place depuis deux ans contre les troupes du roi d’Angleterre. Après la reddition de Québec le 17 septembre 1759, il semble avoir fait partie de l’armée dirigée par le général François Gaston de Lévis qui, le 28 avril 1760, à la bataille de Sainte-Foy, a vaincu l’armée britannique dirigée par le général écossais James Murray. Il a été capturé par l’ennemi, en tout cas, à cette occasion ou à une autre, car il est mort le 19 mai 1760 à l’hôpital général de Québec, ville qui était alors occupée par les Anglais depuis déjà huit mois.

 

GUTTIN Etienne : Né le 13 décembre 1722 à Vézelay, où il a été baptisé en l’église Saint-Pierre le même jour, [11] il était le fils aîné du couvreur en tuiles Jean Guttin et de Claude Guillou, unis le 10 février 1722 en la même église. Ses parrain et marraine étaient son grand-père maternel Etienne Guillou et sa grand-mère paternelle Barbe Monot. Son père, né le 16 février 1697 à Vézelay et baptisé le même jour en l’église Saint-Pierre, est décédé le 14 mai 1742 en la même localité où il a été enseveli dès le lendemain. Sa mère, née en dehors de Vézelay, était encore en vie en 1765. Ses parents étaient donc toujours vivants quand le 5 juin 1741, à l’âge de dix-huit ans, le jeune Etienne Guttin est entré comme simple soldat dans le régiment d’infanterie de Bourgogne, où il a bientôt intégré la compagnie du capitaine François Garcin, né le 13 octobre 1713 en la ville de Marseille. Le 1er septembre 1751, il a prolongé de six ans son engagement dans la même compagnie. Quatre ans plus tard, son régiment ayant été divisé en deux bataillons, le premier restant en France et le second étant envoyé défendre le Canada, le soldat Etienne Guttin, qui servait désormais dans la compagnie du capitaine Genouillé, a été peut-être mis en garnison en la forteresse canadienne de Louisbourg, en Acadie, où le 29 juin 1755 son bataillon a été passé en revue après son arrivée. On ne trouve toutefois aucune mention de sa présence effective au Canada, car il ne figure pas au nombre des soldats français qui ont été capturés par les Anglais lors de la prise de Louisbourg le 26 juillet 1758. En 1762, il était toujours soldat au sein du régiment de Bourgogne, participant cette année-là à un contrôle des troupes effectué en France. Il n’est jamais revenu vivre à Vézelay.

 

GUYOT Pierre : Né et baptisé le 8 juillet 1732 à Asquins, dans le sud de l’Yonne, il était fils du marchand tanneur François Guyot et de Catherine Guénot, mariés le 7 janvier 1716 en l’église de Saint-Père-sous-Vézelay. Ses parrain et marraine étaient maître Pierre Tournecullier et la demoiselle Alphonsine Vézinier. Son père avait été baptisé le 8 mars 1693 à Diges, non loin d’Auxerre, et sa mère était née le 23 mars 1693 audit lieu de Saint-Père-sous-Vézelay. Tous deux étaient encore en vie quand le 25 janvier 1756, à l’âge de vingt-trois ans, le jeune Pierre Guyot, qui ne mesurait que cinq pieds et un pouce, est entré comme soldat dans le régiment d’infanterie de Royal-Roussillon, où il a aussitôt été affecté à la compagnie de fusiliers du capitaine Jean-Baptiste de Rouyn, né le 18 septembre 1730 à Saint-Maurice-sous-les-Côtes, en Lorraine. Il y a reçu les surnoms militaires de Latresse et Ladouceur. Envoyé en renfort au Canada pour défendre les terres françaises d’Amérique du Nord face aux Anglais, il a participé le 7 juin 1756 à la revue des troupes effectuée ce jour-là en la ville de Québec, ceci une semaine après l’arrivée sur place du second bataillon de son régiment. Scindé en deux divisions, ce second bataillon a quitté Québec les 11 et 12 juin suivants pour se rendre à Montréal. Après la capitulation de Québec le 17 septembre 1759, le soldat Pierre Guyot a participé le 28 avril 1760 à la bataille de Sainte-Foy, au cours de laquelle son capitaine a été grièvement blessé. Il a ensuite assisté à la reddition finale de Montréal, le 8 septembre suivant. Ayant décidé de ne pas rentrer en Europe en octobre 1760 avec les troupes françaises vaincues, il s’est marié le 21 janvier 1761 à Montréal, en l’église Notre-Dame, avec une Canadienne qui s’appelait Marie Anne Désilet dit Mousseau. Ses parents étaient encore en vie à l’époque. Le 15 septembre 1763, à Asquins, son père François Guyot lui a écrit une lettre que le destinataire a finalement déposée le 30 août 1764 en l’étude de maître André Souste, notaire à La Prairie sur l’île de Montréal. On perd ensuite la trace des deux parents de Pierre Guyot, qui ne sont morts ni à Saint-Père-sous-Vézelay ni à Asquins. Leur fils marié au Canada, devenu maître perruquier après avoir reçu son congé de l’armée en octobre 1760, vivait toujours à Montréal en 1773.

 

HUSSET Jean : Né le 4 février 1732 à Saint-Léger-Vauban, [12] où il a été tenu sur les fonts baptismaux le lendemain, il était fils d’un manouvrier nommé Claude Husset et de son épouse Jeanne Sureau, mariés avant 1728 en un lieu inconnu et domiciliés pendant au moins quatre ans au hameau de Trinquelin à Saint-Léger-Vauban. Ses parrain et marraine étaient Jean Rapigeon et Madeleine Château. Ses parents, nés en dehors de Saint-Léger-Vauban, sont décédés ailleurs, en un lieu indéterminé. Le 12 mars 1755, à l’âge de vingt-trois ans, il est entré comme soldat dans le régiment d’infanterie d’Artois, où on l’a affecté à la compagnie du capitaine François Philibert de Morot-Grésigny, originaire de l’Yonne comme lui. Etant plein d’entrain, il y a reçu le surnom militaire de Vadeboncœur. Peu après, son régiment ayant été divisé en deux bataillons, le premier restant en France et le second étant envoyé au Canada, le jeune soldat Jean Husset a été placé en garnison en la forteresse de Louisbourg, en Acadie, où le second bataillon du régiment d’Artois a été passé en revue dès le 29 juin 1755. Cette forteresse a été prise par les Britanniques le 26 juillet 1758. Fait prisonnier, Jean Husset a fait partie des soldats français de Louisbourg qui, bientôt relâchés par les Anglais, ont débarqué le 17 décembre 1758 au port de Calais. En 1759, il servait toujours dans la compagnie du capitaine icaunais François Philibert de Morot-Grésigny lorsque son régiment d’Artois, en France, a été passé en revue. Deux ans et demi plus tard, le 1er février 1762, il a été admis comme pensionnaire à l’hôtel royal des Invalides de Paris, ne revenant jamais dans son village natal.

 

LAMARRE Vincent : Baptisé le 22 janvier 1740 à Stigny près de Tonnerre, [13] il était fils du charpentier Philippe Lamarre et de sa femme Marie Anne Véluot, [14] mariés le 23 août 1734 en l’église de Pacy-sur-Armançon. Ses parrain et marraine étaient son cousin Simon Rattat et sa demi-sœur Anne Lamarre. Son père, baptisé en 1696 en ladite paroisse de Stigny, comme l’atteste une table des baptêmes renvoyant à des actes disparus de 1683 à 1699, s’était uni en premières noces à une certaine Marie Rattat, le 22 janvier 1720 en l’église de Stigny ; il est mort à Stigny le 19 juillet 1750. Sa mère, née vers 1707 à Pacy-sur-Armançon, où le plus ancien registre paroissial ne débute qu’en 1720, avait épousé en premières noces un certain Edmé Poisot, le 22 janvier 1725 en l’église de Pacy-sur-Armançon ; elle est morte après son second mari, à une date restant inconnue. En 1755, à l’âge de quinze ans, Vincent Lamarre s’est engagé comme soldat dans le régiment d’infanterie de Berry, où aussitôt on l’a affecté à la compagnie du capitaine Pierre Kermarec de Traurout, né le 4 mai 1729 en la ville portuaire de Saint-Brieuc, en Bretagne. Il y a reçu le surnom militaire de Saint-Vincent. Parti le 26 mai 1757 pour le Canada, avec les deuxième et troisième bataillons de son régiment, il a participé dès l’été suivant à la guerre de Sept ans menée en Amérique du Nord contre les Anglais. Un an plus tard, il a pris part à la défense du fort Carillon sous les ordres du marquis de Montcalm, lequel y a vaincu avec seulement 3500 hommes, le 8 juillet 1758, les 15.000 soldats britanniques et miliciens américains dirigés par le général James Abercrombie. Sans doute blessé lors de la confrontation, le soldat Vincent Lamarre y est mort deux mois et demi plus tard, le 21 septembre 1758, alors qu’il n’était âgé que de dix-huit ans.

 

LEGRAND Pierre Alexandre : Né le 2 octobre 1735 en la ville de Sens, où il a été baptisé le même jour en l’église Saint-Pierre-le-Rond, il était fils de Jean Alexandre Legrand, procureur au bailliage et siège présidial de Sens, et de son épouse Marie Barbe Gaillard, mariés vers 1730 en un lieu restant inconnu. Son parrain était Pierre Baudry, fils de l’honorable homme Agnan Baudry, ancien juge consul et marchand de Sens, et de Colombe Moron ; sa marraine était la demoiselle Louise Hardy, fille de maître Edmé Hardy, procureur aux sièges royaux de Sens, et de la défunte Anne Hollier. Son père, né vers 1706 en un lieu inconnu, est mort le 23 septembre 1752 à Sens et a été enseveli le même jour en ladite église Saint-Pierre-le-Rond. Sa mère, née vers 1712 en dehors de Sens, était toujours en vie en 1755. Cette année-là, à l’âge de dix-neuf ans, Pierre Alexandre Legrand s’est engagé comme soldat dans le régiment d’infanterie de Berry, où bientôt on l’a affecté à la compagnie du capitaine Jacques Louis de Lentivy de Pennelan, né le 9 avril 1731 à Pontivy (Morbihan). Dès le printemps de l’année 1757, il est parti en renfort au Canada avec les hommes des deuxième et troisième bataillons de son régiment, participant dès l’été suivant à la guerre menée en Amérique contre les Britanniques. Hospitalisé une première fois à l’hôtel-Dieu de Québec le 9 mai 1758, il est mort un an et demi plus tard à l’hôpital général de cette même ville, le 17 novembre 1759, alors que ladite ville de Québec était occupée depuis deux mois par les troupes anglaises victorieuses. Sa mère, qui était encore en vie à l’époque, lui a survécu de nombreuses années. Elle n’a rendu l’âme en effet que le 16 mars 1786, en la ville de Sens, ses obsèques étant officiées en l’église sénonaise de Saint-Pierre-le-Rond dès le lendemain.

 

LENOIR Edmé Roch : Né le 16 août 1730 à Compigny, où il a été baptisé le même jour sous le prénom unique de Roch, il était fils d’un laboureur nommé Léger Lenoir et de son épouse Marie Content, mariés avant 1727 en une localité inconnue. Ses parrain et marraine étaient Edmé Pelletier, dont il a fini par ajouter le prénom à son propre prénom, [15] et Marie Anne Moreau. Son père était peut-être né à Compigny, où on trouve d’autres membres de la famille Lenoir, mais sa mère était originaire d’une autre paroisse puisque dans les registres paroissiaux de Compigny ne figure aucun membre de la famille Content. Après sa naissance, on perd la trace de ses parents qui ont quitté Compigny pour aller vivre et mourir ailleurs. Au printemps de 1755, à l’âge de vingt-quatre ans, Edmé Roch Lenoir est entré comme simple soldat dans le régiment d’infanterie de Bourgogne, où il a été affecté à la compagnie du capitaine Beauhamel. Il y a reçu le surnom militaire de Brindamour. Peu après, son régiment ayant été divisé en deux bataillons, le premier restant en France et le second étant envoyé défendre le Canada, il a été placé en garnison en la forteresse canadienne de Louisbourg, en Acadie, où le second bataillon du régiment de Bourgogne a été passé en revue le 29 juin 1755. Edmé Roch Lenoir n’a pas eu le temps de participer pleinement à la guerre contre les Britanniques. Dès le 2 septembre 1755, en effet, il est décédé à l’hôpital militaire de Louisbourg, à l’âge de vingt-cinq ans.

 

PAGÉ Jean : [16] Né et baptisé le 3 octobre 1734 à Coulanges-sur-Yonne, il était fils de Jean Pagé, cabaretier et voiturier par eau, et d’Anne Adenin, unis vers 1723 en un lieu inconnu. De faible constitution à la naissance, il a aussitôt été ondoyé par la sage-femme qui l’a mis au monde, à savoir Charlotte Courtois. Il a toutefois survécu et le curé a pu procéder au baptême. Ses parrain et marraine étaient Jean Guimard et Edmée Guerreau. Son père, né et baptisé à Coulanges-sur-Yonne le 8 décembre 1699, est mort en dehors de cette localité avant l’an 1751. Sa mère, née et baptisée quant à elle le 28 juin 1703 à Coulanges-sur-Yonne, y est décédée le 31 août 1753 et y a été enterrée le lendemain, 1er septembre. Le jeune Jean Pagé était donc déjà orphelin de ses deux parents lorsqu’il s’est engagé comme soldat dans l’armée du marquis Louis Joseph de Montcalm, où il a pris le surnom militaire de Piedferme. Il a participé ainsi à la guerre opposant Français et Britanniques en Amérique du Nord. Après la capitulation de la ville de Montréal, le 8 septembre 1760, il a fait partie des soldats français démobilisés qui ont décidé de rester au Canada. Le 13 novembre 1763, en effet, il s’est uni en l’église de Saint-Philippe-de-la-Prairie avec une jeune Canadienne nommée Marie Madeleine Circé, née vers 1740, fille de François Circé et de la défunte Anne Babu. Il avait signé un contrat de mariage avec elle trois jours plus tôt, le 10 novembre, ceci devant maître Pierre Lalanne, notaire à Montréal. Les deux conjoints, qui ont eu sept enfants au Canada, étaient encore en vie en 1786.

 

PÉTILLOT Philibert : [17] Né le 15 novembre 1716 à Saint-Germain-des-Champs, où il a été baptisé le même jour, il était fils d’un manouvrier nommé Jean Pétillot et de sa première conjointe Denise Colas, mariés vers 1713 en un lieu encore inconnu, situé probablement dans la Nièvre. Ses parrain et marraine étaient Philibert Rousseau et Marie Madeleine Lenfant. Sa mère, née vers 1688, est morte le 21 octobre 1723 à Quarré-les-Tombes, où elle a été enterrée le 25 octobre suivant. Son père, né vers 1694, s’est remarié ensuite trois fois à Quarré-les-Tombes : le 18 janvier 1724 avec Brigitte Barbier, fille d’Emiland Barbier et Jeanne Collin, puis le 26 avril 1724 avec Marie Meunier, fille de Jean Meunier et Claudine Dizien, et enfin le 19 février 1732 avec Pierrette Mathieu, fille de Jean Mathieu et Jeanne Savery. Il a été inhumé le 7 novembre 1744 en ladite paroisse de Quarré-les-Tombes. Du vivant de son père, le jeune Philibert Pétillot a vécu en diverses localités : d’abord au hameau du Meix à Saint-Germain-des-Champs, puis aux trois hameaux de Charmolin, du Moulin-Colas et de Champlois à Quarré-les-Tombes. Le 28 avril 1751, âgé de trente-quatre ans, il s’est engagé comme soldat au sein du régiment d’infanterie d’Artois, où aussitôt il a rejoint la compagnie du capitaine François Philibert de Morot-Grésigny, originaire de l’Yonne lui aussi. Il y a pris, en souvenir de sa province natale, le surnom militaire de Bourguignon. Quatre ans plus tard, son régiment ayant été divisé en deux bataillons, le premier restant en France alors que le second était envoyé au Canada, le soldat Philibert Pétillot a été mis en garnison à la forteresse de Louisbourg, en Acadie, où peu après son arrivée le second bataillon du régiment d’Artois a été passé en revue le 29 juin 1755. Cette forteresse a été prise par les Britanniques le 26 juillet 1758. Fait prisonnier, Philibert Pétillot a fait partie des soldats français de Louisbourg qui, sitôt libérés par les Anglais, ont débarqué le 17 décembre 1758 à Calais. En 1759, reconnu bon pour le service lors d’une inspection générale du régiment d’Artois en France, il a participé à l’expédition militaire du corsaire François Thurot qui avait été chargé d’attaquer l’Irlande. Parti de Dunkerque le 15 octobre 1759, dans une flottille composée de cinq frégates, il a fait escale à Ostende puis dans le port suédois de Gothembourg. Il voyageait peut-être à bord de la frégate qui, lors d’une tempête, a sombré dans la mer du Nord entre le 14 et le 17 novembre 1759, entre les ports de Gothembourg et de Bergen. Il a été capturé en tout cas par les Anglais au cours de l’expédition, mourant peu après en Angleterre, ceci le 1er janvier 1760.

 

RIOTTE Joseph : Baptisé le 10 octobre 1734 en l’église de Joux-la-Ville, il serait né la veille en cette même localité si l’on en croit les registres militaires, plus tardifs, où son nom apparaît. Sa date de naissance, en tout cas, ne figure point dans son acte de baptême. Il était fils de Jean Riotte, vigneron et manouvrier, et de Marie Périgot, unis le 8 février 1723 en ladite église de Joux-la-Ville, ses parrain et marraine étant Joseph Martineau, fils d’un homme appelé lui aussi Joseph Martineau, et Françoise Berthier, fille de maître Christophe Berthier, recteur des écoles de Joux-la-ville. Son père, né vers 1697, a été inhumé à Joux-la-Ville le 21 avril 1762. Sa mère, baptisée le 19 octobre 1696 en l’église de Joux-la-Ville et décédée avant 1767, s’était mariée en premières noces le 4 juin 1720, en la même église paroissiale, avec un charron nommé Léonard Marceau, né vers 1699 à Essert, fils de Léonard Marceau et de sa femme Edmée Bourdillat. Le 29 mars 1753, à l’âge de dix-huit ans, le jeune Joseph Riotte s’est engagé comme soldat dans le régiment d’infanterie de la Sarre, où il a rejoint la compagnie de fusiliers du capitaine Luc Angélique de Remigny, né le 18 août 1716 à Nevers (Nièvre). À cause de sa pugnacité, la nouvelle recrue a reçu le surnom militaire de Sans-Quartier. Trois ans plus tard, son régiment ayant été divisé en deux bataillons, le premier restant en France alors que le second était envoyé au Canada, le soldat Joseph Riotte s’est rendu en Amérique du Nord pour renforcer les troupes françaises déjà sur place. Son bataillon a été passé en revue le 2 juin 1756 en la ville de Québec, trois semaines après y avoir débarqué, puis, partagé en deux divisions, il est allé prendre garnison à Montréal. On ne trouve toutefois pas de trace documentaire de la présence effective de Joseph Riotte au Canada, car cet homme ne figure point parmi les soldats français qui ont été blessés ou capturés sur place par les Anglais. Après la chute de Québec, le 17 septembre 1759, puis de Montréal un an plus tard, le 8 septembre 1760, Joseph Riotte a été rapatrié en France avec les troupes françaises vaincues en octobre 1760. En 1761, de retour en Europe, il était présent lors d’un contrôle des troupes. Il servait toujours comme soldat au sein du régiment d’infanterie de la Sarre, mais il avait rejoint la compagnie de fusiliers du capitaine Villar. Démobilisé le 7 septembre 1765, après douze ans de service dans les armées du roi, il a fini par retourner dans son village natal de Joux-la-Ville. Il y a épousé le 13 janvier 1767 Marie Anne Bertheau, née à Saint-Bris-le-Vineux en 1735 environ, domestique du bailli de Joux-la-Ville et fille du vigneron Charles Bertheau et de Marguerite Raveneau. À Joux-la-Ville, il a travaillé en 1767 comme tonnelier et « blatayer » (ou blatier), puis comme aubergiste de 1769 à 1773, comme marchand en 1774 et enfin comme simple manouvrier jusqu’à la fin de ses jours. Il est décédé le 15 novembre 1777 à Joux-la-Ville, âgé de quarante-trois ans, et y a été enterré le lendemain. Son épouse n’a rendu l’âme quant à elle que le 11 mai 1793, au même endroit. Elle avait environ cinquante-huit ans le jour de son trépas.

 

ROBINET François : Né le 3 octobre 1732 à Auxerre, où le même jour il a reçu le baptême en l’église Saint-Eusèbe, il était fils de Pierre Germain Robinet, marchand de bois pour la provision de Paris, et de sa seconde épouse Catherine Poursin, qui s’étaient unis le 29 mai 1725 en l’église de Seignelay, un jour après avoir passé un contrat de mariage devant maître Jacques Chardon le jeune, notaire à Auxerre. Les parrain et marraine du nouveau-né étaient maître François Potherat de Pressurot, lieutenant assesseur criminel en la paroisse auxerroise de Saint-Pierre-en-Vallée, et sa tante paternelle Agnès Robinet, conjointe de maître François Berruyer, conseiller du roi et notaire au Châtelet de Paris. Son père, baptisé en l’église Saint-Eusèbe à Auxerre le 23 octobre 1687, avait été marié en premières noces avec une certaine Agathe Elisabeth Evrat, fille de Claude Evrat et d’Agathe Elisabeth Petit, ceci le 29 janvier 1715 en l’église auxerroise de Saint-Pierre-en-Vallée. La mère de l’enfant, à savoir Catherine Poursin, née et baptisée le 8 novembre 1705 à Seignelay, a rendu l’âme le 5 mai 1741, à Auxerre, où elle a été ensevelie dès le lendemain en l’église Saint-Eusèbe. François Robinet n’avait que huit ans à l’époque. Il a donc été élevé surtout par son père, qui depuis 1737 était écuyer, conseiller et secrétaire du roi et trésorier payeur alternatif et mi-triennal des gages et augmentations des officiers de la chancellerie près le parlement de Rouen. Faisant désormais partie des grandes familles bourgeoises d’Auxerre, le jeune François Robinet a pris le nom patrimonial de Fontenette. [18] C’est sous ce dernier nom, en effet, qu’il est entré dans l’armée en 1754 comme simple volontaire, ceci au sein du régiment d’infanterie de Bourgogne où il a aussitôt été affecté à la compagnie de fusiliers du capitaine Pierre Joseph de Carbonneau, né le 2 août 1710 à Sauveterre-Saint-Denis (Lot-et-Garonne). Promu au grade d’enseigne le 9 avril 1755, alors que son régiment venait d’être partagé en deux divisions, le premier demeurant en France alors que le second était envoyé au Canada, il est arrivé le lendemain au port de Brest pour embarquer pour l’Amérique. Parti le 16 avril 1755 avec les vingt-deux vaisseaux de guerre du baron saxon Jean Armand de Dieskau, général en chef du corps expéditionnaire français chargé par le roi Louis XV de défendre la Nouvelle-France, le jeune enseigne François Robinet de Fontenette a été placé en garnison en la forteresse canadienne de Louisbourg, en Acadie, où la compagnie de grenadiers de son bataillon a débarqué le 19 juin 1755, suivie de six compagnies de fusiliers du même bataillon le 24 juin et des six autres compagnies de fusiliers le 26 juin. Le 29 juin 1755, il a participé sur place à la revue des effectifs du second bataillon du régiment de Bourgogne. Il a été élevé au grade militaire de lieutenant le 11 mars 1757, à l’âge de vingt-quatre ans. La place forte de Louisbourg a été prise par les Anglais un an plus tard, le 26 juillet 1758. Capturé ce jour-là par l’ennemi, le lieutenant François Robinet de Fontenette a été inscrit le 25 novembre 1758 sur la liste des officiers français servant dans le second bataillon du régiment de Bourgogne. Il a fini toutefois par être libéré par les Britanniques. Après avoir débarqué au port breton de Saint-Malo le 12 mars 1759, il a été démobilisé en 1761, retournant ainsi malgré lui à la vie civile. Il s’est alors uni en premières noces avec une certaine Françoise Lastit, qui lui a donné un fils prénommé Pierre, né le 6 mai 1762 à Auxerre et baptisé le même jour en l’église Saint-Eusèbe. Cet enfant est mort le 9 décembre suivant en ladite ville d’Auxerre, où il a été inhumé le lendemain en ladite église Saint-Eusèbe. La mère du jeune défunt est décédée peu après, ceci en un lieu qui reste indéterminé. Le 27 mai 1763, en l’église de Seignelay, François Robinet de Fontenette a assisté avec son frère puîné Germain Robinet de Grenon à l’inhumation de son oncle maternel Michel Jacques Poursin, avocat en parlement et bailli du marquisat et de la pairie de Seignelay. Son père est mort ensuite lui aussi, ceci le 3 novembre 1763 à Auxerre, les obsèques du vieil homme étant célébrées le surlendemain en l’église auxerroise de Saint-Eusèbe. Veuf et désormais orphelin de ses deux parents, le jeune officier en retraite du régiment d’infanterie de Bourgogne s’est ensuite uni en deuxièmes noces le 17 septembre 1764, en l’église auxerroise de Saint-Pierre-en-Château, avec une femme qui s’appelait Anne Babellot, née vers 1741 à Auxerre, fille de feu maître Claude Babellot, ancien avocat en parlement et bailli du Portail-Neuf de l’évêché d’Auxerre, et de Marie Elisabeth Chapotin, encore vivante à l’époque. Un contrat de mariage avait été signé le même jour chez maître Henri Duplessis, notaire à Auxerre. De cette deuxième union matrimoniale est issue une fille prénommée Marie Elisabeth, née le 13 mai 1768 à Auxerre et baptisée le même jour en l’église auxerroise de Saint-Mamert. La jeune mère de cette enfant a rendu l’âme trois semaines plus tard, le 5 juin 1768 à Auxerre, ses funérailles étant célébrées le lendemain en ladite église Saint-Mamert. La petite Marie Elisabeth est morte à son tour à Auxerre le 2 août 1769, âgée de quinze mois, et son corps a été enterré en l’église Saint-Mamert le jour suivant. Cette année-là, sur la rive droite de l’Yonne, le vieux comte Joseph de Sparre, maréchal de camp et ancien propriétaire du régiment d’infanterie de Royal-Suédois, s’est fait construire à Auxerre un petit hôtel particulier, dont les plans avaient été dessinés par l’architecte parisien André Philippe Dulin de La Ponneraye. C’est probablement à cette occasion que François Robinet de Fontenette a fait connaissance de l’architecte. L’ancien officier qui avait servi pendant trois ans au Canada était alors major de la compagnie des chevaliers de l’Arquebuse royale d’Auxerre, et le vieux comte Joseph de Sparre était chevalier d’honneur et inspecteur des troupes de cette même compagnie, ceci depuis le 10 avril 1768. Quoi qu’il en soit, à l’âge de trente-neuf ans, le major des arquebusiers d’Auxerre a obtenu du curé desservant l’église auxerroise de Saint-Mamert, le 28 octobre 1771, un congé lui permettant d’aller se marier en l’église Saint-Eustache, à Paris, avec Henriette Louise Dulin de La Ponneraye, fille dudit André Philippe Dulin de La Ponneraye, architecte et contrôleur de l’église parisienne de la Madeleine, et d’une femme nommée Angélique Contant d’Ivry. [19] François Robinet de Fontenette n’est jamais revenu vivre ensuite à Auxerre. Reprenant du service à l’armée, il a été promu au grade de capitaine en 1773, à Cayenne, puis il a été placé en garnison en 1774 sur l’île caraïbe de Saint-Domingue, où en 1775 il vivait au Cap-Français. Il a pris sa retraite le 1er février 1778, à l’âge de quarante-cinq ans. Admis à l’hôtel royal des Invalides en 1789, à Paris, il y est mort le 22 août 1796 à soixante-trois ans.

 

ROUBEAU Gabriel : Né vers 1726 à Fontenay-près-Vézelay, on ne trouve pas son acte de baptême dans les registres paroissiaux de cette localité, ceci à cause d’une lacune malencontreuse que l’on déplore dans ces livres de 1714 à 1740 inclus. Ses parents étaient Jean Roubeau et Jeanne Roubeau, selon les sources militaires. On ne rencontre pas ce couple, toutefois, dans les registres en question, bien que des membres de la famille Roubeau y apparaissent, dont un certain Jean Roubeau qui, fils du défunt vigneron Jean Roubeau et d’Edmée Michaut, s’est uni le 18 juin 1708 en l’église de Fontenay-près-Vézelay avec Jeanne Château, fille du défunt vigneron Lazare Château et de Charlotte Petit. Les mariés, qui pourraient être les parents de Gabriel Roubeau, [20] ont eu deux enfants avant la lacune débutant en 1714, à savoir Lazare Roubeau, né le 7 mai 1709, et Marie Madeleine Roubeau, née et baptisée quant à elle le 5 juin 1712. Quoi qu’il en soit, le 27 février 1752, Gabriel Roubeau a rejoint à l’âge d’environ vingt-six ans le régiment d’infanterie de Bourgogne, où il a bientôt été affecté comme simple soldat à la compagnie du capitaine Marc Prosper Girard de Gâtines de Charnassé, né le 12 octobre 1725 à Angers. Il a vite été connu sous le surnom militaire de Prêt-à-boire. Trois ans plus tard, son régiment ayant été divisé en deux bataillons, le premier restant en France et le second étant envoyé au Canada, il a été placé en garnison en la forteresse canadienne de Louisbourg, en Acadie, où peu après son arrivée le second bataillon du régiment de Bourgogne a été passé en revue, le 29 juin 1755. Cette forteresse a été conquise par les Anglais le 26 juillet 1758. Fait prisonnier, Gabriel Roubeau a fait partie des soldats français de Louisbourg qui, libérés par les Britanniques, ont débarqué le 18 décembre 1758 au port de Calais. De retour en France, il n’a pas tardé à quitter l’armée : en 1762, il n’a point participé en effet au contrôle des troupes de son régiment. Par la suite, on ne trouve aucune trace de lui en son village natal de Fontenay-près-Vézelay.

 

ROUSSEAU Godefroy : Né le 1er mai 1726 à Châtel-Censoir, où il a été baptisé le même jour, il était fils non pas de Pierre Rousseau et d’Anne Champion, comme on l’indique dans les sources militaires, mais du cordonnier Etienne Rousseau et d’une femme nommée Marie Champion, [21] mariés à Châtel-Censoir le 21 septembre 1716. Ses parrain et marraine étaient un certain Jacques Godefroy Gandouard et Jeanne Gandouard. Son père, né et baptisé le 10 août 1692 à Châtel-Censoir, a exercé non seulement le métier de cordonnier mais aussi ceux de compagnon de rivière et de vigneron. Sa mère, née vers 1693, est morte le 20 mars 1738 à Châtel-Censoir, où elle a été enterrée le jour suivant. Le jeune Godefroy Rousseau allait bientôt avoir douze ans au moment des obsèques. Un an plus tard, le 20 avril 1739, il a vu son père se remarier en l’église de Châtel-Censoir avec une certaine Anne Chapuis, qui était veuve d’un manouvrier nommé Edmé Bayout. Le jeune garçon fut ainsi placé, avec ses frères et sœurs, sous la coupe d’une marâtre qui n’a pas tardé à lui donner un demi-frère prénommé Charles. Le 7 novembre 1745, à l’âge de dix-neuf ans, il a été le parrain en ladite église de Châtel-Censoir de Marie Anne Rousseau, sa nièce à la mode de Bourgogne, fille de son cousin germain Jean-Baptiste Rousseau et de Marie Moreau. Son père est mort à Châtel-Censoir deux ans plus tard, le 24 août 1747, et il a été inhumé au même lieu le lendemain. Orphelin désormais de ses deux parents, le jeune Godefroy Rousseau s’est engagé peu après, dès le 4 avril 1748, comme soldat dans le régiment d’infanterie d’Artois, où aussitôt il a été affecté à la compagnie du capitaine Sermiselle. Il y a reçu les surnoms militaires de Lachapelle ou La Jeunesse. Sept ans après, son régiment ayant été scindé en deux bataillons, le premier restant en France et le second étant envoyé en Amérique, il a été mis en garnison en la forteresse de Louisbourg, en Acadie, où après son arrivée le second bataillon du régiment d’Artois a été passé en revue, le 29 juin 1755. Il servait alors à la compagnie de grenadiers du vieux capitaine Jean Hector d’Aniort de Bélesta, qui était né le 1er octobre 1691 à Bélesta (Pyrénées-Orientales). Capturé trois ans plus tard, pendant la prise de Louisbourg par les Anglais le 26 juillet 1758, il a fait partie des soldats français qui, libérés par les Britanniques, ont débarqué le 17 décembre 1758 au port de Calais. De retour en France, il a été recensé lors d’un contrôle des troupes en 1759. Il était toujours soldat dans le régiment d’infanterie d’Artois, mais avait été affecté à la compagnie du capitaine Beauchamp. Démobilisé peu après, il est retourné dans son village natal de Châtel-Censoir, où le 18 février 1760, en l’église Saint-Potentien, il a assisté au mariage en deuxièmes noces de son frère Charles Rousseau l’aîné avec Marie Dupuis, veuve de Jean-Baptiste Joux. Il s’est mis à travailler comme compagnon de rivière. Quatre ans après son retour à la vie civile, il s’est marié à son tour en l’église de Châtel-Censoir, le 17 janvier 1764, ceci avec une certaine Françoise Sellier, fille d’un défunt compagnon de rivière qui s’appelait Charles Sellier. Trois mois plus tard, le 29 avril 1764, il a été le parrain en la même église de son neveu Godefroy Rousseau, fils de Charles Rousseau l’aîné et de Marie Dupuis. Le 18 février 1765, toujours en la même église, il a ensuite assisté au mariage de son demi-frère Charles Rousseau le jeune avec Marie Tissier, fille du défunt compagnon de rivière Toussaint Tissier et de Madeleine Meunier. Il est mort huit mois plus tard, le 27 novembre 1765 à Châtel-Censoir, à l’âge de trente-neuf ans. Son corps a été inhumé le lendemain. Sa veuve, qui ne lui avait donné aucun enfant, s’est alors remariée le 4 février 1766 en l’église de Châtel-Censoir avec un autre compagnon de rivière, Jean Guérin, fils de feu Pierre Guérin.

 

ROYER Laurent : Né le 21 mars 1730 à Avallon, où il a été baptisé le même jour en l'église Saint-Pierre-et-Saint-Julien, il était fils du laboureur Laurent Royer et de Marie Perreau, qui s’étaient mariés en ladite église avallonnaise de Saint-Pierre-et-Saint-Julien le 3 février 1722. Ses parrain et marraine étaient Laurent Defert, laboureur au hameau de Champien à Avallon, et Jeanne Royer, fille majeure domiciliée elle aussi au hameau de Champien. Son père, baptisé le 24 mai 1698 à Pontaubert, a d’abord vécu avec son épouse au faubourg Saint-Martin, à Avallon, avant de s’établir avec elle audit hameau de Champien, situé en la paroisse de Saint-Pierre-et-Saint-Julien. Sa mère, native d’Annay-la-Côte, est décédée en un lieu inconnu et à une date qui reste indéterminée. Elle était sans doute déjà morte lorsque le 12 mars 1755, à l’âge de presque vingt-cinq ans, le jeune Laurent Royer s’est engagé comme soldat dans le régiment d’infanterie d’Artois, où il s’est vu affecté à la compagnie du capitaine François Philibert Morot de Grésigny. Il y a reçu le surnom militaire de Larose. Trois mois plus tard, son régiment ayant été divisé en deux bataillons, le premier restant en France et le second étant envoyé au Canada, il a été placé en garnison en la forteresse de Louisbourg, en Acadie, où quelques jours après son arrivée le second bataillon du régiment d’Artois a été passé en revue, le 29 juin 1755. Cette forteresse a été conquise par les Anglais le 26 juillet 1758. Fait prisonnier, Laurent Royer a fait partie des soldats de Louisbourg qui, sitôt libérés par les Britanniques, ont débarqué le 17 décembre 1758 au port de Calais. En 1759, il servait toujours comme soldat dans la compagnie du capitaine François Philibert de Morot-Grésigny lorsque son régiment, de retour en France, a été passé en revue. Il serait décédé en 1761, lors d’un congé militaire, mais il n’est point mort en sa ville natale d’Avallon. [22] Son père était toujours en vie à l’époque. Celui-ci a rendu l’âme peu après, le 22 novembre 1762 en ladite ville d’Avallon. Ses obsèques ont été célébrées le même jour, ceci en l’église avalonnaise de Saint-Pierre-et-Saint-Julien.

 

TARDY Nicolas : Né le 24 juin 1730 à Auxerre, où il a été baptisé le même jour en l’église Saint-Pèlerin, il était fils du menuisier auxerrois Jean-Baptiste Tardy et de Marie Chomonot l’aînée, mariés le 8 février 1723 en l’église Saint-Pierre-en-Vallée à Auxerre. Ses parrain et marraine étaient le maître taillandier Nicolas Souchet et sa tante maternelle Anne Chomonot, épouse du maître boucher Joseph Mutelé. Son père, dont on ne connaît pour le moment ni le lieu ni la date de naissance, avait été marié en premières noces, le 11 mai 1705 en l’église auxerroise de Notre-Dame-la-d’Hors, avec une certaine Jeanne Gallard, née vers 1662 et inhumée le 15 octobre 1722 à Auxerre, après des obsèques célébrées ce jour-là en l’église Saint-Pèlerin. La mère du nourrisson, née le 2 juin 1691 à Auxerre et baptisée le lendemain en l’église auxerroise de Saint-Pierre-en-Vallée, a perdu son mari avant 1752. Le jeune Nicolas Tardy, en effet, était déjà orphelin de son père lorsque le 26 février 1752, à l’âge de vingt et un ans, il s’est engagé comme simple soldat dans le régiment du Languedoc. Affecté à la compagnie du capitaine Salse, il y a reçu le surnom militaire de Bourguignon. Trois ans plus tard, son régiment d’infanterie ayant été scindé en deux bataillons, le premier restant en France et le second étant envoyé au Canada pour y renforcer les troupes coloniales, il a participé dès 1755 à la guerre opposant Français et Anglais en Amérique du Nord. Il servait sur place dans la compagnie du capitaine François Xavier Joachim de Matissart, né le 10 mai 1716 à Arras. À cause de son engagement contre les forces britanniques, il n’a pas pu assister au mariage de sa sœur Marie Jeanne Tardy, qui le 25 novembre 1755, en l’église auxerroise de Saint-Pèlerin, est devenue l’épouse du taillandier Pierre Ravin. Sa mère était encore en vie à l’époque. Deux ans plus tard, le 16 septembre 1757, le soldat Nicolas Tardy a été hospitalisé l’hôtel-Dieu de Montréal. On perd ensuite sa trace au Canada et en France. Il n’est jamais revenu, en tout cas, dans sa ville natale d’Auxerre.

 

THOMAS Edmé Augustin : [23] Né le 22 mars 1737 à Joigny, où le même jour il a été baptisé en l’église Saint-Thibault, il était fils de Jean Thomas, vigneron et charretier d’eau, qui figure sous le prénom de Claude dans l’acte de baptême du nouveau-né, et de Marie Michaut la jeune, mariés le 5 juin 1734 en ladite église Saint-Thibault. Ses parrain et marraine étaient Edmé Augustin Larcher, commis des trains, et une femme nommée Claude Bonin. Son père, né vers 1702 en un lieu inconnu, est mort le 19 avril 1738 à l’hôtel-Dieu de Joigny, ses obsèques étant célébrées le même jour en l’église Saint-Thibault. Sa mère, qui avait été baptisée en cette même église le 5 décembre 1713, s’est alors remariée le 10 janvier 1747, toujours en l’église Saint-Thibault, avec un jardinier nommé Charles Painlevé, né vers 1720 à Champlay. Elle est morte à Joigny quatre ans plus tard, le 5 avril 1751, ses funérailles ayant lieu le lendemain en ladite église Saint-Thibault. Orphelin de ses deux parents dès l’âge de quatorze ans, le jeune Edmé Augustin Thomas a fini par quitter son parâtre Charles Painlevé et la ville de Joigny. Engagé comme soldat dans le régiment d’infanterie de Guyenne, il est parti en 1755 au Canada avec le second bataillon de son régiment. Deux ans plus tard, le 1er juillet 1757, il est entré à l’hôpital général de Québec. Il y est décédé au bout de trois semaines, le 21 juillet 1757 à l’âge de vingt ans.

 

TRINQUET Nicolas : Né à Joux-la-Ville le 21 octobre 1728, la date de sa naissance ne figure plus dans son acte de baptême, en partie déchiré et figurant entre un acte du 21 octobre et un acte du 25 octobre. Les sources militaires permettent toutefois de savoir qu’il est bien né le 21 octobre 1728, son acte de baptême indiquant qu’il a été baptisé un jour après sa naissance. Le nouveau-né était fils du laboureur Denis Trinquet et de Marie Corneau, mariés à Joux-la-Ville le 20 février 1727. Ses parrain et marraine étaient Nicolas Mouchou, fils du procureur fiscal Lazare Mouchou, et Jeanne Garnier, fille de Jacques Garnier, bailli de Joux-la-Ville. Son père, né et reçu au baptême le 4 septembre 1700 à Joux-la-Ville, a été inhumé au même lieu dès le 26 mai 1731. Sa mère, née et baptisée à Joux-la-Ville le 8 mars 1698, soit deux ans avant son époux, ne s’est jamais remariée après la mort de celui-ci. Orphelin de son père dès l’âge de deux ans et demi, le jeune Nicolas Trinquet avait vingt-quatre ans quand il s’est engagé, le 27 mars 1753, comme soldat dans le régiment d’infanterie de la Sarre. Il y a été affecté à la compagnie de fusiliers du capitaine Luc Angélique de Remigny, où il a reçu le surnom militaire de Beauséjour. Trois ans plus tard, son régiment ayant été scindé en deux bataillons, le premier restant en France alors que le second était envoyé au Canada, il s’est rendu en bateau jusqu’à Québec où tous les hommes du second bataillon du régiment de la Sarre ont été passés en revue le 2 juin 1756, trois semaines après leur arrivée. Répartis ce jour-là en deux divisions, les soldats ainsi inspectés du second bataillon sont ensuite allés prendre garnison à Montréal. Quatre ans plus tard, le 8 septembre 1760, cette ville a dû finalement se soumettre aux Anglais, entraînant aussitôt la capitulation générale des Français. Le soldat Nicolas Trinquet, qui mesurait cinq pieds, deux pouces et six lignes, a décidé alors de rester au Canada malgré la défaite française. Le 5 décembre 1766, devant maître Antoine Foucher, notaire royal à Montréal, il a reçu en effet d’Elisabeth de Ramezay, dame de Terrebonne, des Plaines et de Lacorne, une petite concession de terre située au nord de la rivière Sainte-Marie, en la seigneurie de Terrebonne. Il est ainsi devenu laboureur. Dix mois plus tard, le 5 octobre 1767, il s’est uni par les liens du mariage en l’église de Terrebonne avec une jeune Canadienne nommée Marie Catherine Blondin dit Sureau, née vers 1746, fille des défunts Pierre Blondin dit Sureau et Marie Catherine Petitclerc. Il allait avoir trente-neuf ans. Sa mère était toujours en vie à l’époque. Elle n’est décédée que le 30 novembre 1779, à Joux-la-Ville. En 1784, le fils de la défunte demeurait encore au Canada.

 

VAUDOUX Pierre André : Né le 12 juillet 1719 à Sens, où il a été baptisé le même jour en l’église Saint-Pierre-le-Rond, il était fils de Jacques Vaudoux, maître boucher et charcutier, et de Marie Jeanne Bourgeois, mariés à Sens le 26 novembre 1705, ceci en l’église Saint-Pregts. Ses parrain et marraine étaient André Malherbe, archer de la maréchaussée de Sens, et Marie Cochois, épouse du marchand Edmé Laisné. Son père, né à Sens le 28 mars 1684 et baptisé le même jour en l’église sénonaise de Saint-Pierre-le-Rond, a fini par se remarier en secondes noces le 7 janvier 1755, en l’église sénonaise de Saint-Hilaire, avec une certaine Anne Maréchal, veuve du maître boulanger Jean Jossey et fille de Jean-Baptiste Maréchal. Sa mère, baptisée en l’église Saint-Pierre-le-Rond le 25 novembre 1682, est morte en effet à Sens le 4 avril 1754 et a été inhumée le lendemain, après des obsèques qui ont été célébrées en la même église. Pierre André Vaudoux n’a pas pu assister aux funérailles. Ayant quitté la France quelques années plus tôt, peut-être en 1745, il a rejoint en effet les troupes coloniales de la Marine stationnées au Canada, où il a servi comme soldat dans la compagnie franche du capitaine de Boucherville. Les compagnies franches de la Marine, en Amérique du Nord, étaient toutes composées de cinquante soldats français engagés pour six ans, logés chez l’habitant et dirigés par un capitaine qui était placé directement sous les ordres du gouverneur général du Canada. Au bout de leurs six années de service, les soldats pouvaient soit retourner en France, soit faire souche en Amérique du Nord. Pierre André Vaudoux, connu également sous le surnom militaire de Saint-André, a choisi de rester sur place. Le 13 décembre 1751, en effet, devant maître François Simonnet, notaire exerçant à Boucherville, il a été engagé comme valet et domestique par Joseph Guyon dit Desprez, négociant qui demeurait en la rue Capitale à Montréal. En 1755, la France étant entrée en guerre contre l’Angleterre, il a repris du service au sein de l’armée. Dès l’arrivée au Canada du second bataillon du régiment de Guyenne, il s’y est enrôlé comme simple soldat au sein de la compagnie du capitaine Pierre Joseph Pascal Vincent du Cheyron du Pavillon Saint-Vincent, né le 6 novembre 1725 à Clermont-de-Beauregard, dans le Périgord. [24] Il servait toujours dans cette compagnie quand le 17 novembre 1757, en l’étude de maître Jean Claude Panet, notaire exerçant à Québec, il a fait enregistrer une obligation constituée en sa faveur par Antoine Joannes, dit Sans-Chagrin, qui était caporal en la compagnie franche de la Marine dirigée par le capitaine canadien Charles François Xavier Tarieu de Lanaudière. Le 26 janvier 1758, en ladite ville de Québec, il a ensuite assisté au mariage de son ami Simon Joseph Lescaut, portant témoignage que celui-ci était bien libre de tout lien matrimonial. Trois mois après, le 17 avril 1758, il s’est uni à son tour en l’église Notre-Dame de Québec à une femme qui s’appelait Marie Anne Gagné, fille de Jacques Gagné et d’Hélène Perron. Il avait signé deux contrats de mariage avec son épouse : le premier le 13 décembre 1757 devant maître Simonnet, et le second le 14 avril 1758 devant maître Panet, notaire à Québec. Il a peut-être participé avec sa compagnie à la bataille du fort Carillon, le 8 juillet 1758, au cours de laquelle son capitaine a été tué. C’est sans doute après ce décès au combat que Pierre André Vaudoux a été transféré au régiment d’infanterie de Berry. Accusé d’avoir menti à plusieurs reprises, ceci dans des circonstances qui restent inconnues, il a fini par être chassé du Canada avec son épouse au mois de septembre 1760. On ne trouve aucune trace de lui à Sens après cette date. Il n’est pas revenu voir son père, semble-t-il, qui est mort à Sens le 27 mai 1767 et dont les obsèques ont été célébrées le surlendemain en l’église Saint-Pierre-le-Rond.

 

LES SOLDATS NON RETROUVÉS

 

       Les trente-cinq soldats qui ont été passés en revue ci-avant étaient tous natifs ou originaires de l’Yonne. On m’avait confié toutefois la tâche de retrouver les actes de baptême de vingt autres soldats, présentés comme étant icaunais. Voici donc le fruit de mes recherches généalogiques, restées malheureusement stériles.

 

ADENIN François : Né vers l’an 1735, fils de Pierre Adenin et de son épouse Anne Bougost, il serait natif de Fontenay-près-Vézelay. On déplore toutefois une lacune malencontreuse dans les registres paroissiaux de cette localité de 1714 à 1740. Par ailleurs, dans les tables de mariages des paroisses de Fontenay-près-Vézelay et de Fontenay-sous-Fouronnes, on ne trouve aucun Adenin et un seul Bougault dans la première localité, originaire de Teigny dans la Nièvre. Il semblerait en fait que le lieu de baptême recherché pourrait être Pouilly-sur-Loire, hors de l’Yonne. Quoi qu’il en soit, François Adenin est arrivé au Canada en 1756 comme soldat de la compagnie de grenadiers du capitaine Palmarolles, ceci dans le second bataillon du régiment d'infanterie de la Sarre et sous le surnom militaire de Lajoie. Le 29 septembre 1760, en l’église de l’Assomption au Canada, il s’est marié avec Marie Josephte Roy, née vers 1741, fille d’Antoine Roy et de Marie Josephte Renaud dit Blanchard, qui lui a donné cinq enfants. Devenu négociant, il est décédé au Canada avant 1782.

 

BLONDIN François : Né vers 1730, fils de Pierre Blondin et de Françoise Mare, il serait natif de Châtel-Censoir. On ne trouve cependant aucune personne nommée Mare ou Blondin dans les registres paroissiaux de cette localité de 1725 à 1735, ou dans les tables des mariages de Châtel-Censoir et du canton de Vézelay célébrés avant 1792. Enrôlé le 27 avril 1752 dans le régiment d’infanterie d’Artois, où il a reçu le surnom militaire de Saint-François, il est parti au Canada en 1755 comme simple soldat de la compagnie du capitaine Lamarre, ceci dans le second bataillon de son régiment. En 1759, de retour en France après la prise de la forteresse française de Louisbourg par les Anglais, il a été recensé lors d'un contrôle des troupes.

 

BONNEFOND Jean : [25] Né vers l’an 1738, fils de Claude Bonnefond et sa femme Thérèse Lacrotté, il serait natif de Branches. On ne trouve toutefois aucun baptême d’un enfant nommé Bonnefond dans cette localité de 1734 à 1745, et aucune union matrimoniale avec des membres des familles Bonnefond et Lacrotté dans les tables des mariages de Branches et des cantons d’Auxerre et d’Aillant-sur-Tholon. S’étant engagé le 4 septembre 1756 dans le régiment d'infanterie de Bourgogne, à l’âge de dix-huit ans, le jeune Jean Bonnefond est sans doute parti rejoindre au Canada le second bataillon de son régiment. En 1762, de retour en France, il servait toujours dans ce même régiment, comme soldat de la compagnie du capitaine de Courbe.

 

BOUCHER Jean-Baptiste : Né vers 1733, fils de Jean-Baptiste Boucher et d’Anne Blanchon, il serait natif du hameau du Franc-Bouret à Etivey. On ne trouve toutefois aucun baptême d’un enfant nommé Boucher dans cette localité de 1729 à 1737, et aucune personne portant le nom de Blanchon. Pourtant il existe bien un hameau, à Etivey, qui s’appelle « Le Franc-Bouret ». Il semble par conséquent que les parents de Jean-Baptiste Boucher seraient venus s’établir audit hameau après s’être mariés et avoir eu des enfants en un autre endroit. Quoi qu’il en soit, leur fils Jean-Baptiste Boucher s’est engagé le 29 mars 1756 au régiment d’infanterie de Bourgogne, ceci sous le surnom militaire de Fleur-d’Epine. Il avait les yeux gris, les cheveux châtains foncés, un petit nez, une petite bouche et une grosse lèvre inférieure, et son visage était ovale avec des marques de petite vérole. Il a aussitôt rejoint le second bataillon de son régiment au Canada, où il a participé le 30 juin 1756 à une revue militaire en la forteresse de Louisbourg, comme soldat de la compagnie du capitaine Garcin. En 1762, il était absent lors d’une autre inspection de son régiment, en France.

 

BOUILLON Michel : Fils de Pierre Bouillon et d’une femme portant le patronyme de Benoist, il serait né soit à Auxerre vers 1729, soit à Saint-Bris-le-Vineux le 11 août 1733. On ne trouve cependant aucune trace, ni dans la première localité ni dans la seconde, de son acte de baptême ou d’une personne qui s’appellerait Bouillon aux périodes considérées. Le 15 mai 1757, en tout cas, il a quitté le port de Rochefort et s’est rendu en bateau au Canada, arrivant le 26 juillet suivant au port de Québec. Il s’est alors enrôlé dès le lendemain dans le second bataillon du régiment d’infanterie de Royal-Roussillon, où on l’a aussitôt affecté comme simple soldat à la compagnie du capitaine Serviès. Il y a reçu le surnom militaire de Saint-Michel. Âgé de dix-huit ans à l’époque, il a été hospitalisé à l’hôtel-Dieu de Québec le 1er octobre 1757. En 1761, de retour en France, il a été déclaré présent lors d’une revue des troupes.

 

DE MONCORBON Louis Etienne : Né vers l’an 1731, fils de parents non désignés, il serait natif du château des Pelletiers à Soucy. On ne trouve cependant personne appartenant à la famille de Moncorbon dans les registres paroissiaux de Soucy de 1720 à 1740. En 1755, devenu officier dans la compagnie du capitaine Assézat, au sein du régiment d’infanterie de la Reine, le jeune Louis Etienne de Moncorbon est arrivé au Canada avec le second bataillon de son régiment. Il est mort trois ans plus tard, le 21 février 1758, à l’hôpital général de Québec.

 

DROUËN Germain : Né à une date indéterminée et fils de parents non indiqués, il serait natif d’Auxerre. On ne trouve cependant aucun acte de baptême d’un enfant nommé Germain Drouën, Drouin, Droin, Drouhin ou Derouin dans les registres des douze anciennes paroisses d’Auxerre de 1720 à 1740. S’étant enrôlé en 1757 dans le régiment d’infanterie de Bourgogne, sous le surnom militaire de Saint-Germain, le jeune Germain Drouën a rejoint au Canada le second bataillon de son régiment, où on l’a affecté comme simple soldat à la compagnie du capitaine Girard. Il est mort à l’hôpital militaire de Louisbourg le 20 décembre 1757, peu après son arrivée.

 

FERLET Edmé : Né vers 1731, fils de parents non désignés, il serait natif de Sens. On ne trouve cependant personne portant le nom de Ferlet dans aucune des tables de baptêmes, de mariages et d’inhumations de la ville. S’étant enrôlé en 1757 dans le régiment d’infanterie du Languedoc, sous le surnom militaire de Jolicœur, Edmé Ferlet a rejoint au Canada le second bataillon de son régiment, où on l’a affecté à la compagnie du capitaine Parfourru. Il est mort à l’hôpital général de Québec dès le 7 novembre 1757, peu après son arrivée en Amérique du Nord.

 

FOURNIER Jean : Né vers 1728, fils de François Fournier et de Claudine Couvreur, il serait natif de Pontaubert. On ne trouve cependant personne portant les noms de Fournier ou de Couvreur dans les registres paroissiaux de cette localité de 1720 à 1739, et aucune trace du mariage des parents de Jean Fournier dans les tables de mariages de Pontaubert et du canton d’Avallon. S’étant enrôlé le 25 mars 1744, dès l’âge de seize ans, dans le régiment d’infanterie du colonel Jacques David, marquis de Cambis, le jeune Jean Fournier a aussitôt été affecté comme simple soldat à la compagnie du capitaine Villepreaux, ceci sous le surnom militaire de Pontaubert. En 1758, alors qu’il était passé à la compagnie du capitaine Marigny, il a été envoyé en renfort en Acadie avec le second bataillon de son régiment. Fait prisonnier par les Anglais lors de la chute de Louisbourg, le 26 juillet 1758, il n’a pas tardé à être remis en liberté par les Britanniques, débarquant au port de Cherbourg le 24 décembre de la même année. De retour en France, il a été recensé en 1760 lors d’une revue des troupes. Envoyé en garnison à la Guadeloupe, il a fini par y trouver la mort. [26]

 

GARNIER Jean : Né vers l’an 1730, fils de Jean Garnier et de sa conjointe Simone Mata, il serait natif de Saint-Agnan dans le nord de l’Yonne. On déplore cependant une lacune malencontreuse de 1721 à 1736 dans les registres paroissiaux de cette localité, et on ne trouve personne portant les noms de Garnier ou de Mata dans ces mêmes registres de 1718 à 1720, puis de 1737 à 1765. S’étant engagé le 25 février 1752 dans le régiment d’infanterie d’Artois, il a aussitôt été affecté à la compagnie d’un capitaine icaunais, François Philibert de Morot-Grésigny, ceci sous le surnom militaire de La Jeunesse. En 1755, avec sa compagnie, il a été envoyé au Canada au sein du second bataillon de son régiment. Sans doute blessé trois ans plus tard lors du siège de Louisbourg par les Anglais, il a rendu l’âme le 11 septembre 1758 à l’hôpital militaire de cette forteresse, prise par l’ennemi le 26 juillet précédent.

 

GAULTIER Claude : Né à une date indéterminée, fils de François Gaultier et de sa conjointe Marthe Guat, il serait natif d’Auxerre. On ne trouve toutefois aucune trace du mariage de ses parents dans les registres des douze anciennes paroisses de la ville, et aucun baptême à Auxerre d’enfants de ce couple de 1720 à 1740. Il faudrait peut-être chercher à Auxonne, en Côte-d’Or, que l’on confond souvent avec la ville d’Auxerre. Quoi qu’il en soit, engagé le 18 février 1757 dans le régiment du colonel Jacques David, marquis de Cambis, le jeune Claude Gaultier a aussitôt été affecté à la compagnie du capitaine Beauregard sous le surnom militaire de Bellegarde. Il a été envoyé au Canada en 1758, avec le second bataillon de son régiment, ceci pour y renforcer la garnison de la forteresse française de Louisbourg, en Acadie. Rapatrié en France après la chute de ce bastion le 26 juillet 1758, il a été recensé sur le sol métropolitain lors d’une revue des troupes en 1760. Un an plus tard, le 21 décembre 1761, il a été porté déserteur.

 

JACQUIÈRE Antoine : Né vers l’an 1739, fils de Claude Jacquière et de Thomasse Violeau, il serait natif de la ville de Sens. On ne trouve cependant aucune trace du mariage de ses parents dans tous les anciens registres paroissiaux de cette ville, et aucun baptême d’enfant portant le nom de Jacquière. Enrôlé le 1er juillet 1757 dans le régiment d’infanterie de Royal-Roussillon, où il a reçu le surnom militaire de Dijon, Antoine Jacquière a été affecté à la compagnie de fusiliers du capitaine Valette. Il a ensuite rejoint au Canada le second bataillon de son régiment. Rapatrié en France après la reddition de Montréal, le 8 septembre 1760, il a été recensé en 1761 parmi les soldats de son régiment au cours d’une revue des troupes. Il est mort un an plus tard à l’hôpital militaire de Toulon, ceci le 31 mars 1762.

 

LEBIDER Jean : Né vers 1728, fils d’Henri Lebider et de Catherine Hervet, il serait natif de Bagneaux. On ne trouve toutefois personne portant les noms de Lebider ou Hervet dans les registres paroissiaux de cette localité de l’Yonne. En fait, puisque le patronyme Lebider semble être d’origine bretonne, c’est en Bretagne qu’il convient de chercher le lieu de naissance de Jean Lebider, alias Bedain. En consultant le site électronique de Généarmor, j’ai pu découvrir en effet que Jean Le Bider, fils d’Henri Le Bider et de son épouse Catherine Hervé, est né le 21 septembre 1721 à Lannion dans les Côtes-d’Armor, et que ses deux parrain et marraine étaient Jean Hervé et Catherine Le Bider. Son père, né à Lannion le 19 juin 1690 sous les deux prénoms d’Henri Jean, est mort au même lieu le 14 mai 1746. Sa mère, née vers 1690 en un lieu inconnu, est décédée audit Lannion le 5 août 1732. Le jeune Jean Le Bider était donc orphelin de ses deux parents quand le 29 août 1749, alors qu’il avait presque vingt-huit ans, il s’est enrôlé dans le régiment d’infanterie d’Artois. Il y a été affecté à la compagnie du capitaine Jarry, ceci sous le surnom militaire de Belair. Envoyé au Canada en 1755, au sein du second bataillon de son régiment, il a été capturé par les Anglais lors de la chute de Louisbourg, le 26 juillet 1758, puis il a été emmené prisonnier en Angleterre. Il y est décédé deux mois plus tard, le 21 septembre 1758, dans les geôles anglaises aménagées au port de Plymouth.

 

LECREUX Gilbert : Né à une date indéterminée, fils de Jean Lecreux et de Marie Girard, il serait natif d’Egleny. On ne trouve cependant personne portant le nom de Lecreux dans les registres paroissiaux de cette localité. Enrôlé le 14 mai 1756 dans le régiment d’infanterie de Bourgogne, sous le surnom militaire de Larose, le jeune Gilbert Lecreux a été affecté ce jour-là comme soldat surnuméraire à la compagnie du capitaine Charenton. Dès le 30 mai 1756, ayant rejoint le second bataillon dudit régiment au Canada, il a été recensé lors d’une revue des troupes à la forteresse de Louisbourg, en Acadie. Il a fini toutefois par déserter, mais, à la suite d’une amnistie, il a été réintégré dans son bataillon par un décret du 14 juillet 1758. Capturé par les Anglais lors de la prise de Louisbourg, le 26 juillet 1758, il n’a pas tardé à être libéré par les vainqueurs, débarquant au port français de Saint-Malo le 29 mars 1759. Le 23 décembre 1760, il a de nouveau été porté déserteur.

 

MULTON Barthélemy : Né vers 1723, fils de Jean Multon et de sa femme Ganniel Méry, il serait natif de La Gresle près de Villefranche-Saint-Phal. Il n’existe toutefois aucune localité appelée La Gresle dans l’Yonne, et on ne trouve personne dans les registres paroissiaux de Villefranche-Saint-Phal qui porte le nom de Multon. En fait, tout porte à croire que Barthélemy Multon, connu aussi sous le surnom militaire de Beaujolais, était plutôt originaire de la paroisse de La Gresle, dans la Loire, non loin de Villefranche-sur-Saône dans le Rhône. [27] S’étant enrôlé le 8 novembre 1756 dans le régiment d’infanterie du colonel Jacques David, marquis de Cambis, il a aussitôt été affecté comme simple soldat à la compagnie du capitaine Narcé. Il a fini par être envoyé au Canada en 1758 avec le second bataillon de son régiment. On ne sait s’il a été fait prisonnier par les Anglais lors de la chute de Louisbourg, en Acadie, le 26 juillet 1758. De retour en France, il a été recensé en tout cas en 1760, lors d’une revue des troupes effectuée cette année-là sur le sol français.

 

POTERIOT Georges Thomas : Né vers 1706, fils de Jean Poteriot et de sa femme Pierrette Couvert, il serait natif de Vassy. On ne trouve cependant aucune personne s’appelant Poteriot ou Couvert dans les registres paroissiaux de cette localité, et les tables de mariages de l’Yonne ne comportent pas l’union matrimoniale des parents de Georges Thomas Poteriot. Ce dernier, engagé le 21 avril 1750 dans le régiment d’infanterie d’Artois, sous le surnom militaire de Vassy, a d’abord été affecté comme soldat à la compagnie du capitaine Sermiselle. En 1755, passé à la compagnie d’un capitaine icaunais, François Philibert de Morot-Grésigny, il a été envoyé au Canada avec le second bataillon de son régiment. Trois ans plus tard, il a probablement fait partie des soldats qui le 26 juillet 1758, lors de la prise de la forteresse française de Louisbourg par les Anglais, ont été capturés par l’ennemi puis libérés, débarquant le 17 décembre 1758 à Calais. En 1759, de retour en France, il a participé à une revue des troupes. Promu au grade militaire d’anspessade, il a vite été renvoyé au combat dans la flottille du corsaire François Thurot. Il a été fait prisonnier par les Anglais le 28 février 1760, à l’issue d’une bataille navale livrée au large de l’île de Man, mais a fini par être relâché trois mois plus tard, débarquant au port breton de Morlaix le 20 mai 1760. Son destin ultérieur reste inconnu.

 

POUGET Etienne : Né à une date indéterminée, fils de parents non indiqués, il ne semble point être natif de l’Yonne, étant originaire d’une paroisse désignée sous le nom de « Saint-Pierre de Morinville ». Cette localité semblerait correspondre en fait soit à Morainville-Jouveaux dans l’Eure soit à Morainville en Eure-et-Loire. [28] Devenu soldat dans le régiment d’infanterie de Berry, il a été envoyé en 1757 au Canada au sein des deuxième et troisième bataillons de ce régiment. Un an plus tard, ceci le 25 juillet 1758, il est décédé à l’hôpital général de Québec, un jour seulement avant la prise de la forteresse française de Louisbourg par les troupes britanniques.

 

SAULIER Pierre : Né vers l’an 1734, fils de Claude Saulier et de sa femme Jeanne Noudat, il serait natif de Lavau dans l’Yonne. On ne trouve cependant personne qui porte les noms de Saulier ou Noudat dans les registres paroissiaux de cette localité. Sans doute faudrait-il chercher à Lavau, dans l’Aube, [29] à Lavault-Sainte-Anne, dans l’Allier, à Lavault-de-Frétoy, dans la Nièvre, à Lavoux, dans la Vienne, ou encore à Lavau-sur-Loire, dans la Loire-Atlantique. Enrôlé le 10 février 1755 dans le régiment d’infanterie de Bourgogne, ceci sous le surnom militaire de Laviolette, Pierre Saulier a été affecté comme simple soldat à la compagnie du capitaine Girard. Il a aussitôt été envoyé défendre le Canada avec le second bataillon de son régiment. Ayant fini par déserter, il a toutefois été amnistié et réintégré dans l’armée par un décret du 14 juillet 1758. Après la prise de Louisbourg par les Anglais, le 26 juillet suivant, il a été rapatrié en Europe par les vainqueurs mais il est mort en mer sur le navire Britannia avant d’arriver au port français de Brest. En 1762, il a été déclaré absent lors d’une revue des troupes effectuée en France.

 

SONDET Edmé : [30] Né vers 1728, fils de Claude Sondet et d’Anne Vergnier, il serait natif de Mailly-la-Ville ou de Mailly-le-Château. On ne trouve cependant personne, dans les registres paroissiaux de ces deux localités, qui porte les noms de Vergnier ou Sondet de 1720 à 1740. Enrôlé le 29 mars 1750 dans le régiment d’infanterie du colonel Jacques David, marquis de Cambis, Edmé Sondet a d’abord été affecté à la compagnie du capitaine de La Tournelle, où il a aussitôt reçu le surnom militaire de Tranchemontagne. En 1758, transféré à la compagnie du capitaine Saulvebœuf, il a été envoyé en renfort au Canada avec le second bataillon de son régiment. Il a fini toutefois par être capturé le 26 juillet 1758, lors de la prise de la forteresse française de Louisbourg par les Anglais, et a été emmené prisonnier en Grande-Bretagne. Il y est mort deux mois plus tard, le 28 septembre 1758 dans les geôles de Plymouth.

 

TUDY Etienne : Né le 4 mars 1730, fils de Pierre Tudy et de sa femme Marie Roux, il n’était pas icaunais puisqu’il était natif de Montereau, en Seine-et-Marne. Il a été ajouté par erreur, en effet, dans la liste des soldats originaires de l’Yonne. Enrôlé le jour de son anniversaire, le 4 mars 1753, dans le régiment d’infanterie de la Sarre, il a été affecté comme soldat à la compagnie de fusiliers du capitaine La Ferté, où il a reçu le surnom militaire de Saint-Gervais. En 1756, il a été envoyé au Canada au sein du second bataillon de son régiment. De retour en France en l’an 1761, il a fini par être déclaré déserteur par voie de justice, ceci le 26 avril 1764. [31]