Génération I

 

1 - Roger François Yves Le Clercq, fils de Corneille Edouard Raymond (1899-1969), entrepreneur en chauffage, plomberie et couverture, et de son épouse Fernande Rachel Duchène (1905-2001), artiste peintre. Né le mercredi 29 juillet 1925 à Lille, dans le département du Nord, il a eu pour parrain son grand-père paternel François Le Clercq et pour marraine sa grand-mère maternelle Léontine Duvernet. Il a reçu le prénom de François en l’honneur de son parrain et celui d’Yves en mémoire de sa marraine, cette dernière se faisait encore appeler Yvonne en ce temps-là. Sa prime enfance à Lille n’a été marquée que par deux faits notoires, qu’on lui a remémorés abondamment par la suite : il a jeté le chat de ses parents dans la fosse d’aisance des toilettes, obligeant sa mère à laisser pendre un linge dans la fosse pour que le félin englué puisse s’y agripper et se tirer d’embarras ; puis il a profité que sa mère discutait sur le palier de la porte avec un client, venu retirer des modèles d’affiches, pour aller chercher dans la salle de bains le blaireau à raser de son père, l’enduire copieusement de peinture en mélangeant toutes les couleurs d’une palette posée à côté d’un chevalet, puis barbouiller la belle nature morte que sa mère venait à peine d’achever et qui séchait sur ledit chevalet. Il vivait encore à Lille lorsqu’il est entré à l’école maternelle, prenant plaisir à compter les bûchettes et à entrelacer de petites bandes de papier en couleur dans une salle de classe où trônait, majestueusement, un poêle à bois Godin tout noir, bien plus grand que lui. En 1930, il s’est établi avec ses parents à Longwy, où les mines de fer et de charbon étaient en plein essor, son père ayant été chargé, par l’entreprise lilloise Domézon, d’aller créer et animer une nouvelle agence. Il a d’abord vécu dans une petite maison avec jardinet située en la rue du Bois-de-Chat, à la périphérie de la ville, fréquentant une école primaire toute proche où il s’amusait avec ses camarades à pisser le plus haut possible sur un pan de mur goudronné, hissé sur la pointe des pieds dans l’urinoir collectif de la cour de récréation. Entre l’école et sa maison, il s’arrêtait parfois à une petite épicerie pour y acheter du réglisse et du zan. De temps à autre, il devait aller aussi chez le boucher du quartier pour y chercher deux biftecks pour ses parents et un plus petit pour lui, mais il n’aimait pas cette corvée car sa mère n’hésitait jamais à vite le renvoyer à la boucherie avec son paquet de viande si le poids, trop élevé, ne correspondait pas à ce qu’elle avait demandé. Il appréciait beaucoup son instituteur, monsieur Fontaine, qui n’avait pas trente ans mais qui lui paraissait déjà bien vieux avec son béret et sa grande blouse grise. Il a éprouvé une profonde tristesse quand celui-ci, en 1932, a été remplacé par un collègue dont il n’a gardé aucun souvenir. Avec ses camarades de classe, dans l’ambiance d’avant-guerre qui régnait déjà à l’époque, il évoquait en récréation l’existence d’un rayon que les Anglais ou les Allemands, voire peut-être les Français, auraient inventé et qui pourrait détruire tout ce qu’il frapperait. Il a dû changer d’école quand ses parents ont emménagé dans un bel immeuble de la rue du colonel Merlin, au centre-ville de Longwy. Inscrit désormais à l’école communale de Longwy-Bas, il a eu comme nouvel instituteur un véritable maître de classe qui savait faire régner la discipline avec sa longue baguette de plus de deux mètres, qui s’abattait sur la tête des élèves turbulents, et sa règle toujours prompte à frapper le bout des doigts des cancres. Il aimait bien cependant cet enseignant, dont les cours d’instruction civique et de géographie étaient très intéressants, avec l’énumération des départements français, des préfectures et sous-préfectures et toutes ces belles histoires, qui le faisaient rêver, sur la Corse, son maquis, ses contrebandiers et les coutumes de ses habitants. Il a gardé de ses années passées à Longwy le souvenir d’une période heureuse de sa vie. Dans le nouvel appartement de ses parents, qui occupait tout un étage au-dessus des bureaux de l’agence de son père et qui était entretenu par une femme de ménage énergique, il était fasciné par le bel aquarium que son père avait installé dans la grande salle à manger qui faisait aussi salon : il s’agissait d’une vasque de plus d’un mètre de large reposant sur un pied cylindrique de trente à quarante centimètres de diamètre, avec un jet d’eau permanent en son centre et des fleurs sur sa circonférence qui magnifiaient les poissons multicolores évoluant en son sein. Le dimanche, il allait parfois en promenade avec ses parents au grand-duché de Luxembourg. Lorsqu’il restait avec eux à Longwy, il n’était guère surpris par l’ordinaire du repas dominical, toujours le même, qui était invariablement composé d’un poulet, qu’il appréciait, et de petits pois extra fins qu’il détestait et qui lui donnaient des haut-le-cœur tant il les trouvait sucrés. À Noël, il n’avait pas droit à un beau sapin tout illuminé et décoré de guirlandes. Il se contentait de déposer une paire de chaussures dans un coin et découvrait son cadeau le lendemain matin, en général un camion ou une voiture Solido, ou encore un jeu de construction. Un jour, sans en connaître la raison, il a eu la bonne surprise de dîner le soir de Noël sans ses parents chez monsieur et madame Soumoy, des amis de confession hébraïque qui lui ont fait manger du chou rouge pour la toute première fois. Il a peut-être aussi mangé de la carpe ce soir-là. Parmi les autres bons souvenirs qu’il a gardés de son séjour en Lorraine, il y a eu la venue de François Le Clercq et Lambertine Lambert, les parents de son père. À cette occasion, en plein hiver, il a visité avec ses parents et grands-parents le lac de Retournemer et la roche du Diable, à Xonrupt dans les Vosges. Les pieds dans la neige, il avait un béret sur la tête et une grande écharpe autour du cou, comme le montrent bien deux photos prises ce jour-là, l’une par sa mère et l’autre par son père. Le fait majeur qui l’a frappé le plus pendant son séjour de six ans à Longwy, cependant, a été la naissance de son frère puîné Daniel le 27 juin 1934. Il était trop innocent alors pour remarquer qu’un événement se préparait. Un beau matin, son père l’a confié à monsieur Renaud, qui était consul de Belgique à Longwy-Haut et qui s’est occupé de lui, avec sa conjointe, pendant deux ou trois jours. De retour à la maison, il a découvert qu’il avait désormais un petit frère, bien trop jeune pour lui. Il était certes content de ne plus être le seul enfant de la famille mais regrettait déjà que les neuf ans qui le séparaient du nouveau-né, venu comme par magie, l’empêcheraient toujours de jouer avec lui. En 1935, à l’âge de dix ans, il s’est mis à prendre des cours d’escrime avec son père. Il avait fière allure avec sa tenue complète d’escrimeur, son masque et son fleuret. Il a eu aussi la fierté de voir ses parents participer, comme passagers de troisième classe, au voyage inaugural entre Le Havre et Southampton du célèbre paquebot Normandie, le plus grand et le plus beau transatlantique de l’époque, parti de France le 29 mai 1935 avec plus de mille passagers, dont l’épouse du président de la République Albert Lebrun. Dès le retour de ses parents, il s’est fait raconter en détail leur périple touristique de quatre jours en bateau puis sur le sol britannique, au cours duquel son père, de passage à Londres avec sa conjointe, avait rendu visite à sa tante maternelle Jeanne Lambert, devenue l’épouse d’un soldat anglais à la fin de la Grande Guerre. Le jeune garçon ne se lassait pas d’écouter ses parents expliquer que, pendant toute la traversée de la Manche, ils avaient eu le droit de fréquenter les mêmes ponts et salles à manger que les passagers de première classe, et de participer aux mêmes bals et festivités. Pendant leur absence, il semblerait que le jeune enfant ait séjourné à Melun chez la grand-mère maternelle de sa mère, Amélie Martin, qui était veuve depuis sept ans. Chez elle, dans la grande maison de deux étages qu’elle possédait à proximité d’un collège et non loin de champs de blé et des casernes de la ville, il s’est laissé gâter par les deux filles de sa bisaïeule qui vivaient avec celle-ci, à savoir sa grand-tante Suzanne Duvernet, célibataire, et sa grand-mère Léontine Duvernet, séparée quant à elle de son mari. Il se sentait comme un vrai coq en pâte quand les deux femmes, folles de lui, l’appelaient « mon petit lapin » par-ci, « mon petit lapin » par-là. Un an plus tard, en 1936, alors que les bruits de guerre imminente s’amplifiaient partout en Europe, il a déménagé une fois de plus avec ses parents. Dans son livre de lecture, qu’il utilisait en classe à Longwy, il avait remarqué une illustration qui s’est révélée prémonitoire, représentant les berges d’une rivière et un barrage : il a fini par savoir qu’il s’agissait des rives de l’Yonne, à Auxerre. C’est là que ses parents ont décidé de s’établir. Sa mère ne cessait de répéter à son père, en effet, qu’il devait enfin se mettre à son compte, en créant sa propre entreprise. Puisqu’elle avait un oncle qui travaillait déjà à Auxerre, Célestin Duvernet, entrepreneur en maçonnerie, elle disait que son mari pourrait bénéficier de l’aide de celui-ci pour faciliter son installation en ville comme entrepreneur en plomberie, chauffage et sanitaire. Leur fils aîné devait toutefois terminer son année scolaire à Longwy. À l’âge de dix ans, en juin 1936, le jeune garçon y a passé avec succès son certificat d’études. Pour le récompenser, ses parents avaient prévu de lui offrir une bicyclette, mais il a refusé ce cadeau et a préféré recevoir, à la place, une énorme glace au chocolat ! Son vœu a aussitôt été exaucé. Avant de quitter Longwy, il a assisté ensuite au pot d’adieu organisé par le Centre d’art lorrain en l’honneur de ses parents, tous deux artistes et membres de cette association réunissant peintres et sculpteurs de la région. L’un de ses parents en était même secrétaire ou trésorier. En guise de cadeau de départ, ils ont reçu de leurs confrères et consœurs une superbe coupe en émaux de Longwy, dédicacée à leurs noms.

Ecu de l'entreprise Le Clercq dessiné par Fernande Duchène en 1936 à Auxerre
Ecu de l'entreprise Le Clercq dessiné par Fernande Duchène en 1936 à Auxerre

En juillet 1936, ils ont quitté la Lorraine avec leurs deux fils et sont allés s’établir en Bourgogne, à Auxerre, où ils ont logé provisoirement, pendant un mois, chez Célestin Duvernet et son épouse Yvonne Voilliard qui vivaient dans une belle maison en pierres de taille sur la rive droite de l’Yonne, en l’avenue de la Tournelle. Tandis qu’ils cherchaient un logement et un local commercial au centre-ville, sur la rive gauche de l’Yonne, leur fils aîné passait tout son temps à jouer avec Emilienne Duvernet, dite Mimie, fille unique du couple qui logeait les expatriés de Longwy. Elle avait un an de moins que lui mais était la cousine germaine de sa mère. Il s’amusait avec elle à parler chinois ou japonais, inventant des mots dont il s’est souvenu tout au long de sa vie : timélou, lamélou, ponpon, timéla, petilamélou, cocodou, labayère et autres. Il aimait aussi écouter la jeune fille jouer du piano. Elle était très douée et allait en faire son métier plus tard, comme professeur à Auxerre. En juillet 1936, le jeune garçon venu de Longwy devait faire sa première communion. Il a donc profité de ses vacances pour suivre à Auxerre des cours accélérés de catéchisme. Il n’était guère à l’aise pendant les cours car l’abbé Poulain, chargé d’enseigner aux enfants la bonne parole, avait l’habitude déplorable de tirer les cheveux des mauvais élèves juste derrière l’oreille, ce qui faisait très mal. Il aimait beaucoup, en revanche, l’abbé Deschamps car cet archiprêtre, qui donnera plus tard son nom au stade de football d’Auxerre, ne manquait jamais de donner une petite friandise aux enfants dissipés qu’il convoquait dans son bureau pour les morigéner. Le jeune garçon arrivé depuis peu à Auxerre avait l’esprit ailleurs pendant le catéchisme. Il était tombé amoureux, pour la première fois et au premier regard, de l’une des futures communiantes. Trop intimidé pour s’adresser à elle, il a dû subir les affres quotidiennes causées par les flèches de Cupidon, l’estomac serré et les yeux rougis par les nuits blanches. Il était tellement pétrifié qu’elle ne s’est jamais aperçue, en fait, de sa présence. Le jour de sa première communion, il a eu le vif plaisir de revoir à Auxerre ses grands-parents paternels, venus de Lille, et ses grands-parents maternels, venus de Paris. Devenu ce jour-là le centre d’intérêt de toute la famille, il a reçu de chacun un cadeau dont il n’a point gardé un souvenir vivace par la suite. Les seuls cadeaux qui l’ont marqué durablement lui ont été offerts par son aïeul François Le Clercq et par le marchand d’habits chez qui ses parents avaient acheté son costume de communiant : il a reçu du premier une gourmette en or et du second une montre toute neuve. Peu après la communion, il a été confirmé par l’évêque de l’Yonne. Le frère de communion qu’on lui avait imposé était le fils du directeur de la Banque de France d’Auxerre. Le repas que les deux enfants ont pris ensemble chez le directeur, après celui qu’ils avaient pris chez Célestin Duvernet, a été très austère en raison du silence persistant des participants. Seule la clochette qui appelait de temps à autre la bonne à desservir a pu agrémenter la réception. En août 1936, le jeune garçon venu de Longwy a quitté avec ses parents la maison de l’avenue de la Tournelle, et la rive droite de l’Yonne, pour emménager sur la rive gauche dans un beau meublé du passage Soufflot. Il y résidait encore lorsqu’il est entré au lycée Jacques-Amyot, au mois de septembre, mais deux mois plus tard, son père ayant fini d’aménager le logement, la boutique, l’atelier et le garage qu’il avait trouvés au mois d’août, il déménageait une dernière fois avec ses parents et son frère puîné pour aller s’installer définitivement au n° 11 de la rue Joubert. Au lycée Jacques-Amyot, il a commencé ses études secondaires, inscrit en classe de sixième. Il se sentait désorienté par les changements d’horaires et de professeurs, les heures de permanence et la liberté qu’on lui laissait. Il a suivi tant bien que mal des cours de latin, avec une initiation à la mythologie dont il était friand, et il s’est mis à apprendre l’anglais sous la direction d’un professeur qui, pour lui demander s’il avait bien appris sa leçon, lui disait souvent : « Master Moonlight, how do you do ? Do you know your lesson ? ». Si le jeune élève bafouillait, il devait quitter aussitôt la salle de classe en suivant l’index de son maître, qui lui désignait la porte en lui ordonnant de rejoindre la salle de classe de son épouse, professeur de dessin dans le même lycée. Sa punition était alors d’exécuter un dessin sur un sujet imposé, mais ensuite il pouvait faire ce qu’il voulait. Il s’amusait donc à dessiner des scènes de bataille opposant croisés et infidèles. Pendant les vacances, il séjournait souvent à Melun, chez la grand-mère maternelle de sa mère, mais il allait aussi de temps à autre à Paris chez son grand-oncle Emile Duvernet, dit « oncle Milo », qui après mure réflexion venait d’épouser, le 10 novembre 1936, sa marraine de guerre Anne Michiels, dite « tante Annette ». Le jeune garçon était très gâté par ce couple trop âgé pour avoir des enfants. Avec ses deux hôtes parisiens, il allait au cinéma, à la piscine Ledru-Rollin, et passait vraiment de bonnes vacances. Le 24 septembre 1938, en pleine crise des Sudètes, son père a fait partie des réservistes qui ont été rappelés sous les drapeaux. Transféré sur la ligne Maginot pour y défendre le pays contre l’Allemagne nazie, en qualité de lieutenant d’artillerie, il est revenu à Auxerre quelques semaines plus tard, après la signature des accords honteux de Munich le 30 septembre suivant par lesquels la France et la Grande-Bretagne, abandonnant toutes deux la Tchécoslovaquie, autorisaient l’Allemagne à s’emparer des Sudètes dès le lendemain. De retour dans ses foyers, il a repris son activité de plus en plus lucrative d’entrepreneur en plomberie, chauffage et sanitaire dans l’Yonne. La crise des Sudètes n’avait été qu’une étape dans la triste marche funèbre de l’Europe vers la Seconde Guerre mondiale. Une nouvelle crise devait bientôt surgir, qui concerne un lieu historique où, beaucoup plus tard, le fils cadet et l’aîné des cinq petits-fils de l’officier démobilisé étaient tous deux appelés à travailler pendant plus de trente ans chacun. Le 7 novembre 1938, en effet, un conseiller diplomatique allemand nommé Ernst Eduard vom Rath a été assassiné par un jeune juif de dix-sept ans, Herschel Grynszpan, dans la cour d’honneur du palais Beauharnais qui abritait alors tous les bureaux de l’ambassade d’Allemagne à Paris. Cet assassinat a servi de prétexte au chancelier Adolf Hitler pour inciter ses troupes nazies à massacrer des centaines de juifs dans son pays, au cours de la nuit de Cristal du 9 au 10 novembre 1938. Le fils aîné de l’entrepreneur auxerrois, âgé alors de treize ans, redoutait que la guerre ne puisse être évitée à cause de la politique expansionniste et meurtrière qui avait été mise en œuvre outre-Rhin. Malgré ses préoccupations, il a commencé à s’impliquer quelque peu dans les affaires florissantes de son père. Envoyé par celui-ci sur des chantiers, quand il n’allait pas au lycée, il a appris à tourner la forge pendant qu’un compagnon cintrait à chaud des tubes. Il aimait beaucoup voir avec quel savoir-faire ce travail était accompli par les ouvriers qu’il secondait, ne sachant pas encore que cette technique était appelée bientôt à disparaître. À la maison, il voyait le ventre de sa mère s’arrondir. Engrossée en juin 1938, l’épouse de l’entrepreneur auxerrois se promettait de mettre bas le jour même de l’anniversaire de son mari, qui devait fêter ses quarante ans le 5 mars 1939. Elle ferait ainsi l’économie d’un cadeau, l’enfant à naître étant à ses yeux un présent beaucoup plus précieux qu’un vulgaire pyjama. C’était sans compter sur l’esprit de contradiction du futur nourrisson, qui est né le 4 mars 1939, un jour avant la date prévue. Il s’agissait d’une fille, qui en l’honneur de son grand-père paternel a reçu le prénom de Françoise. Dans le climat guerrier qui régnait alors, l’arrivée d’un troisième enfant dans la famille réjouissait tout le monde. C’était à qui aurait l’honneur de promener la fillette dans sa poussette et de lui faire des risettes ! Du 14 au 22 mai 1939, la famille Le Clercq a participé activement à la foire d’Auxerre, tenant un stand sur les boulevards pour présenter les produits de la boutique familiale, douches, bidets, chauffe-eaux, cuisinières, radiateurs, ceci sous un grand écriteau indiquant que « L’hygiène c’est la santé ». Une photo a même été prise pour immortaliser l’événement, où Fernande Duchêne pose entre ses deux fils Daniel et Roger. Peu après, pendant les vacances scolaires, la famille est partie en voiture pour Lille, afin de présenter la petite Françoise à ses grands-parents. C’était l’un des derniers moments de bonheur familial en temps de paix. Le 1er septembre 1939, en effet, le chancelier Adolf Hitler a lancé les forces militaires allemandes à la conquête de la Pologne, sans déclaration de guerre. Liée par le jeu de ses alliances défensives, la France était obligée de réagir avec la Grande-Bretagne. Un ordre de mobilisation générale a donc été proclamé aussitôt dans tout le pays, appelant sous les drapeaux tous les hommes valides âgés de vingt à quarante-huit ans et prenant effet à partir de minuit, dans la nuit du 1er au 2 septembre. Le 3 septembre 1939, la France et la Grande-Bretagne déclaraient la guerre à l’Allemagne. Etant désormais père de trois enfants, depuis la naissance de sa fille Françoise, l’entrepreneur établi depuis trois ans à Auxerre a été dispensé de service militaire actif, en sa qualité de soutien de famille. Il n’a donc pas rejoint son corps d’artillerie sur la ligne Maginot et n’a pas participé à la « drôle de guerre » qui, pendant huit mois et demi, a maintenu toutes les forces armées françaises sur leurs positions défensives. La torpeur dans laquelle se complaisait la France face à l’Allemagne a été brisée le 10 mai 1940. Ce jour-là, un jour à peine après être parties à l’assaut du Danemark et de la Norvège, les armées allemandes ont attaqué les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg qui séparaient l’Allemagne de la France, contournant ainsi la ligne Maginot. Le 12 mai, emportées par le formidable élan de leur « guerre éclair », elles atteignaient déjà la ville française de Sedan après avoir pris le Luxembourg sans encombre. Le 25 mai, elles étaient aux portes de Lille, dix jours après la capitulation des Pays-Bas et trois jours avant celle de la Belgique. La chute rapide des trois états tampons qui étaient censés protéger la France en retardant l’avance de l’ennemi a aussitôt provoqué un mouvement de panique dans tout le nord de l’Hexagone, qui s’est propagé ensuite dans le reste du pays. Au début du mois de juin 1940, à Auxerre, Roger Le Clercq a vu arriver en voiture chez ses parents toute sa famille paternelle qui avait quitté Lille précipitamment, à savoir ses deux grands-parents François Le Clercq et Lambertine Lambert, sa tante Denise Le Clercq et ses deux cousines germaines Marie-Thérèse et Monique Maton. Il a vu arriver aussi sa grand-mère maternelle Léontine Duvernet qui venait de Paris. Très vite, il a dû quitter Auxerre avec toute la maisonnée car la débâcle de l’armée française, pourtant réputée à l’époque comme étant la meilleure armée du monde, laissait présager l’arrivée imminente des troupes allemandes sur les rives de l’Yonne. Il a voyagé sur la route très encombrée de l’exode à bord de la traction avant de son père, avec sa mère, son frère Daniel, sa sœur Françoise et sa grand-mère Léontine Duvernet, suivi de près par son grand-père François Le Clercq qui emmenait avec lui, dans sa traction avant d’un modèle plus récent, la tante, les deux cousines germaines et la grand-mère paternelle du jeune homme. Dans la file interminable des véhicules, des chariots et des piétons qui se dirigeaient lentement vers le sud, les deux tractions avant ont fini par être éloignées l’une de l’autre puis séparées. Celle de tête a pu passer l’un des ponts de la Loire mais celle de queue, roulant péniblement au ralenti plus loin à l’arrière, est restée bloquée dans la cohue sur la rive droite du fleuve à cause de la destruction soudaine de tous les ponts par les avions allemands. Ayant pu traverser la Loire à temps, la traction avant de tête, bondée à l’extrême et surmontée de plusieurs matelas sur le toit, est arrivée enfin à destination, à Fronsac près de Libourne, non loin de Bordeaux où le gouvernement français s’était replié. C’est dans cette commune de Gironde que Roger Le Clercq a été logé le 21 juin 1940 avec ses parents, son frère, sa sœur et sa grand-mère, ceci dans une ferme qui était dirigée par un métayer travaillant au service d’un négociant en vins de Bordeaux. Logé avec toute sa famille dans une seule pièce, au premier étage d’un bâtiment rural donnant sur la rue principale du bourg, le jeune garçon a vite constaté que son dortoir familial était le repaire d’une armée de puces ! Il a été obligé de nettoyer avec ses parents tout le parquet, à grande eau et à grand renfort d’eau de Javel, pour rendre les lieux plus vivables. Il a ensuite assisté à une scène qui l’a profondément marqué jusqu’à la fin de ses jours : il a vu son aïeule Léontine Duvernet tuer devant lui un lapin, le dépouiller puis le cuire avec son sang dans une cocotte, placée au-dessus d’un feu improvisé entre deux pierres. Ecœuré par cette vision d’horreur, il n’a plus jamais voulu manger de lapin par la suite. Dans la soirée du deuxième jour, le 22 juin 1940, alors que les clauses d’un armistice venaient tout juste d’être signées à Rethondes entre la France vaincue et l’Allemagne victorieuse, avec un cessez-le-feu général fixé à minuit dans la nuit du 24 au 25 juin suivant, un avion allemand a lâché une bombe sur le bourg de Fronsac. Cette bombe a certes explosé relativement loin du logis occupé alors par la famille Le Clercq, mais elle a fait voler en éclats toutes les vitres de la fenêtre, ceci à l’intérieur de la pièce unique où tout le monde était réuni. Heureusement, la petite sœur de Roger Le Clercq, qui était allongée dans sa poussette sous la fenêtre, n’a point été blessée par les éclats de verre car la capote de son landau était relevée, tournant le dos aux vitres. Dès le lendemain matin, au petit jour du 23 juin 1940, le frère aîné de la jeune rescapée a été réveillé par des bruits de moteurs. Ouvrant aussitôt les volets, il a eu la surprise de voir dans la rue, passant sous sa fenêtre endommagée, des véhicules militaires inconnus qui transportaient des soldats aux uniformes vert-de-gris. Les Allemands étaient en train d’envahir la Gironde en direction de Bordeaux, profitant du délai qui leur était accordé avant l’heure du cessez-le-feu. Un peu plus tard, surmontant ses craintes, Roger Le Clercq est sorti dans la rue avec son père. Il a aussitôt constaté qu’un drapeau à croix gammée flottait sur le toit de la mairie, tandis que des soldats blonds en uniforme vert, chaussés de bottes, disposaient prestement leurs fusils en faisceaux sur la place du village. Des officiers, superbement vêtus et arborant aux pieds de fines bottes noires, une cravache à la main, leur hurlaient des ordres que les badauds ne comprenaient pas. En fin de matinée, le jeune garçon éberlué a été témoin du tout premier acte de résistance à l’occupant : au passage du tramway qui reliait Fronsac à Libourne, il a vu un jeune passager cracher en l’air en direction du drapeau allemand ; aussitôt rattrapé par des motocyclistes lancés à sa poursuite, le jeune patriote a été extrait brutalement du tramway et emmené au loin pour être jeté dans un cachot. Au cours des semaines qui ont suivi le cessez-le-feu général du 25 juin 1940, les occupants germaniques ont organisé le retour dans leurs foyers des nombreux réfugiés qui avaient trouvé asile en Gironde. La famille Le Clercq a donc reçu l’ordre de regagner son domicile à Auxerre, en passant toutefois par plusieurs villes-étapes obligatoires où elle devait se ravitailler en essence. À l’étape prévue à Orléans, elle s’est arrêtée à la terrasse d’un café pour s’y désaltérer, tout près d’une table occupée par des officiers allemands de haut rang, portant chacun une dague sur le côté et une médaille en croix sur ruban à la poitrine. La famille de réfugiés qui retournait dans l’Yonne ne pouvait s’empêcher d’admirer et de jalouser la prestance de ces soldats d’occupation assis à côté d’elle, qui avaient beaucoup plus d’allure que les fantassins français déconfits, aux pantalons sanglés de bandes molletières. Regardant du coin de l’œil les officiers ennemis attablés près de lui, le jeune Roger Le Clercq était intrigué par les cigarettes plates qu’ils fumaient, dont il a gardé toute sa vie le souvenir prégnant de l’odeur si particulière. De retour à Auxerre, le père du jeune homme a repris son activité professionnelle et sa mère ses travaux aussi bien domestiques qu’artistiques. Le fils aîné du couple a repris quant à lui le chemin du lycée Jacques-Amyot en septembre 1940, mais le cœur n’y était plus : il préférait la douce quiétude de l’école buissonnière ! S’étant vite fait remarquer par son manque d’assiduité aux cours, il était souvent apostrophé par les nouveaux professeurs du lycée qui lui disaient : « Ah, c’est vous le fameux Le Clercq ! ». Il était désormais la bête noire du corps enseignant et, à la requête de son père qui s’inquiétait pour sa scolarité, il a fini par être collé tous les dimanches. Son esprit était ailleurs ! Il avait appris qu’un obscur officier supérieur, le général de Gaulle, avait lancé un appel de Londres le 18 juin précédent, invitant les Français à poursuivre le combat contre les Allemands. Il en avait informé son camarade de classe Bernard Sautereau, qui avait dissimulé une carabine à l’école du Pont où il demeurait.

Un après-midi, ne pouvant plus supporter la pression constante exercée sur lui par son père et ses professeurs du lycée Jacques-Amyot, alors qu’il était encore sous le coup de la défaite française face aux envahisseurs allemands, il a cassé sa tirelire, dérobé des billets de banque appartenant à sa mère et pris le train jusqu’à Saint-Malo. C’est dans cette jolie ville portuaire de Bretagne qu’il avait vécu auparavant les meilleurs moments de sa vie, avec son grand-oncle maternel Emile Duvernet et sa grand-tante Annette Michiels qui, à deux ou trois reprises, l’y avaient emmené en vacances, demeurant avec lui dans un confortable meublé surplombant la plage de Bon-Secours. Dès son arrivée sur place, le jeune fugueur s’est rendu chez la propriétaire du meublé en question, qui l’a reconnu et qu’il a apitoyée en lui racontant qu’il avait été séparé de sa famille pendant l’exode. Accueilli à bras ouvert par la brave dame, il a pu profiter un certain temps chez elle du gîte et du couvert, devenant le compagnon de jeu du petit-fils de sa logeuse, du même âge que lui : avec celui-ci, il trafiquait sur les quais où étaient entassés vivres, habits, cigarettes, laissés par les soldats anglais lors de leur départ précipité de Saint-Malo ; il échangeait des marks et des livres anglaises contre des francs, se procurant des marks en volant les portefeuilles de trois ou quatre soldats allemands qui avaient pendu leurs vestes à un coin de plage. Pour éviter d’éveiller les soupçons de sa logeuse, chez qui il ne pouvait guère rester plus longtemps, le jeune fugueur a fini par prendre congé d’elle sous un prétexte quelconque. Il a alors commencé à dormir à la belle étoile sur la plage, puis, pour se protéger du froid, il a acheté un sac de couchage et une petite tente. Cherchant un endroit retiré, loin des regards des passants, il a planté sa tente en face de la plage de Bon-Secours, ceci sur un îlot rocailleux dont l’accès était en principe interdit aux civils. Son refuge avait cependant l’inconvénient d’être fort bruyant : chaque nuit, les canons allemands qui avaient été installés un peu plus loin tiraient des obus en direction du cap Fréhel où passaient des bateaux anglais. Manquant cruellement de sommeil, le jeune homme s’est finalement résolu à louer une chambre minable dans un hôtel louche, où dans son lit il a eu la surprise de trouver une petite culotte de femme ! Au petit matin, il a fui cet endroit sordide, entrant dans un café pour y prendre un petit déjeuner. Il n’a pas tardé à voir que deux hommes en civil, aux allures de policiers, étaient attablés près de la sortie. Il a alors réglé son dû au cafetier puis, le cœur battant, a tenté de quitter discrètement les lieux. Il n’est pas allé bien loin : sitôt arrivé à la porte, il s’est fait empoigner par les deux hommes en question, qui lui ont appris que ses parents avaient lancé dans toute la France un avis de recherche. En attendant qu’on vienne le chercher pour le ramener à Auxerre, il a été enfermé dans une cellule avec deux autres prisonniers, avec lesquels il a aussitôt sympathisé. Ceux-ci ont partagé avec lui, de façon équitable, l’eau et la grosse miche de pain qu’on distribuait chaque jour aux trois reclus, et ils lui ont appris des chansons de troupiers et de légionnaires. Le jeune homme était étonné du profond respect que ses deux compagnons de cellule montraient à l’égard de leurs mères respectives, et du silence total qu’ils gardaient à l’encontre de leurs pères. Après plusieurs jours d’incarcération, le jeune fugitif a été convoqué au bureau du directeur de la maison d’arrêt de Saint-Malo, où il a été pris en charge par le proviseur du lycée Jacques-Amyot, chargé de le ramener chez ses parents à Auxerre. Ces retrouvailles ont été pénibles pour le jeune homme, mais le proviseur ne lui a adressé aucune parole désobligeante pendant tout le voyage de retour et ses parents ne lui ont formulé aucun reproche à son arrivée, ayant décidé, l’un et l’autre, de ne plus jamais reparler de cette triste affaire en famille. Son père s’est contenté de lui laisser le choix entre reprendre ses études au lycée ou entrer dans la vie professionnelle. Âgé de quinze ans, le jeune Roger Le Clercq a choisi la seconde option, devenant ainsi apprenti plombier chez son père. Il a vite montré un goût prononcé pour les travaux manuels, devenant rapidement plombier qualifié.

 Sa nouvelle vie, cependant, était assombrie par le fait qu’il ne supportait plus de voir la soldatesque allemande dans les rues d’Auxerre. L’occupation de la ville par l’armée d’outre-Rhin se faisait pourtant sans confrontation majeure. Le premier incident que les services préfectoraux de l’Yonne ont enregistré n’a eu lieu que le 20 juin 1941. Ce jour-là, un quart d’heure avant minuit, un sous-officier allemand a été grièvement blessé à Auxerre par une voiture automobile qui l’a écrasé, conduite par un épicier auxerrois vivant en la rue Paul-Bert, un certain Tiré qui a déclaré plus tard : « J’étais en état d’ébriété et n’ai aucun souvenir d’avoir commis un accident ; je ne peux pas dire que je suis l’auteur de l’accident ; je ne puis pas non plus dire que je n’en suis pas l’auteur ». L’épicier éméché a été jeté en prison par la gendarmerie allemande, persuadée que le geste du chauffard avait été prémédité. En fait, pendant les trois premières années de l’Occupation, la résistance à l’envahisseur germanique restait encore très discrète à Auxerre, alors que les collaborateurs s’y montraient au grand jour au sein du Parti populaire français. Le 25 juin 1942, les suppôts auxerrois de la logorrhée hitlérienne ont collé de nombreuses affiches en divers endroits de la ville, toutes libellées ainsi : « Jacques Doriot, depuis septembre 1940, réclame la tête de Blum, Mandel, Reynaud. Le 25 juin 1942, anniversaire de l’armistice, a-t-il bien été compris ? Français, vous avez peur des actes. Français, êtes-vous assez égoïstes pour oublier vos prisonniers ? Français, êtes-vous assez lâches pour laisser vos morts sans vengeance ? Pour que tous les Blum, Mandel, Reynaud soient collés au poteau, suivez l’action du Parti populaire français ». C’est dans ce contexte devenu nauséabond que le jeune Roger Le Clercq a vu arriver un jour, à Auxerre, chez ses parents, son grand-père François Le Clercq venu y passer quelques jours de repos. La veille de son départ, celui-ci a déclaré : « Je vais prendre Roger avec moi pour le dresser ». Aussitôt dit, aussitôt fait ! Le lendemain, le jeune plombier qualifié partait avec son grand-père pour Lille, où sa grand-mère Lambertine Lambert l’a logé dans sa belle chambre d’amis, décorée de très nombreux bibelots. Il vivait déjà chez ses grands-parents lorsqu’au petit matin du 19 août 1942, à Dieppe, une force d’assaut de quelque six mille soldats canadiens et écossais a tenté de débarquer pour tester sur place la défense allemande, en prévision d’une invasion future. L’opération s’est toutefois soldée par un désastre, puisque près de quatre mille soldats alliés ont été tués, blessés ou faits prisonniers par la défense germanique. Elle a eu pour effet de pousser aussitôt les Allemands à redoubler de vigilance et à renforcer tout le littoral occidental, ceci face à la mer du Nord, à la Manche et à l’Atlantique. À Lille, le jeune Auxerrois a été témoin du remue-ménage causé par l’affaire de Dieppe : il a vu des blindés et des camions allemands bourrés de soldats se diriger à toute vitesse vers les côtes du nord de la France, accompagnés de vieux réservistes qui pédalaient à vive allure sur leurs bicyclettes. Il a eu l’occasion par ailleurs d’apprécier, plus tard, l’humour britannique : les Allemands ayant disposé des leurres sur la base aérienne de Ronchin, près de Lille, pour que les alliés gaspillent leurs munitions, les Anglais ont eu l’astucieuse idée de montrer qu’ils n’étaient pas dupes en venant bombarder ces faux avions avec de fausses bombes en bois ! Cet épisode a beaucoup fait rire l’ancien fugueur recueilli par ses grands-parents. Mais le jeune homme n’était point venu à Lille pour s’amuser et ne rien faire ! Chaque matin, fenêtre ouverte, il devait retaper son lit et épousseter chaque bibelot dans sa chambre, prenant soin de finir son travail matinal par un superbe couple d’anges ivoirins. Après quoi il prenait une pincée de tabac belge dans la tabatière se trouvant près du piano, disait au revoir à sa grand-mère qui lui donnait deux gâteaux vitaminés, puis il se rendait à l’usine de son grand-père paternel, parcourant le trajet en à peine sept minutes, une cigarette roulée au bec. L’instant qu’il salue ses collègues et qu’il enfile son bleu de travail, et son grand-père arrivait lui aussi. L’usine était composée de deux ateliers contigus, à savoir l’atelier des fondeurs, où l’on coulait le bronze dans des moules, et celui des tourneurs, où l’on polissait et assemblait les pièces de bronze venant de la fonderie. L’ensemble avait été créé en 1924 sous le nom de « Société lilloise d’appareils de robinetterie », ou SLAR, ceci par trois associés : Fernand Lamotte, chef du service administratif, Georges Meurisse, directeur de la fonderie, et François Le Clercq, qui dirigeait l’atelier de fabrication. Avant la guerre, dans le second atelier, il y avait une soixantaine de tours actionnés par autant d’ouvriers, mais en 1942, quand le jeune Roger Le Clercq vivait à Lille chez ses grands-parents, l’usine tournait au ralenti car les ouvriers de la SLAR, pour la plupart, étaient retenus prisonniers en Allemagne. Embauché par son grand-père, l’ancien fugueur devenu plombier qualifié s’installait chaque matin devant sa machine, dans l’atelier de fabrication : il s’agissait d’un tour animé par une série de courroies reliées à un énorme moteur électrique central, qui alimentait toutes les machines des deux ateliers. À la gauche du jeune homme, il y avait un bac en acier rempli de pièces de bronze venant de la fonderie ; à sa droite se trouvait un autre bac en acier, vide celui-là, où il devait disposer toutes les pièces terminées après les avoir travaillées avec son tour. Bien qu’il était le plus jeune des quelques ouvriers travaillant encore à l’usine, le petit-fils du directeur de l’atelier de fabrication est vite devenu le plus expérimenté : il était le seul qui, chaque semaine, changeait de série d’objets à fabriquer, alors que ses collègues devaient tourner et usiner la même série d’un bout à l’autre de l’année, avec les mêmes gestes comme dans le film de Charlot intitulé Les Temps Modernes. L’un des ouvriers avec qui il a travaillé pendant son séjour à Lille, prénommé Homère, a passé toute sa carrière à appuyer sur un levier pour vérifier l’étanchéité de chaque vanne fabriquée. Le jeune apprenti, au contraire, passait régulièrement d’une tâche à l’autre dans l’atelier de son grand-père, tout en ayant l’exclusivité de la fabrication des roulettes de tramway et des grosses vannes en fonte. Il aimait beaucoup ce métier manuel, qu’il n’a point tardé à compléter par l’apprentissage du dessin industriel en cours du soir. Il a ainsi acquis une qualification nouvelle de dessinateur, grâce à tous les efforts qu’il a dû déployer pour apprendre à représenter de simples boulons sous différents angles. Pendant ce temps, à Auxerre, sa mère voyait son ventre s’épanouir. Engrossée en mai 1942, avant le départ de son fils aîné pour Lille, elle a mis au monde une petite fille le 15 février 1943, prénommée Anny, alors que son fils travaillait déjà depuis un certain temps à Lille comme tourneur dans l’atelier de François Le Clercq. La vie de Roger Le Clercq dans le nord de la France n’était pas faite que de travail. Le jeune apprenti avait aussi d’autres sujets de satisfaction pendant ses jours de repos. Sa grand-mère Lambertine Lambert était une fine cuisinière, qui savait s’approvisionner au marché noir en farine, beurre, viande et autres produits alimentaires. Elle était la spécialiste de la soupe au pourpier ! Parfois, le dimanche matin, son petit-fils Roger s’asseyait devant le piano et installait un rouleau musical dans le logement prévu à cet effet, se contentant ensuite d’appuyer en rythme sur les pédales. En écoutant la mélodie ainsi produite, enregistrée par un pianiste de renom, le jeune artiste souriait malicieusement à l’idée que les voisins du dessous puissent s’émerveiller et penser que monsieur et madame Le Clercq avaient bien de la chance de loger un petit-fils aussi talentueux. Ce dernier était d’ailleurs abonné au théâtre du quartier, où il allait souvent voir des opérettes avec ses grands-parents pendant la saison hivernale. Le grand opéra situé au centre de Lille lui était toutefois interdit : les Allemands, grands amateurs d’œuvres lyriques, l’avaient réquisitionné pour leur propre usage. Certains dimanches, le jeune homme allait rendre visite avec ses grands-parents à d’autres membres de sa famille, comme sa grand-tante Virginie Le Clercq, qui savait si bien préparer tartes et gâteaux, ou bien sa tante Denise Le Clercq, avec laquelle il aimait beaucoup sortir en compagnie de ses filles Marie-Thérèse et Monique Maton. Il ne voyait guère son oncle René Maton, en revanche, car celui-ci n’appréciait point ces promenades familiales, préférant fréquenter les terrains de football pour y voir jouer son équipe lilloise favorite. En juin 1943, quatre mois après la naissance, à Auxerre, de sa sœur Anny qu’il n’avait pas encore vue, le jeune Roger Le Clercq se trouvait toujours à Lille : au cours d’une promenade dominicale, il a été pris en photo sur un banc public du jardin Vauban, au soleil, assis fièrement entre ses grands-parents et un couple d’amis de ceux-ci, monsieur et madame Trioën. Il ne savait pas encore à l’époque que son séjour à Lille tirait à sa fin. Le 29 juillet 1943, en effet, il a fêté son anniversaire chez ses grands-parents. Ayant atteint l’âge de dix-huit ans, il tombait désormais sous le coup d’une loi qui avait été promulguée par le gouvernement de Vichy le 16 février précédent, un jour après la naissance de sa sœur Anny, laquelle loi instaurait le Service du travail obligatoire, ou S.T.O., qui était destiné à fournir à l’Allemagne de la main-d’œuvre française, corvéable à merci. Le jeune homme n’a pas tardé à recevoir une convocation à se présenter aux autorités, pour être envoyé outre-Rhin comme ouvrier. Dès que son grand-père lui a présenté cette convocation officielle, il a décidé avec ses grands-parents de ne point obtempérer et de quitter la ville précipitamment. Deux jours plus tard, après avoir travaillé plus d’un an à Lille, il était de retour à Auxerre où il a vu pour la première fois sa sœur Anny, âgée de six mois déjà. Sur place, il a aussitôt repris son travail de plombier dans l’entreprise de son père, tandis que les autorités lilloises commençaient à le rechercher. Un jour, à l’occasion d’une promenade en ville, il a rencontré par hasard dans la rue un ancien camarade de classe du lycée Jacques-Amyot, Bernard Sautereau, qui était lui aussi réfractaire au Service du travail obligatoire et qu’il a revu ensuite plusieurs fois pour discuter avec lui de l’évolution de la guerre. Ayant fini par dévoiler ouvertement son hostilité envers les occupants allemands et les collaborateurs français entrés à leur service, il s’est vu bientôt proposer par son ancien camarade de classe, déjà connu sous le pseudonyme de « Max » dans la Résistance, de rejoindre le mouvement de libération de la France. Le jeune plombier avait eu l’occasion de constater, dès son retour à Auxerre, que les résistants locaux multipliaient les actions contre l’ennemi. Le 5 octobre 1943, entre neuf heures et demie et dix heures du soir, un soldat avait été blessé en ville de plusieurs coups de feu alors qu’il se promenait dans la rue en compagnie d’une fille trop complaisante. À la suite de cet attentat, des tracts avaient été imprimés par l'Union des femmes pour la défense de la famille et la libération de la France, intitulés « Non, ils n’auront pas les jeunes Françaises », que des militants clandestins avaient collés sur les murs de plusieurs maisons d’Auxerre, ceci dans la nuit du 11 au 12 octobre 1943. Le 30 octobre suivant, des papillons avaient ensuite été découverts dans les rues, portant le texte suivant : « Collaborateurs, attention ! Votre sale besogne est terminée et bientôt ce sera le règlement de compte… Nous vous connaissons ! ». C’est dans ce contexte de sursaut national, avec le sabotage des circuits téléphoniques allemands à la sortie du hameau de Jonches, à Auxerre, dans la nuit du 1er au 2 novembre 1943, puis la destruction par explosifs de l’entrée des magasins Mathieu et Hayes appartenant à un collaborateur auxerrois, dans la soirée du 4 novembre, que le jeune Roger Le Clercq a prêté serment de fidélité à la Résistance, parrainé par son ancien camarade de classe Bernard Sautereau et en présence de deux témoins, Henri Chapotin et peut-être Marcel Sudan. La scène n’a eu lieu qu’au début de 1944, sans doute en février, ceci dans une grosse demeure bourgeoise située en l’avenue de La Tournelle, à Auxerre, maison qui avait été en partie réquisitionnée par les Allemands mais dont une aile était encore occupée en permanence par le propriétaire des lieux. Pendant la cérémonie, la nouvelle recrue était plutôt mal à l’aise car un mur seulement séparait les quatre résistants français des envahisseurs germaniques. Le nouveau membre de la Résistance est ensuite rentré chez lui, au 11 de la rue Joubert, après avoir reçu de Bernard Sautereau un brassard tricolore des Forces françaises de l’intérieur, frappé des trois lettres F.F.I., qu’il a aussitôt dissimulé dans un coin du grenier familial. Cet événement a été suivi de peu par une mauvaise nouvelle : le jeune homme qui venait de prêter serment a reçu à Auxerre une autre convocation à se présenter aux autorités, étant en âge de participer au Service du travail obligatoire décrété par le gouvernement français du maréchal Philippe Pétain. Refusant d’aller travailler de force en Allemagne ou dans l’usine souterraine de Cravant, le jeune plombier réfractaire a aussitôt obtenu l’aide de son père qui l’a envoyé exécuter des chantiers dans les campagnes retirées de Puisaye et de Forterre, dans le sud-ouest de l’Yonne. Avec un autre ouvrier, parfois avec un troisième homme, le fils aîné de l’entrepreneur d’Auxerre a pu ainsi jouir du gîte et du couvert chez les clients ruraux de son père, qui l’ont tous régalé pendant plusieurs mois de repas pantagruéliques alors qu’en ville on devait se contenter de topinambours et de rutabagas. Le meilleur client sur le plan culinaire était monsieur Moreau, boucher à Etais-la-Sauvin, qui ne manquait point de servir aux ouvriers de gros morceaux de viande quand il abattait clandestinement des porcs, des ovins et autres animaux domestiques. À cette époque, à Etais-la-Sauvin, vivait un cultivateur nommé Joseph Michelin. Le jeune plombier parti se cacher à la campagne ne savait pas que cet homme, qu’il n’a jamais connu et qui allait bientôt être assassiné, était appelé à devenir son défunt beau-père trois ans plus tard. En attendant, à Auxerre, l’absence prolongée du fils aîné de Raymond Le Clercq excitait la curiosité de ceux qui avaient choisi de collaborer avec les forces d’occupation. Le père du réfractaire au Service du travail obligatoire recevait parfois la visite de gens qu’il connaissait à peine mais qui s’inquiétaient néanmoins de la santé du jeune disparu. L’un d’eux, à la Libération, sera bientôt abattu par la Résistance dans les bois de Charbuy, tandis que d’autres seront jetés en prison. Le jeune fugitif, pourtant, revenait à Auxerre de temps à autre pour de très courts séjours. Par deux fois, après le débarquement de Normandie, il a même vécu sur place deux événements majeurs qui l’ont beaucoup marqué. Le dimanche 25 juin 1944, en effet, alors qu’il cultivait des fruits et légumes avec son père dans le petit verger que ses parents louaient au lieu-dit des Rosoirs, sur les hauteurs maraîchères de la ville, il a aperçu une vague d’avions s’approcher au loin puis survoler le cours de l’Yonne s’écoulant paisiblement en contre-bas. Son père, abasourdi, s’est alors écrié : « Regarde, ils lâchent de petits ballons ! ». Le fils de l’entrepreneur auxerrois a aussitôt répliqué : « Mais non, ce sont des bombes ! ». Entre sept heures et demie et huit heures du soir, les deux jardiniers du dimanche ont vu alors deux vagues d’avions alliés bombarder le bas de la ville, visant le pont Paul-Bert, la voie ferrée reliant Laroche-Migennes à Avallon et l’embranchement de la ligne allant d’Auxerre à Gien. Les quelque cinquante bombes de gros calibre qui ont été déversées sur les rives de l’Yonne n’ont pas atteint le pont Paul-Bert, qui est sorti indemne de la tourmente, mais elles ont fortement endommagé la voie ferrée. En ratant le pont, toutefois, elles ont détruit tout le quartier alentour, faisant jusqu’à trente-cinq morts et une trentaine de blessés. Le jeune Roger Le Clercq est aussitôt descendu vers le lieu du désastre pour participer à l’aide apportée aux blessés et à l’évacuation des corps déchiquetés. Le second événement qui a marqué l’esprit du jeune homme a eu lieu le 14 juillet 1944. De retour à Auxerre pour s’y reposer chez ses parents pendant vingt-quatre heures, il rentrait chez lui ce jour-là après avoir vu un film au cinéma avec un ami, quand juste avant le couvre-feu, fixé par les troupes d’occupation à dix heures du soir, il a entendu derrière lui une fusillade au moment même où il commençait à descendre à pied la rue Fécauderie pour rejoindre la rue Joubert avec son compagnon. Il s’agissait d’un bref accrochage entre des résistants et des soldats allemands sur la place de la mairie. Le jeune noctambule et son ami ont eu à peine le temps de comprendre ce qui se passait qu’ils ont vu deux soldats d’outre-Rhin courir à leur rencontre et les mettre en joue avec leurs mitraillettes. Les deux jeunes Auxerrois, poussés face au mur et les mains en l’air, s’inquiétaient déjà pour leurs abattis. C’est alors qu’une nouvelle fusillade a éclaté, plus nourrie que la précédente, obligeant les deux soldats allemands à détourner le regard puis à faire quelques pas en direction de la place de la mairie. Les deux cerbères n’avaient pas sitôt tourné le dos à leurs deux prisonniers que ceux-ci, traversant la rue Fécauderie comme des fusées, se sont précipités à l’intérieur du passage Manifacier, dévalant aussitôt les escaliers situés au fond du passage. Sous une pluie de balles tirées par les deux soldats lancés à leur poursuite, les deux fugitifs ont débouché en quelques enjambées sur la rue des Boucheries, en bas des escaliers, d’où ils ont couru sans demander leur reste jusqu’à la rue Joubert toute proche. Ils ont pu ainsi échapper à leurs deux poursuivants en s’engouffrant dans la cour intérieure de la maison du 11 rue Joubert, au bout de la rue des Boucheries. C’est là que demeuraient les parents du jeune Roger Le Clercq. Ce dernier, bien des années plus tard, était toujours très fier de montrer les impacts des balles qui l’avaient manqué mais avaient percuté les volets du passage Manifacier. Un mois après cet épisode, le 24 août 1944, le jeune rescapé a assisté à la libération d’Auxerre. Il venait alors d’avoir dix-neuf ans. Il a vu ce jour-là les drapeaux tricolores fleurir un peu partout aux fenêtres de la ville, très vite retirés des balcons dès la première rumeur du retour des troupes germaniques puis vivement redéployés une fois le danger passé. Il a vu aussi des gens arborant une cocarde aux trois couleurs de la France se faire arrêter et malmener, ayant été reconnus comme étant de vulgaires collaborateurs. Il a vu enfin la foule en liesse se précipiter autour des résistants venus libérer la ville et les applaudir à leur passage. Dans l’enthousiasme général, le jeune plombier auxerrois n’a pas tardé à s’engager pour toute la durée de la guerre dans l’armée française renaissante, ceci à la fin du mois d’août. En annonçant fièrement la nouvelle à son père, il a eu la surprise de se voir rabrouer par celui-ci qui, la mine déconfite, s’est écrié : « Malheureux ! Et si la guerre dure trente ans ? ». Faisant fi de ce reproche pourtant fondé, le fils aîné de l’entrepreneur a vite rejoint les autres soldats volontaires à la caserne Vauban, à la périphérie d’Auxerre, où on lui a confié une arme dès son arrivée. Il a dû cependant attendre tout une semaine avant de recevoir un uniforme, parachuté par des avions britanniques dans de gros caissons contenant aussi, enduits d’une épaisse couche de graisse, des fusils et des mitraillettes Sten. Le costume militaire qu’on lui a remis finalement, avec des chaussures, des guêtres, un blouson et un pantalon à poches de fabrication anglaise, lui donnait un air de soldat d’outre-Manche. Ainsi habillé de pied en cap, le jeune soldat s’est fait photographier en octobre 1944 à Auxerre avec sa tenue de combattant, un béret penché vers la gauche du visage et une cravate à carreaux autour du cou. À l’armée, il a fait d’abord ses classes, montant la garde ou surveillant les prisonniers allemands chargés de déminer certains secteurs. Un soir, alors qu’il ramenait un groupe de prisonniers à la caserne, il a eu l’idée de distribuer une cigarette à chacun d’eux en leur ordonnant de fumer à pleins poumons, de telle sorte qu’il puisse constamment voir et compter les pointes rouges de leurs mégots dans l’obscurité. Au bout de quelques semaines de formation, tous les soldats qui avaient rejoint à la Libération le quatrième régiment d’infanterie, à Auxerre, ont été réunis dans la cour principale de la caserne Vauban. À l’appel de leurs noms, ils ont tous été répartis en deux bataillons, les uns devant aller dans celui de gauche et les autres dans celui de droite. Quelques jours plus tard, l’un des deux bataillons partait se battre dans les Vosges, tandis que le second restait en garnison quelque temps encore au chef-lieu de l’Yonne. Le jeune Roger Le Clercq a fait partie du groupe qui est demeuré à Auxerre, alors que son ami Michel Garnier, qu’il avait connu avant la guerre à l’Association de la jeunesse auxerroise fondée par l’abbé Deschamps, est allé combattre les Allemands dans les frimas hivernaux de l’est de la France. Ayant été affecté par le jeu du hasard au bataillon de réserve de son régiment, le plombier devenu soldat n’en est pas resté inactif pour autant. Il a été désigné pour monter la garde au sommet de la tour unique de la cathédrale Saint-Etienne, à Auxerre, avec un autre soldat de troisième classe et un sergent. Pendant plusieurs jours, avec ses deux compagnons, il a dû faire le guet et dormir sur place la nuit, avec pour mission de repérer tous les Allemands retardataires qui, remontant du sud de la France, se repliaient vers l’Allemagne pour s’y retrancher. Cette surveillance étant continue, les trois hommes devaient uriner du haut de la tour et déféquer dans un seau. Seule la corvée de ravitaillement permettait aux deux soldats de troisième classe de quitter à tour de rôle leur poste de garde, un matin sur deux, tandis que le sergent restait en haut de la cathédrale sans arrêt. Le soldat de corvée devait descendre plus de trois cent soixante marches jusqu’au bas de l’édifice religieux, traverser la ville jusqu’à la caserne Vauban, remplir de pitance les bouteillons des trois guetteurs à la cantine militaire, puis retourner à la cathédrale et remonter l’escalier en colimaçon jusqu’en haut de la tour de guet. Cette belle mécanique s’est pourtant grippée un beau matin quand le soldat Roger Le Clercq, de corvée ce jour-là, a rencontré par hasard sur la place du marché couvert un ancien camarade de classe en uniforme de marsouin. Pour fêter ces retrouvailles inattendues, il s’est mis alors à faire la tournée de tous les bistrots de la ville avec son ami d’antan, sombrant avec lui dans les torpeurs des souvenirs avinés. Quand il s’est réveillé le lendemain matin, la tête endolorie, il était allongé sur son lit de camp à la caserne Vauban, sans trop savoir comment il avait réussi à se traîner jusque-là. Il est aussitôt reparti à pied jusqu’à la cathédrale, avec ses bouteillons remplis de pitance, mais à peine était-il arrivé à destination qu’il était arrêté par une patrouille militaire qui l’attendait en haut de la tour et l’a reconduit de force à la caserne. Il était considéré comme un déserteur, ce qui était très grave en temps de guerre et pouvait mener à la cour martiale, mais fort heureusement il a pu bénéficier de la clémence du lieutenant chargé de l’interroger : il n’a été condamné qu’à huit jours de cellule, la tête complètement rasée. Peu après cette mésaventure, ayant repris son instruction militaire, il a été affecté à un groupe de soldats envoyés en camions à Héry, où il a été logé avec ses camarades dans une salle de bal, ceci au premier étage du café Servin. Chaque jour, à l’aube, il devait assister au lever du drapeau au son d’une trompette. Il a également appris à conduire durant son séjour campagnard à Héry, aussi bien à bord d’un camion Bedford que sur un side-car. Il a d’ailleurs beaucoup apprécié cette villégiature militaire, se souvenant bien plus tard d’avoir beaucoup ri quand l’un de ses camarades, perdant soudain le contrôle de sa moto, a foncé tout droit sur une longue file de gens endeuillés marchant derrière un corbillard à la sortie de l’église, les éparpillant tous comme des corbeaux. En fin de journée, avec les autres soldats en formation à Héry, il aimait aussi aller au-devant des ouvrières qui sortaient de leur travail à la poudrerie de la commune, se donnant pour mission de les raccompagner en toute sécurité chez elles. Ces petits moments de bonheur n’ont pourtant pas duré. Un jour, tout le groupe a été embarqué dans un train pour rejoindre sa nouvelle garnison.

 

 

il est devenu technicien en plomberie, chauffage et couverture à l'entreprise Jules Zell. Décédé à Auxerre (Yonne) le mercredi 5 juillet 2000, il a été inhumé le surlendemain dans le cimetière communal de Lindry (Yonne), ses obsèques ayant été célébrées le même jour en l’église Sainte-Thérèse des Rosoirs à Auxerre.

 

                                                                                         Le 10 mars 1956, devant maître Frébault, notaire à Auxerre, Joseph Savouré et son épouse Germaine Bigault, domiciliés au numéro 18 de la rue Carnot à Versailles, et Jacques Tulpain et son épouse Andrée Loewenstein, domiciliés en la villa La Clairière à Andrésy, en Seine-et-Oise, ont vendu pour le prix de 514. 000 francs à mes parents, représentés par ma grand-mère maternelle Lucile Germaine Suzanne Brisson, veuve de Joseph Pierre Emile Michelin, un terrain de 514 mètres carrés formant le lot numéro 17, situé en la rue de La Tour-d'Auvergne à Auxerre, au lieu-dit « les Migraines ». Le 3 octobre 1956, mon père a ensuite obtenu de la mairie d'Auxerre un permis de construire une maison d'habitation sur ce terrain, situé en l'avenue Nouvelle à Auxerre, rebaptisée plus tard avenue du 4e régiment d'infanterie. Le 13 mars 1962, jour de l’anniversaire de son fils aîné, il est parti faire un rallye de treize jours en avion en Lybie avec son ami Eckert, président fondateur du terrain d’aviation de Saint-Avold, et l’épouse de celui-ci. Roger Le Clercq s'était marié le samedi 9 août 1947 à Auxerre (Yonne), à la mairie puis en la cathédrale Saint-Etienne, avec Madeleine Bernadette Geneviève Michelin, fille de Joseph Pierre Emile Michelin (1903-1944), agriculteur, et de Lucile Germaine Suzanne Brisson (1903-1999), lingère à l'hôpital psychiatrique d’Auxerre. Sont nés de cette union Pierre Raymond Joseph Le Clercq en 1949 et Alain Didier François Le Clercq en 1950.

Génération II

 

2 - Corneille Edouard Raymond Le Clercq, entrepreneur en chauffage, plomberie et couverture, fils de François Pierre Le Clercq (1886-1973), entrepreneur en fonderie, et de son épouse Lambertine Marie Françoise Lambert (1878-1957). Né le dimanche 5 mars 1899 à Lille (Nord), sept ans et demi avant le mariage de ses parents, il était en fait le fruit accidentel des amours de sa mère avec Jules Boudry (1876-1951) ou Henri Boudry (1878-1959), tous deux bouchers et fils du boucher lillois Jules Boudry et de son épouse Alice Berte. Enregistré à sa naissance sous le nom de Lambert, il n’a reçu le nom de Le Clercq que le 3 septembre 1906, lors du mariage tardif de sa mère avec le jeune François Pierre Le Clercq. Il est mort le mercredi 2 avril 1969 à Cannes (Alpes-Maritimes) puis a été inhumé au même lieu le samedi 5 avril suivant. Il vivait déjà à Auxerre depuis trois ans lorsque, conformément au pacte germano-soviétique, les Allemands ont envahi l’ouest de la Pologne le 1er septembre 1939 et les Russes l’est du pays le 17 septembre suivant. Rappelé sous les drapeaux dès le 2 septembre 1939, dans le cadre de la mobilisation générale des citoyens français contre l'Allemagne, il a été envoyé défendre les frontières sur la ligne Maginot mais est resté l’arme aux pieds pendant toute la « drôle de guerre », ceci de septembre 1939 à juin 1940. Renvoyé dans ses foyers après la débâcle française, sans même avoir combattu, il a passé toute la période de l’occupation allemande à Auxerre, où divers incidents provoqués par les collaborateurs et les résistants ont été répertoriés par les services de la préfecture de l’Yonne :[1]

 

- Le 20 juin 1941, à 23h45, un sous-officier allemand a été renversé et grièvement blessé à Auxerre par une voiture automobile conduite par un épicier auxerrois nommé Tiré, domicilié en la rue Paul-Bert, qui a déclaré : « J'étais en état d'ébriété et je n'ai aucun souvenir d'avoir commis un accident. Je ne peux pas dire que je suis l'auteur de l'accident ; je ne puis pas non plus dire que je n'en suis pas l'auteur ». L'épicier éméché a été mis en état d'arrestation par la gendarmerie allemande.

- Le 25 juin 1942, à Auxerre, de nombreuses affiches ont été apposées en différents endroits de la ville, libellées comme suit : « Jacques Doriot, depuis septembre 1940, réclame la tête de Blum, Mandel, Reynaud. Le 25 juin 1942, anniversaire de l'armistice, a-t-il été compris ? Français, vous avez peur des actes. Français, êtes-vous assez égoïstes pour oublier vos prisonniers ? Français, êtes-vous assez lâches pour laisser vos morts sans vengeance ? Pour que vite tous les Blum, Mandel, Reynaud soient collés au poteau, suivez l'action du Parti populaire français ».

- Le 11 août 1942, à Auxerre, quelques tracts ont été distribués en ville au cours de la soirée, émanant du Parti populaire français.

- Le 9 septembre 1942, le préfet de l'Yonne a écrit dans un rapport que des affiches émanant du Parti populaire français, domicilié au numéro 10 de la rue des Pyramides à Paris, venaient d'être apposées à Auxerre.

- Le 11 septembre 1942, le préfet de l'Yonne a écrit dans un rapport que des brochures représentant sur la page de garde le portrait de Jacques Doriot, ainsi que les deux inscriptions « Nos contemporains » et « J'ai vu clair », ont été envoyées sous enveloppes affranchies le 8 septembre précédent de la gare Saint-Lazare à Paris, à dix heures du soir, toutes adressées à différentes personnalités d'Auxerre comme le capitaine de gendarmerie et divers directeurs d'usine.

- Dans la nuit du 15 au 16 septembre 1942, à Auxerre, des tracts ont été distribués en ville par des membres du Parti populaire français.

- Le 17 septembre 1942, le préfet de l'Yonne a écrit dans un rapport que la plaque indicatrice de la rue de la Liberté, à Auxerre, fixée à environ deux mètres du sol, a été descellée et emportée par un inconnu.

- Dans la nuit du 17 au 18 septembre 1942, à Auxerre, divers tracts ont été distribués dans la ville par des membres du Parti populaire français, à savoir une brochure intitulée « Relève 1943 », en faveur de la relève des travailleurs français envoyés en Allemagne, un tract contre les juifs intitulé « Le chancre qui a rongé la France », un tract intitulé « Avec les Allemands, jamais ! Pourquoi, compagnon ? », favorable à une alliance de la France avec l'Allemagne pour l'organisation de l'Europe, et un illustré des Jeunesses populaires françaises.

- Le 18 septembre 1942, le préfet de l'Yonne a écrit dans un bref rapport adressé à l'intendant de police du chef du gouvernement que la plaque indicatrice de la rue de la Fraternité, à Auxerre, a été descellée elle aussi et emportée par un inconnu, tout comme celle indiquant la rue de la Liberté.

- Dans la nuit du 19 au 20 septembre 1942, à Auxerre, des coups de révolver ont retenti dans un quartier de la ville, tirés par des militaires allemands en goguette, accompagnés de femmes.

- Dans la nuit du 25 au 26 septembre 1942, à Auxerre, des papillons émanant du parti franciste ont été apposés en divers quartiers de la ville.

- Dans la nuit du 26 au 27 septembre 1942, à Auxerre, un jeune soldat allemand en goguette, accompagné de femmes, a tiré plusieurs coups de feu dans la ville.

- Dans la nuit du 5 au 6 octobre 1942, à Auxerre, un grand nombre de tracts anti-anglais ont été distribués, intitulés « Dieppe 42 ».

- Le 20 octobre 1942, à Auxerre, des tracts anti-anglais ont été lancés dans différents quartiers de la ville par un soldat allemand parcourant les rues en voiture.

- Le 22 octobre 1942, à 07h15, une cinquantaine d'ouvriers sont partis de la gare d'Auxerre-Saint-Gervais à destination de l'Allemagne, aux cris de « Vive la France » devant une trentaine de personnes venues les saluer.

- Le 24 octobre 1942, à Auxerre, un certain nombre de papillons ont été collés sur les murs de la ville dans la matinée, les uns, provenant du parti franciste, étant intitulés « Les jeunes avec Bucard » et « 1933-1941, révolution totale par le francisme », et les autres, d'origine doriotiste et portant l'insigne du parti de Doriot, étant intitulés quant à eux « Jeunes avec l'U.P.J.F. Doriot ».

- Le 2 novembre 1942, un convoi de 125 ouvriers partant pour l'Allemagne a quitté la gare de Laroche à destination de Dijon, ceci en présence de 250 à 300 personnes venues saluer leur départ sur le quai.

- Le 3 novembre 1942, en gare de Laroche, est passé un train spécial venant de la zone non occupée et se dirigeant vers Paris, composé de 21 wagons transportant un millier de membres du Parti populaire français, dont la plupart étaient en uniforme.

- Le 7 novembre 1942, à Auxerre, une vingtaine d'ouvriers requis pour aller travailler en Allemagne ont quitté la gare de Saint-Gervais.

- Le 14 novembre 1942, à Auxerre, un certain nombre de tracts des « Jeunesses populaires françaises » ont été jetés dans divers quartiers de la ville.

- Le 20 novembre 1942, à Auxerre, une réunion extraordinaire du bureau fédéral de l'Yonne et des cadres auxerrois du Parti populaire français, créé par Jacques Doriot et prônant la collaboration de la France avec l'Allemagne, a eu lieu au domicile de René Ducarme, secrétaire fédéral du parti, ceci en présence de Gorjux, inspecteur régional dudit parti, qui venait d'arriver à Auxerre. Le même jour, à Auxerre, les partisans de Jacques Doriot ont fait apposer en ville plusieurs affiches imprimées sur papier vert et intitulées « Guerre à l'Angleterre et à l'Amérique », qui exhortaient le gouvernement français de Vichy à déclarer immédiatement la guerre à l'Angleterre et aux Etats-Unis aux côtés de l'Allemagne.

- Dans la nuit du 24 au 25 novembre 1942, à Auxerre, ont été distribués un certain nombre de tracts émanant du Parti populaire français, invitant toute la population à se rendre le 26 novembre suivant, à 20h30, en la salle du foyer du Casino auxerrois, ceci pour y assister à une manifestation organisée ce jour-là par ce parti collaborant avec les occupants allemands.

- Dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre 1942, à Auxerre, quelque deux cents tracts ont été découverts dans un quartier de la ville, épars sur la chaussée.

- Dans la nuit du 9 au 10 décembre 1942, à Auxerre, de nombreux tracts ont été découverts dans plusieurs quartiers de la ville.

- Dans la nuit du 23 au 24 janvier 1943, aussi bien à Auxerre qu’à Migennes, des tracts communistes ont été distribués, qui étaient intitulés « Appel au combat » et faisaient l'apologie des marins de Toulon et des soldats gaullistes.

- Dans la nuit du 24 au 25 janvier 1943, à Auxerre, a été cambriolé un local dans lequel était entreposée une certaine quantité de cigarettes et de tabac réservée aux prisonniers de guerre français en Allemagne.

- Le 10 février 1943, à Auxerre, plusieurs petites affiches ont été apposées sur les murs de la ville dans la matinée, libellées ainsi : « Non, ne signez pas de contrat, ne partez pas en Allemagne ! Personne ne peut vous y obliger. Les commandants de la gendarmerie allemande ont reçu l'ordre de laisser chez eux ceux qui refusent de signer l'engagement volontaire. Ne signez pas, vous ne partirez pas ! ».

- Les 12, 13 et 14 février 1943, dans l'Yonne, a été effectué le recensement de tous les hommes du département âgés de 18 à 25 ans. Aucun incident n'a été signalé au cours de l'opération, si ce n'est à Auxerre où de vives protestations se sont élevées dans la foule contre cette mesure, et à Avallon où un soldat allemand et des agents de la police française ont été injuriés par plusieurs jeunes gens brandissant un drapeau tricolore, lesquels ont été appréhendés et détenus un après-midi.

- Le 12 mars 1943, en gare de Laroche, est arrivé avec dix heures de retard un train spécial venant de Nîmes et de Montpellier, en passant par Lyon, transportant environ neuf cents jeunes gens requis pour aller travailler en Allemagne.

- Dans la nuit du 22 au 23 mars 1943, à Auxerre, des inscriptions « anti-nationales et anti-allemandes » ont été apposées en de nombreux endroits de la ville, libellées comme suit : « Vive Staline ! », « Mort aux Boches ! », « Vive de Gaulle ! », « Laval et Pétain au poteau ! ». Plusieurs croix de Lorraine ont également été dessinées.

- Le 25 mars 1943, à Auxerre, une trentaine de tracts manuscrits à tendance « anti-nationale et anti-allemande » ont été découverts en l'avenue de Paris.

- Le 30 mars 1943, à Auxerre, a eu lieu de onze heures à midi une revue des troupes allemandes d'occupation, ceci en présence de deux cent cinquante personnes.

- Le 1er avril 1943, à Auxerre, quatre cents spectateurs ont assisté dans le calme, à partir de 20h30, à la projection au Casino auxerrois d'un film documentaire déroulant des vues de plusieurs villes d'Allemagne, ainsi que le travail réalisé depuis plusieurs années par le national-socialisme. Des opuscules avaient été distribués à l'entrée de la salle, intitulés « Vedettes de Paris en Allemagne ».

- Dans la nuit du 4 au 5 avril 1943, différents tracts d'origine anglaise ont été jetés sur les territoires respectifs des communes d'Auxerre, Vallan, Vaux, Champs-sur-Yonne et Saint-Bris-le-Vineux, à savoir la Revue de la presse libre n° 11, le Courrier de l'Air du 25 mars 1943, l'édition spéciale du Courrier de l'Air annonçant les raids aériens anglais sur la ville d'Essen en Allemagne, et enfin l'édition spéciale de Courrier de l'Air consacrée à la radio-diffusion.

- Le 29 avril 1943, au quai de la République à Auxerre, un fil téléphonique installé à un mètre cinquante du sol par l'armée allemande d'occupation a été sectionné.

- Le 30 avril 1943, à Auxerre, des tracts ronéotypés ont été trouvés dans la boîte aux lettres du bureau de poste de la ville, tous intitulés : « Patriotes de l'Yonne, le 1er mai 1943 doit être le prélude du combat final ». Des tracts similaires ont été découverts au hameau de Tormancy, à Massangis.

- Le 5 juin 1943, l'inspecteur Paul Blanvillain a écrit au commissaire de police d'Auxerre pour lui annoncer que le même jour, alors qu'ils étaient acheminés en train d'Auxerre à Dijon pour aller travailler en Allemagne, des jeunes gens recrutés dans le cadre du Service du travail obligatoire ont inscrit à la craie divers slogans politiques et des insignes gaullistes sur les parois extérieures de leur wagon, notamment sur celles du cabinet de toilette, ceci après avoir réclamé avec succès des morceaux de craie aux employés de la gare d'Ancy-le-Franc. Les convoyeurs français n'ayant pu effacer toutes ces inscriptions avant l'arrivée du train à Dijon, le chef de la Gestapo de la ville a pris des sanctions contre eux et contre les deux travailleurs qui ont osé se dénoncer.

- Dans la nuit du 18 au 19 juin 1943, à Auxerre, une distribution de tracts a été effectuée en ville, les uns émanant du « Front national de lutte pour l'indépendance de la France » et les autres, issus des « Comités féminins de l'Yonne », déclarant : « Mères de l'Yonne, les nazis prennent vos fils pour en faire de la chair à travail et ensuite de la chair à canon. Pas d'hommes pour l'Allemagne ! ».

- Le 10 juillet 1943, à Auxerre, des tracts communistes ont été découverts au petit matin.

- Dans la nuit du 13 au 14 juillet 1943, des tracts communistes ont été distribués à Auxerre, Joigny, Sens, Cheny, Charny, Laroche et Migennes, intitulés soit « Comités féminins de l'Yonne » soit « Le jeune patriote bourguignon », avec des exemplaires de « L'Avant-Garde », organe de la Fédération des jeunes communistes.

- Le 16 juillet 1943, vers trois heures moins le quart du matin, un avion anglais a lancé sur un quartier d'Auxerre une trentaine de tubes éclairants, trois de ces engins n'ayant pas pris feu.

- Le 13 août 1943, à 23h13, à 1300 mètres de la gare d'Auxerre, en direction de Cravant, un acte de sabotage a été commis sur la voie ferrée unique reliant Laroche à Clamecy, une explosion ayant détruit les rails sur 1 m 20 de longueur.

- Le 5 octobre 1943, entre 21h30 et 22h00, un soldat de l'armée allemande a été blessé de plusieurs coups de feu à Auxerre, alors qu'il se trouvait avec une fille.

- Dans la nuit du 11 au 12 octobre 1943, à Auxerre, ont été apposés sur plusieurs maisons de la ville des tracts anti-collaborationnistes de « l'Union des femmes pour la défense de la famille et la libération de la France », intitulés comme suit : « Non, ils n'auront pas les jeunes Françaises ».

- Le 30 octobre 1943, à Auxerre, un certain nombre de papillons ont été découverts dans les rues de la ville, libellés comme suit : « Collaborateurs, attention ! Votre sale besogne est terminée et bientôt ce sera le règlement de compte. Nous vous connaissons ! ».

- Dans la nuit du 1er au 2 novembre 1943, au hameau de Jonches à Auxerre, un acte de sabotage a été commis entre minuit et sept heures du matin sur les circuits téléphoniques allemands, à la sortie est dudit hameau.

- Le 4 novembre 1943, vers dix heures et demie du soir, une explosion a eu lieu sur la place du Marché à Auxerre, ceci près d'un transformateur électrique et devant les magasins Mathieu & Hayes appartenant à un certain Mathieu, membre du Parti populaire français. Des traces de sang relativement fraîches ont été trouvées dès le matin suivant sur la poignée de la porte d'entrée desdits magasins.

- Le 7 novembre 1943, à Auxerre, ont été trouvés des tracts communistes libellés comme suit : « 7 novembre 1943, vive le 26e anniversaire de la révolution russe, vive l'Armée rouge, vive son grand chef Staline, vive l'union des peuples libres ! ».

- Dans la nuit du 10 au 11 novembre 1943, à Auxerre, des tracts ont été diffusés en ville, s'adressant aux femmes et aux jeunes de l'Yonne, et des fleurs et un drapeau français tricolore ont été déposés au pied du monument aux morts de la ville, avec l'inscription suivante : « Le Front National, aux morts des deux guerres ».[2]

- Le 23 décembre 1943, à Auxerre, au courrier de neuf heures et demie du matin, douze gardes et gendarmes de la ville ont reçu chacun, sous enveloppe, une lettre ronéotypée expédiée la veille, à dix heures du soir, de la gare de Saint-Gervais, courrier émanant du Comité du Front national de l'Yonne et invitant les destinataires à désobéir aux ordres de leurs chefs et du gouvernement français.

- Dans la nuit du 23 au 24 décembre 1943, à Auxerre, ont été diffusés des papillons émanant du Comité féminin du Front national de l'Yonne.

- Le 28 décembre 1943, à Auxerre, des tracts ont été découverts au petit matin.

- Le 31 décembre 1943, à Auxerre, des tracts ont été découverts.

- Dans la nuit du 6 au 7 janvier 1944, à Auxerre, les vitres de la devanture du local occupé par le Rassemblement national populaire, en la rue de Paris, ont été brisées à l'aide d'une brique et d'une bûche.

- Dans la nuit du 26 au 27 janvier 1944, à Auxerre, un wagon de paille destinée aux troupes allemandes d'occupation a été détruit par le feu à la gare de Saint-Gervais.

- Le 4 février 1944, à Auxerre, toutes les vitres de la devanture du magasin de tissus Gauthereau, en la rue du Temple, ont été brisées par deux individus qui ont pris la fuite, ce geste ayant été accompli pour punir le propriétaire, Maurice Gauthereau, délégué du Groupe Collaboration d'Auxerre, qui avait apposé à la vitrine de son magasin une affiche annonçant une conférence de Jean-Hérold Paquis.

- Dans la nuit du 7 au 8 février 1944, à Auxerre, ont été brisées les vitres de la devanture du magasin Ducarme, situé en la rue de Paris, cette action ayant été accomplie pour nuire au propriétaire du magasin, René Ducarme, photographe et portraitiste, devenu le secrétaire général du Rassemblement national populaire.

- Le 28 février 1944, à Auxerre, un tract de la Résistance a été trouvé dans une rue de la ville.

- Le 19 mars 1944, à Auxerre, les soldats allemands d'occupation ont arrêté l'ajusteur Jean André Mulot, qui est mort le lendemain à la maison d'arrêt de la ville, étant de santé très précaire et soumis à un pneumothorax et à un traitement sévère dont il a été privé en prison.

- Dans la nuit du 21 au 22 mars 1944, à Auxerre, à la veille des obsèques de Jean André Mulot, des tracts signés du Front National ont été diffusés en ville, libellés comme suit : « Alerte à la population ! Patriotes, tous en masse à la levée du corps du jeune Mulot, jeudi, 9h46, avenue Jean-Jaurès, tué par les bourreaux nazis ».

- Le 25 mars 1944, à Auxerre, plusieurs vitres d'une verrière de l'immeuble situé au n° 5 de l'avenue Victor-Hugo ont été brisées par un jet de cailloux en provenance de l'avenue, cet immeuble abritant le logis du marchand de tissus Maurice Gauthereau, président du Groupe Collaboration.

- Le 27 mars 1944, en la rue des Prés-Coulons à Auxerre, un incendie criminel a éclaté dans un atelier de pressage à fourrage, détruisant une presse et son moteur électrique, une bascule et cent kilos de fils de fer à presse, ainsi que trente quintaux de foin et cinq cent quarante quintaux de paille appartenant au Ravitaillement général de l'Yonne, le tout pour une valeur estimée à 700. 000 francs.

- Le 27 avril 1944, à Auxerre, des tracts ont été lancés sur la ville par avion.

- Le 25 mai 1944, une importante formation d'avions anglo-américains a survolé le département de l'Yonne.

- Dans la nuit du 25 au 26 mai 1944, au palais de justice d'Auxerre, un appareil duplicateur Gestetner a été dérobé dans les bureaux du Commissariat départemental à la main-d'œuvre.

- Dans la nuit du 26 au 27 mai 1944, à Auxerre, deux machines à écrire Underwood et un appareil duplicateur Gestetner ont été volés dans les bureaux du Génie rural.

- Dans la nuit du 22 au 23 juin 1944, à Auxerre, des individus ont cambriolé le magasin de la compagnie de l'Yonne, dans la caserne Davout, après avoir escaladé la toiture et fracturé la porte d'entrée, et ils ont emporté dans deux automobiles qui étaient garées dans la rue tous les effets de drap kaki, tous les chandails et toutes les chemises, les chaussures et les vareuses de cuir qui s'y trouvaient.

- Le 25 juin 1944, à Auxerre, deux vagues d'avions ont bombardé la ville entre sept heures et demie et huit heures du soir, visant le pont Paul-Bert et la voie ferrée reliant Laroche à Avallon, ainsi que l'embranchement de la ligne allant d'Auxerre à Gien ; la cinquantaine de bombes de gros calibre qui a été lâchée sur la ville a fait jusqu’à trente-cinq morts et une trentaine de blessés, épargnant le pont Paul-Bert mais détruisant tout le quartier alentour, la voie ferrée visée étant coupée pour une durée indéterminée. Le même jour, au même moment, les avions anglo-américains ont bombardé également les deux villes de Sens et de Laroche-Migennes, ainsi que le pont de chemin de fer de Coulanges-sur-Yonne.

- Le 27 juin 1944, à 22h50, cinq individus armés de mitraillettes ont attaqué l'usine d'Augy, qui travaillait pour les troupes allemandes d'occupation, obligeant le veilleur de nuit à les mener au transformateur, qu'ils ont fait sauter, puis détruisant le moteur du car servant au transport des ouvriers, tous réduits de la sorte au chômage pour un temps indéterminé.

- Dans la nuit du 27 au 28 juin 1944, à Vaux, la mairie a été cambriolée par des individus armés, qui ont dérobé onze feuilles de tickets de pain et le cachet officiel du maire de la commune.

- Le 1er juillet 1944, au débit de tabac d'Augy, trois individus armés de révolvers se sont fait remettre cent paquets de tabac gris et cent trente paquets de cigarettes, payant toute leur marchandise et laissant au débiteur un bon de réquisition portant le cachet de « F.F.I, 3e section de l'Yonne ».

- Le 17 juillet 1944, entre 10h45 et 11h15, trois vagues d'avions anglo-américains ont bombardé la ville d'Auxerre, lâchant sur les quartiers sud et ouest de l'agglomération une cinquantaine de bombes qui ont fait onze blessés et détruit ou endommagé de nombreux immeubles, parvenant toutefois à couper la voie ferrée reliant Auxerre à la ville de Gien (Loiret).

 

Raymond Le Clercq, qui vivait à Auxerre pendant tous ces événements, s’était marié le samedi 26 juillet 1924, à la mairie du 4e arrondissement de Paris (Seine), avec Fernande Rachel Duchène, artiste peintre (1905-2001), fille de Cyrille Ferdinand Duchène (1882-1958), employé aux poudres, et de Maria Léontine Duvernet (1887-1970). Il en a eu cinq enfants, à savoir Roger François Yves Le Clercq (1925-2000), Daniel Raymond Le Clercq (1934-2005), Françoise Raymonde Jeannine Le Clercq, née en 1939, Anny Yvette Emilienne Le Clercq, née en 1943, puis Jeannine Josette Le Clercq (1945-1946).

 

3 - Fernande Rachel Duchène, artiste peintre, fille de Cyrille Ferdinand Duchène (1882-1958), employé au magasin des poudres, et de son épouse Maria Léontine Duvernet (1887-1970). Née quatre ans avant le mariage de ses parents, le lundi 3 avril 1905 dans le 14e arrondissement de Paris (Seine), elle a d’abord porté le nom de Duvernet, ne recevant celui de Duchène que lors de l’union de sa mère avec son géniteur le 17 avril 1909. À sa naissance, elle avait reçu pour second prénom celui de Rachel, en mémoire de la sage-femme juive qui l’avait mise au monde. Elle a été baptisée toutefois à l’âge de six ans sous les prénoms de Fernande Paulette, car le curé qui l’a tenue sur les fonts baptismaux a refusé de lui confirmer le prénom juif de Rachel ; celui-ci a été remplacé par Paulette puisque le parrain se prénommait Paul. Fernande Duchène est morte le lundi 4 juin 2001 au Thoureil (Maine-et-Loire). Elle avait épousé, le samedi 26 juillet 1924 en la mairie du 4e arrondissement de Paris, Corneille Edouard Raymond Le Clercq, entrepreneur en chauffage, plomberie et couverture (1899-1969), fils de François Pierre Le Clercq (1886-1973), entrepreneur en fonderie, et de Lambertine Marie Françoise Lambert (1878-1957).



[1] Archives départementales de l’Yonne, boîte 1 W 29.

[2] En 1943, le Front National était un mouvement de résistance, sans aucun rapport avec le parti politique actuel.

Génération III

 

4 - François Pierre Le Clercq, dit François Le Clercq, fils de Pierre François (1859-1918), et de Mathilde Berth (1859-1935), né à Lille (Nord) le lundi 11 janvier 1886, décédé le mardi 20 novembre 1973 et inhumé le samedi 24 novembre 1973 dans la même localité, marié le lundi 3 septembre 1906 à Lille (Nord) avec Lambertine Marie Françoise Lambert (1878-1957), fille de Jacques Edouard (1849-1904), et de Lambertine Julienne Lehousse (1852-1929) [1]. Ils eurent Corneille Edouard Raymond (1899-1969), Denise Marthe (1907-1993) et Corneille Edouard Raymond Le Clercq (1899-1969).

 

5 - Lambertine Marie Françoise Lambert, dite Lambertine Lambert, fille de Jacques Edouard (1849-1904), et de Lambertine Julienne Lehousse (1852-1929), née à Verviers (Liège (Belgique)) le samedi 24 août 1878, décédée à Lille (Nord) le mercredi 15 mai 1957, alliée hors mariage avec un dénommé Boudry, fils de Jules, et d'Alice Berte. Lambertine Marie Françoise s'est mariée le lundi 3 septembre 1906 à Lille (Nord) avec François Pierre Le Clercq (1886-1973), fils de Pierre François (1859-1918), et de Mathilde Berth (1859-1935). Ils ont eu Corneille Edouard Raymond (1899-1969), Denise Marthe (1907-1993) et Corneille Edouard Raymond Le Clercq (1899-1969).

 

6 - Cyrille Ferdinand Duchène, employé aux poudres, fils de Georges Rémi (1851-1892), et de Marie Françoise Estelle Guillardelle (°1854), né à Reims (Marne) le vendredi 27 octobre 1882, décédé à Paris (Seine), 11e arrondissement le dimanche 21 décembre 1958, inhumé à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Cyrille Ferdinand Duchène, qui a choisi pour prénom usuel celui de Fernand, n'a pas été élevé par sa mère après la mort de son père, mais d'abord par une tante pâternelle, religieuse à Reims, puis par une autre tante paternelle, qui était fermière. Il a été inhumé au cimetière d'Ivry-sur-Seine, situé au numéro 24 de la rue de Verdun, ceci sous la tombe numéro 27, dans la première ligne du rang numéro 16, marié le samedi 17 avril 1909 à Saint-Mard (Seine-et-Marne) avec Maria Léontine Duvernet (1887-1970), fille de François (1854-1928), chef de chantier (1894, Proissans), et d'Amélie Martin (1862-1954) [2]. De celle-ci naquit Fernande Rachel Duchène (1905-2001).

 

7 - Maria Léontine Duvernet, dite Maria Duvernet, fille de François (1854-1928), chef de chantier (1894, Proissans), et d'Amélie Martin (1862-1954), née à Donzenac (Corrèze) le vendredi 25 novembre 1887, décédée à Cannes (Alpes-Maritimes) le mardi 27 janvier 1970, mariée le samedi 17 avril 1909 à Saint-Mard (Seine-et-Marne) avec Cyrille Ferdinand Duchène, employé aux poudres (1882-1958), fils de Georges Rémi (1851-1892), et de Marie Françoise Estelle Guillardelle (°1854) [3]. Ils ont eu Fernande Rachel Duchène (1905-2001).

 



[1] Lambertine Marie Françoise s'est alliée hors mariage avec un dénommé Boudry, fils de Jules et d'Alice Berte.

[2] En 1924 : le couple separation.

[3]  id.

Génération IV

 

8 - Pierre François Le Clercq, fils de Pierre Prosper (1836-1906), et de Jeanne Françoise Verhulst (1830-1912), né à Gand (Flandre (Belgique)) le samedi 10 décembre 1859, décédé à Lille (Nord) le mardi 12 novembre 1918, marié le samedi 8 juillet 1882 à Lille (Nord) avec Mathilde Berth (1859-1935), fille d'Adrien, et de Rosalie van Haelter. Il en eut Mathilde (1882-1882), Jeannette Dorothée (°1884), François Pierre (1886-1973), Virginie Françoise (1887-1966) et Valentin Prosper Le Clercq (1890-1914).

 

9 - Mathilde Berth, fille d'Adrien, et de Rosalie van Haelter, née à Gand (Flandre (Belgique)) le lundi 28 novembre 1859, décédée à Lille (Nord) le lundi 16 décembre 1935, mariée le samedi 8 juillet 1882 à Lille (Nord) avec Pierre François Le Clercq (1859-1918), fils de Pierre Prosper (1836-1906), et de Jeanne Françoise Verhulst (1830-1912). De celle-ci naquirent Mathilde (1882-1882), Jeannette Dorothée (°1884), François Pierre (1886-1973), Virginie Françoise (1887-1966) et Valentin Prosper Le Clercq (1890-1914).

 

10 - Jacques Edouard Lambert, fils de Jacques Joseph (1803-1860), et d'Anne Josèphe Glaude (°1803), né à Verviers (Liège (Belgique)) le mardi 6 mars 1849, décédé à Lille (Nord) le dimanche 25 décembre 1904, jour de Noël, marié le samedi 1er mai 1875 à Wegnez (Liège (Belgique)) avec Lambertine Julienne Lehousse (1852-1929), fille de Jean Joseph (1808-1885), et de Jeanne Marie Hénon (1817-1892). Il en eut Maria (°1876), Lambertine Marie Françoise (1878-1957), Jeanne (°1880), Edouard Joseph (°1881), Mathieu Jean (°1883), Louise Thérèse (°1885), Emile Justin (°1885), Julienne Augustine (°1886), Marceau (1890-1957) et Jeanne Lambert (1892-1975).

 

11 - Lambertine Julienne Lehousse, fille de Jean Joseph (1808-1885), et de Jeanne Marie Hénon (1817-1892), née à Wegnez (Liège (Belgique)) le jeudi 17 juin 1852, décédée à Lille (Nord) le vendredi 22 mars 1929, mariée le samedi 1er mai 1875 à Wegnez (Liège (Belgique)) avec Jacques Edouard Lambert (1849-1904), fils de Jacques Joseph (1803-1860), et d'Anne Josèphe Glaude (°1803). Ils eurent Maria (°1876), Lambertine Marie Françoise (1878-1957), Jeanne (°1880), Edouard Joseph (°1881), Mathieu Jean (°1883), Louise Thérèse (°1885), Emile Justin (°1885), Julienne Augustine (°1886), Marceau (1890-1957) et Jeanne Lambert (1892-1975).

 

12 - Georges Rémi Duchène, fils de Jean Rémi François, et de Marie Barbe Pierron, né à Sainte-Vaubourg (Ardennes) le samedi 26 avril 1851, décédé à Reims (Marne) le dimanche 24 janvier 1892, marié le samedi 22 novembre 1873 à Sainte-Vaubourg (Ardennes) avec Marie Françoise Estelle Guillardelle (°1854), fille de Jean-Baptiste Edouard, et de Marie Antoinette Minder. De celle-ci naquirent Georges, Georgette et Cyrille Ferdinand Duchène (1882-1958).

 

13 - Marie Françoise Estelle Guillardelle, fille de Jean-Baptiste Edouard, et de Marie Antoinette Minder, née à Chuffilly-Roche (Ardennes) le mardi 26 décembre 1854, lendemain de Noël, mariée le samedi 22 novembre 1873 à Sainte-Vaubourg (Ardennes) avec Georges Rémi Duchène (1851-1892), fils de Jean Rémi François, et de Marie Barbe Pierron. Elle eut de son conjoint Georges, Georgette et Cyrille Ferdinand Duchène (1882-1958).

 

14 - François Duvernet, chef de chantier (1894, Proissans), fils de François, et de Marie Magistry, né à Reterre (Creuse) le samedi 25 novembre 1854, décédé à Melun (Seine-et-Marne) le mardi 24 juillet 1928, marié le samedi 3 juillet 1880 à Montvicq (Allier) avec Amélie Martin (1862-1954), fille d'Etienne, et de Marie Diat. Ils ont eu Marie Suzanne (1881-1952), Philippe François (1882-1940), Célestin (1884-1967), Maria Léontine (1887-1970), Madeleine et Léon Emile Duvernet (1894-1989). Mon arrière-grand-père, a écrit Roger Le Clercq, était un tailleur de pierres, en retraite, grand mangeur de fraises en particulier. Du centre de la France, il était monté en Seine et Marne avec une équipe de tacherons. Les piles en pierres de certains ponts enjambant la Seine autour de Paris sont de son fait... Les constructions pierres des casernes de Melun, aussi.

 

15 - Amélie Martin, fille d'Etienne, et de Marie Diat, née à Montvicq (Allier) le mercredi 17 septembre 1862, décédée à Melun (Seine-et-Marne) le mercredi 13 octobre 1954, mariée le samedi 3 juillet 1880 à Montvicq (Allier) avec François Duvernet, chef de chantier (1894, Proissans) (1854-1928), fils de François, et de Marie Magistry. Elle en eut Marie Suzanne (1881-1952), Philippe François (1882-1940), Célestin (1884-1967), Maria Léontine (1887-1970), Madeleine et Léon Emile Duvernet (1894-1989). Mon arrière-grand-mère, a écrit Roger Le Clercq, était une maîtresse femme: Elle faisait office de cantinière auprès des ouvriers de son mari, c'est à dire responsable du gîte et du couvert de ces derniers. Chaque matin, elle montait même à l'échelle pour leur apporter du café chaud. Quelques années plus tard, mon arrière-grand-mère était à l'agonie. Elle n'était pas croyante alors que sa fille Suzanne l'était. Pour que sa mère reçoive les derniers sacrements, elle lui dit : «Tiens, monsieur le curé qui passait devant la maison voudrait te dire bonjour. As-tu quelque chose à lui dire?». Aveugle mais pas sourde, elle répondit : «Oui, tu lui diras Merde.»

 

Génération V

 

16 - Pierre Prosper Le Clercq, fils de François (1807-1868), et de Félicité Adélaïde Eléonore Verpon (1808-1870), né à Gand (Flandre (Belgique)) le jeudi 12 mai 1836, décédé dans la même localité le lundi 29 janvier 1906, marié le mercredi 16 décembre 1857 à Gand (Flandre (Belgique)) avec Jeanne Françoise Verhulst (1830-1912), fille de Pierre François, et de Françoise Marie Cierckens. Il eut de sa conjointe François (1858-1940), Pierre François (1859-1918), Sylvestre (1862-1894), Dorothée (1863-1941), Gustave (1865-1936), Oscar (1867-1929), Jeanne Joséphine (1869-1950) et Charles Léandre Le Clercq (1871-1953).

 

17 - Jeanne Françoise Verhulst, fille de Pierre François, et de Françoise Marie Cierckens, née à Bruges (Flandre (Belgique)) le jeudi 4 mars 1830, décédée à Gand (Flandre (Belgique)) le vendredi 9 février 1912, mariée le mercredi 16 décembre 1857 à Gand (Flandre (Belgique)) avec Pierre Prosper Le Clercq (1836-1906), fils de François (1807-1868), et de Félicité Adélaïde Eléonore Verpon (1808-1870). Ils eurent François (1858-1940), Pierre François (1859-1918), Sylvestre (1862-1894), Dorothée (1863-1941), Gustave (1865-1936), Oscar (1867-1929), Jeanne Joséphine (1869-1950) et Charles Léandre Le Clercq (1871-1953).

 

18 - Adrien Berth, marié le mercredi 11 juin 1856 à Gand (Flandre (Belgique)) avec Rosalie van Haelter. Ils ont eu Mathilde Berth (1859-1935).

 

19 - Rosalie van Haelter, mariée le mercredi 11 juin 1856 à Gand (Flandre (Belgique)) avec Adrien Berth. Elle eut de celui-ci Mathilde Berth (1859-1935).

 

20 - Jacques Joseph Lambert, fils de Jean Joseph (1762-1818), et de Marie Lecrompt (°1763), né à Romsée (Liège (Belgique)) le dimanche 23 octobre 1803, décédé à Aix-la-Chapelle (Rhénanie (Allemagne)) le jeudi 26 avril 1860, marié le samedi 7 décembre 1839 à Verviers (Liège (Belgique)) avec Anne Josèphe Glaude (°1803), fille de Jean Laurent (1764-1849), et de Marie Hubertine Mairlot (1777-1856). De là naquirent Jean Joseph (1841-1844) et Jacques Edouard Lambert (1849-1904).

 

21 - Anne Josèphe Glaude, fille de Jean Laurent (1764-1849), et de Marie Hubertine Mairlot (†1856), née à Lambermont (Liège (Belgique)) le mardi 27 septembre 1803, mariée le samedi 7 décembre 1839 à Verviers (Liège (Belgique)) avec Jacques Joseph Lambert (1803-1860), fils de Jean Joseph (1762-1818), et de Marie Lecrompt (°1763). Elle eut de celui-ci Jean Joseph (1841-1844) et Jacques Edouard Lambert (1849-1904).

 

22 - Jean Joseph Dehousse, fils d'un homme inconnu, et de Marie Dehousse (°1778), né à Olne (Liège (Belgique)) le lundi 28 novembre 1808, décédé à Wegnez (Liège (Belgique)) le mercredi 9 décembre 1885, marié le samedi 7 février 1846 à Cornesse (Liège (Belgique)) avec Jeanne Marie Hénon (1817-1892), fille de Thomas Joseph (1784-1861), et de Jeanne Marie Bairin (1782-1856). Il eut de sa conjointe Jean Joseph (°1846), Marie Josèphe (°1848), Jean Joseph (1850-1851), Lambertine Julienne (1852-1929), Thérèse Josèphe Julienne (1855-1856), Thérèse Julienne (°1857) et Auguste Thomas Joseph Lehousse (°1859).

 

23 - Jeanne Marie Hénon, fille de Thomas Joseph (1784-1861), et de Jeanne Marie Bairin (1782-1856), née à Cornesse (Liège (Belgique)) le lundi 28 avril 1817, décédée à Hodimont (Liège (Belgique)) le jeudi 12 mai 1892, mariée le samedi 7 février 1846 à Cornesse (Liège (Belgique)) avec Jean Joseph Dehousse (1808-1885), fils d'un homme inconnu, et de Marie Dehousse (°1778). Elle en eut Jean Joseph (°1846), Marie Josèphe (°1848), Jean Joseph (1850-1851), Lambertine Julienne (1852-1929), Thérèse Josèphe Julienne (1855-1856), Thérèse Julienne (°1857) et Auguste Thomas Joseph Lehousse (°1859).

 

24 - Jean Rémi François Duchène, marié le jeudi 3 février 1848 à Brieulles-sur-Bar (Ardennes) avec Marie Barbe Pierron. Il en a eu Georges Rémi Duchène (1851-1892).

 

25 - Marie Barbe Pierron, mariée le jeudi 3 février 1848 à Brieulles-sur-Bar (Ardennes) avec Jean Rémi François Duchène. De là naquit Georges Rémi Duchène (1851-1892).

 

26 - Jean-Baptiste Edouard Guillardelle, marié le jeudi 22 juillet 1852 à Chuffilly-Roche (Ardennes) avec Marie Antoinette Minder. Il eut pour enfant Marie Françoise Estelle Guillardelle (°1854).

 

27 - Marie Antoinette Minder, mariée le jeudi 22 juillet 1852 à Chuffilly-Roche (Ardennes) avec Jean-Baptiste Edouard Guillardelle. Ils ont eu Marie Françoise Estelle Guillardelle (°1854).

 

28 - François Duvernet, marié le mardi 10 février 1852 à Reterre (Creuse) avec Marie Magistry. Ils ont eu François Duvernet (1854-1928).

 

29 - Marie Magistry, mariée le mardi 10 février 1852 à Reterre (Creuse) avec François Duvernet. Ils ont eu François Duvernet (1854-1928).

 

30 - Etienne Martin, marié le mardi 26 octobre 1847 à Deneuille (Allier) avec Marie Diat. Il en a eu Amélie Martin (1862-1954).

 

31 - Marie Diat, mariée le mardi 26 octobre 1847 à Deneuille (Allier) avec Etienne Martin. Elle eut de celui-ci Amélie Martin (1862-1954).

Génération VI

 

32 - François Le Clercq, fils d'Adam Jean-Baptiste (1780-1846), et de Catherine Cécile Gérardi (1781-1832), né à Gand (Flandre (Belgique)) le mercredi 25 novembre 1807, décédé dans la même localité en mars 1868, marié en août 1828 à Gand (Flandre (Belgique)) avec Félicité Adélaïde Eléonore Verpon (1808-1870), fille de Jean Joseph, et de Jeanne Pétronille Marist. Il en a eu Jeanne (1829-1830), Catherine Françoise (°1831), Henri (°1834), Pierre Prosper (1836-1906), un garçon (1838-1838), François Pierre (1840-1876), Félix Léopold (1842-1843), un garçon (1843-1843) et Marie Caroline Le Clercq (1845-1847).

 

33 - Félicité Adélaïde Eléonore Verpon, fille de Jean Joseph, et de Jeanne Pétronille Marist, née à Gand (Flandre (Belgique)) le dimanche 3 avril 1808, décédée dans la même localité le jeudi 17 mars 1870, mariée en août 1828 à Gand (Flandre (Belgique)) avec François Le Clercq (1807-1868), fils d'Adam Jean-Baptiste (1780-1846), et de Catherine Cécile Gérardi (1781-1832). Elle en a eu Jeanne (1829-1830), Catherine Françoise (°1831), Henri (°1834), Pierre Prosper (1836-1906), un garçon (1838-1838), François Pierre (1840-1876), Félix Léopold (1842-1843), un garçon (1843-1843) et Marie Caroline Le Clercq (1845-1847).

 

34 - Pierre François Verhulst, marié avec Françoise Marie Cierckens. Naquit de cette femme Jeanne Françoise Verhulst (1830-1912).

 

35 - Françoise Marie Cierckens, mariée avec Pierre François Verhulst. Elle eut de celui-ci Jeanne Françoise Verhulst (1830-1912).

 

40 - Jean Joseph Lambert, fils d'Henri, et de Catherine Cailloux, né en 1762, décédé à Romsée (Liège (Belgique)) le lundi 3 août 1818, marié avec Marie Lecrompt (°1763). Ils ont eu Henri François et Jacques Joseph Lambert (1803-1860).

 

41 - Marie Lecrompt, née en 1763, mariée avec Jean Joseph Lambert (1762-1818), fils d'Henri, et de Catherine Cailloux. Ils eurent Henri François et Jacques Joseph Lambert (1803-1860).

 

42 - Jean Laurent Glaude, fils de Jean Laurent, et de Catherine Laoureux, né en 1764, décédé à Verviers (Liège (Belgique)) le samedi 15 décembre 1849, marié avec Marie Hubertine Mairlot (1777-1856), fille de François, et de Marie Fauconnier. Il en eut Anne Josèphe (°1803), Servais Joseph (1813-1849) et Jean Martin Glaude (°1816).

 

43 - Marie Hubertine Mairlot, fille de François, et de Marie Fauconnier, baptisée à Jupille (Liège (Belgique)), le mercredi 2 avril 1777, décédée à Verviers (Liège (Belgique)) le vendredi 31 octobre 1856, mariée avec Jean Laurent Glaude (1764-1849), fils de Jean Laurent, et de Catherine Laoureux. Elle eut de son conjoint Anne Josèphe (°1803), Servais Joseph (1813-1849) et Jean Martin Glaude (°1816).

 

44 - un homme inconnu, allié hors mariage avec Marie Dehousse (°1778). De là naquit Jean Joseph Dehousse (1808-1885).

 

45 - Marie Dehousse, née en 1778, alliée hors mariage avec un dénommé un homme inconnu. Elle en a eu Jean Joseph Dehousse (1808-1885).

 

46 - Thomas Joseph Hénon, fils de Michel (†1795), et de Marguerite Winandy (†1794), né à Grand-Rechain (Liège (Belgique)) en 1784, décédé à Wegnez (Liège (Belgique)) le mercredi 20 novembre 1861, marié le vendredi 17 août 1810 à Cornesse (Liège (Belgique)) avec Jeanne Marie Bairin (1782-1856), fille de Jean François (1760-1805), et de Jeanne Delvaux (1760-1801). Il en a eu Michel (°1812), Thomas Joseph (°1815), Jeanne Marie (1817-1892) et Denis Hénon (°1821).

 

47 - Jeanne Marie Bairin, fille de Jean François (1760-1805), et de Jeanne Delvaux (1760-1801), née à Fosse (Liège (Belgique)) en 1782, décédée à Wegnez (Liège (Belgique)) le lundi 28 avril 1856, mariée le vendredi 17 août 1810 à Cornesse (Liège (Belgique)) avec Thomas Joseph Hénon (1784-1861), fils de Michel (†1795), et de Marguerite Winandy (†1794). Elle eut de celui-ci Michel (°1812), Thomas Joseph (°1815), Jeanne Marie (1817-1892) et Denis Hénon (°1821).

Génération VII

 

64 - Adam Jean-Baptiste Le Clercq, fils de Jean Emmanuel (1747-1823), et de Marie Elisabeth Arensdorff (†1804), né et baptisé le dimanche 6 février 1780 à Gand (Flandre (Belgique)), Saint-Michel-Nord, décédé dans la même localité le vendredi 10 juillet 1846, marié le samedi 7 février 1801 à Gand (Flandre (Belgique)) avec Catherine Cécile Gérardi (1781-1832), fille d'Adrien Bernard, et de Jeanne Maurus. Il en eut Jeanne Jacqueline (1801-1802), Pierre François (1802-1885), François Jean (1805-1807) et François Le Clercq (1807-1868). Adam Jean-Baptiste s'est marié une seconde fois le mercredi 23 novembre 1836 à Gand (Flandre (Belgique)) avec Aurélie van Belle, fille d'un homme inconnu, et de Caroline van Belle [1].

 

65 - Catherine Cécile Gérardi, fille d'Adrien Bernard, et de Jeanne Maurus, née et baptisée le jeudi 22 novembre 1781 à Gand (Flandre (Belgique)), Saint-Michel-Sud, décédée dans la même localité le mardi 17 juillet 1832, mariée le samedi 7 février 1801 à Gand (Flandre (Belgique)) avec Adam Jean-Baptiste Le Clercq (1780-1846), fils de Jean Emmanuel (1747-1823), et de Marie Elisabeth Arensdorff (1755-1804) [2]. Elle eut de son conjoint Jeanne Jacqueline (1801-1802), Pierre François (1802-1885), François Jean (1805-1807) et François Le Clercq (1807-1868).

 

66 - Jean Joseph Verpon, marié avec Jeanne Pétronille Marist. Il eut de sa conjointe Félicité Adélaïde Eléonore Verpon (1808-1870).

 

67 - Jeanne Pétronille Marist, mariée avec Jean Joseph Verpon. De celle-ci naquit Félicité Adélaïde Eléonore Verpon (1808-1870).

 

80 - Henri Lambert, marié avec Catherine Cailloux. Il eut de celle-ci Marie Catherine, Jean, Henri, Henri, Jean Joseph (1762-1818) et Henri Lambert.

 

81 - Catherine Cailloux, mariée avec Henri Lambert. Elle en eut Marie Catherine, Jean, Henri, Henri, Jean Joseph (1762-1818) et Henri Lambert.

 

84 - Jean Laurent Glaude, marié avec Catherine Laoureux. De celle-ci naquit Jean Laurent Glaude (1764-1849).

 

85 - Catherine Laoureux, mariée avec Jean Laurent Glaude. Ils ont eu Jean Laurent Glaude (1764-1849).

 

86 - François Mairlot, marié avec une demoiselle une femme inconnue (<1767). François s'est marié une seconde fois le vendredi 30 mai 1766 à Jupille (Liège (Belgique)) avec Marie Fauconnier . Il eut de celle-ci Lambert, Anne Jeanne, Marie Josèphe, Anne Catherine, Marie Hubertine (†1856), Marie Barbe, Jean François, Marie Jeanne et Marie Elisabeth Mairlot.

 

87 - Marie Fauconnier, dite Marie Josèphe Fonconier, née et décédée à Soumagne (Liège (Belgique)), mariée le vendredi 30 mai 1766 à Jupille (Liège (Belgique)) avec François Mairlot [3]. De là naquirent Lambert, Anne Jeanne, Marie Josèphe, Anne Catherine, Marie Hubertine (†1856), Marie Barbe, Jean François, Marie Jeanne et Marie Elisabeth Mairlot.

 

92 - Michel Hénon, décédé à Petit-Rechain (Liège (Belgique)) le dimanche 13 décembre 1795, marié le dimanche 13 février 1763 à Petit-Rechain (Liège (Belgique)) avec Marguerite Winandy (†1794). Naquit de cette femme Thomas Joseph Hénon (1784-1861).

 

93 - Marguerite Winandy, décédée à Petit-Rechain (Liège (Belgique)) le vendredi 28 mars 1794, mariée le dimanche 13 février 1763 à Petit-Rechain (Liège (Belgique)) avec Michel Hénon (†1795). Naquit de cette femme Thomas Joseph Hénon (1784-1861).

 

94 - Jean François Bairin, né en 1760, décédé à Fosse (Liège (Belgique)) le jeudi 28 février 1805, marié avec Jeanne Delvaux (1760-1801). Naquit de cette femme Jeanne Marie Bairin (1782-1856).

 

95 - Jeanne Delvaux, née à Fosse (Liège (Belgique)) en 1760, décédée dans la même localité le jeudi 7 mai 1801, mariée avec Jean François Bairin (1760-1805). De celle-ci naquit Jeanne Marie Bairin (1782-1856).



[1] Aurélie s'est alliée avec Charles Joseph Tierent.

[2] Adam Jean-Baptiste a épousé en 1836 Aurélie van Belle, fille d'un homme inconnu et de Caroline van Belle.

[3] François s'est allié avec une femme inconnue.

Génération VIII

 

128 - Jean Emmanuel Le Clercq, fils de Philippe Emmanuel, et de Barbe Foppens (†1802), baptisé à Bruxelles (Brabant (Belgique)), Sainte-Gudule, le mardi 29 août 1747, décédé à Gand (Flandre (Belgique)) le jeudi 25 septembre 1823. Jean Emmanuel Le Clercq était soldat dans un régiment luxembourgeois au service de l'Autriche, en garnison à la forteresse de la ville de Luxembourg, à savoir le régiment wallon de dragons du comte luxembourgeois Joseph de Saint-Ignon (1716-1779), né et mort à Bous près de Remich au Luxembourg, devenu colonel propriétaire de son régiment le 14 janvier 1759. Le régiment de Saint-Ignon a été en garnison à la forteresse de Luxembourg de 1763 à 1777, après avoir pris part à la guerre de Sept ans contre la France (1756-1763). Ses colonels commandants étaient le comte de Thiennes à partir de 1757, puis le baron Charles Joseph von Lilien à partir de 1773, et enfin le comte Léopold Longueval de Bucquoy à partir de 1777. L'uniforme du régiment était de couleur verte, avec des revers pompadour et des boutons jaunes, marié le vendredi 25 avril 1777 à Luxembourg ((Luxembourg)), Saint-Michel avec Marie Elisabeth Arensdorff (1755-1804), fille de Jean-Baptiste (1726-1782), rôtisseur et poissonnier au Pfaffenthal (17 06 1755, Luxembourg), et de Marie Hansen (1733-1800). Il eut de sa conjointe François Emmanuel (1778-1839), Adam Jean-Baptiste (1780-1846), Rose Françoise (°1783), Jeanne Thérèse (1785-1834), Apollonie (1788-1826), Marie-Anne Jacqueline (1790-1869), Colette Jossine (1792-1798) et Pierre Le Clercq (1796-1797). Jean Emmanuel s'est marié une seconde fois le mercredi 28 août 1805 à Gand (Flandre (Belgique)) avec Anne Pétronille Jossine Goossens (°1753), fille de Pierre Jacques, et d'Anne Pétronille Knockaert.

 

129 - Marie Elisabeth Arensdorff, fille de Jean-Baptiste (1726-1782), rôtisseur et poissonnier au Pfaffenthal (17 06 1755, Luxembourg), et de Marie Hansen (†1800), baptisée à Luxembourg ((Luxembourg)), Saint-Michel, le jeudi 3 juillet 1755, décédée à Gand (Flandre (Belgique)) le lundi 10 décembre 1804, mariée le vendredi 25 avril 1777 à Luxembourg ((Luxembourg)), Saint-Michel avec Jean Emmanuel Le Clercq (1747-1823), fils de Philippe Emmanuel, et de Barbe Foppens (1717-1802) [1]. Elle en eut François Emmanuel (1778-1839), Adam Jean-Baptiste (1780-1846), Rose Françoise (°1783), Jeanne Thérèse (1785-1834), Apollonie (1788-1826), Marie-Anne Jacqueline (1790-1869), Colette Jossine (1792-1798) et Pierre Le Clercq (1796-1797).

 

130 - Adrien Bernard Gérardi, marié avec Jeanne Maurus. Il eut de sa conjointe Catherine Cécile Gérardi (1781-1832).

 

131 - Jeanne Maurus, mariée avec Adrien Bernard Gérardi. Elle eut de celui-ci Catherine Cécile Gérardi (1781-1832).



[1] Jean Emmanuel a épousé en 1805 Anne Pétronille Jossine Goossens, fille de Pierre Jacques et d'Anne Pétronille Knockaert.

Génération IX

 

256 - Philippe Emmanuel Le Clercq, marié le mercredi 20 mai 1739 à Bruxelles (Brabant (Belgique)), Sainte-Catherine avec Barbe Foppens (1717-1802), fille de Guillaume, et d'Isabelle Cuchette. De celle-ci naquirent Barbe, Jean Emmanuel (†1823) et Joseph Marie Le Clercq.

 

257 - Barbe Foppens, fille de Guillaume, et d'Isabelle Cuchette, baptisée à Bruxelles (Brabant (Belgique)), Notre-Dame-de-la-Chapelle, le mardi 10 août 1717, décédée à Gand (Flandre (Belgique)) le dimanche 4 juillet 1802, mariée le mercredi 20 mai 1739 à Bruxelles (Brabant (Belgique)), Sainte-Catherine avec Philippe Emmanuel Le Clercq. Elle eut de celui-ci Barbe, Jean Emmanuel (†1823) et Joseph Marie Le Clercq.

 

258 - Jean-Baptiste Arensdorff, rôtisseur et poissonnier au Pfaffenthal (17 06 1755, Luxembourg), fils de Jean Antoine (1693-1752), cabaretier (24 08 1740, Luxembourg), meunier banal du moulin royal de Steinsel (25 11 1744, Steinsel), et de Marie Madeleine Havelange (>1754), baptisé à Soleuvre ((Luxembourg)), le samedi 6 avril 1726, décédé à Luxembourg ((Luxembourg)), Saint-Michel le mardi 28 mai 1782. Le 17 juin 1755, Jean-Baptiste Arensdorff, demeurant au Pfaffenthal, a été admis à la bourgeoisie de la ville de Luxembourg comme rôtisseur, marié le mercredi 9 janvier 1754 à Steinsel ((Luxembourg)) avec Marie Hansen (1733-1800), fille de Jean (1699->1754), et de Marie Hoffman. Il en eut Marie Elisabeth (†1804), Jean-Baptiste, Jean, Jean Michel, Anne Marie (†1800), Jean et Jean Georges Arensdorff.

 

259 - Marie Hansen, fille de Jean (1699->1754), et de Marie Hoffman, baptisée à Steinsel ((Luxembourg)), Heisdorf, le mercredi 3 juin 1733, décédée à Luxembourg ((Luxembourg)), Pfaffenthal le mercredi 17 septembre 1800, baptisée sous le prénom unique de Marie, Marie Hansen s'est fait connaître plus tard sous les prénoms de Marie Anne, mariée le mercredi 9 janvier 1754 à Steinsel ((Luxembourg)) avec Jean-Baptiste Arensdorff, rôtisseur et poissonnier au Pfaffenthal (17 06 1755, Luxembourg) (1726-1782), fils de Jean Antoine (1693-1752), cabaretier (24 08 1740, Luxembourg), meunier banal du moulin royal de Steinsel (25 11 1744, Steinsel), et de Marie Madeleine Havelange (1693->1754). Elle en a eu Marie Elisabeth (†1804), Jean-Baptiste, Jean, Jean Michel, Anne Marie (†1800), Jean et Jean Georges Arensdorff.

Génération X

 

514 - Guillaume Foppens, marié avec Isabelle Cuchette. De celle-ci naquit Barbe Foppens (†1802).

 

515 - Isabelle Cuchette, mariée avec Guillaume Foppens. Elle eut de son conjoint Barbe Foppens (†1802).

 

516 - Jean Antoine Arensdorff, dit Jean-Baptiste Arensdorff, cabaretier (24 08 1740, Luxembourg), meunier banal du moulin royal de Steinsel (25 11 1744, Steinsel), fils de Jean (~1656->1742), laboureur à Soleuvre et tenancier des deux maisons Schut, échevin de la haute justice de Soleuvre et de Differdange, receveur de la seigneurie de Sanem (1700, Sanem), échevin de la justice foncière de Differdange et de Soleuvre (1715), et de Marie Agnès Cappellen (<1742), baptisé à Soleuvre ((Luxembourg)), le jeudi 15 janvier 1693, décédé à Steinsel ((Luxembourg)) le dimanche 6 février 1752. Jean Antoine Arensdorff a eu pour parrain et marraine Jean Kerschenmeyer, de Bascharage, et Marie Marx, de Soleuvre.

Le 21 juin 1719, Jean Arensdorff a cédé à son fils Jean Antoine Arensdorff et à sa bru Marie Madeleine Havelange sept chevaux, deux chariots, deux charrues et une vingtaine de maldres de grains, pour clore le différend opposant le père et son fils à propos de la dot de ladite Marie Madeleine Havelange, que le père aurait accaparée.

Le 25 septembre 1719, Jean Antoine Arensdorff a reçu de ses parents la grande maison Schutz de Soleuvre, ses parents ayant décidé de se retirer dans la petite maison Schutz leur appartenant également [notaire Ablet, acte numéro 24 (Luxembourg)].

Le 29 novembre 1723, Jean Antoine Arensdorff a emprunté la somme de 280 florins à l'hospice Saint-Jean de Luxembourg.

Le 15 décembre 1738, Jean Antoine Arensdorff a quitté Soleuvre et s'est installé avec sa famille dans la vouerie de Thielen à Helmsange, dépourvue d'exploitant depuis la mort de Jacques Niedercorn le 30 juin précédent.

Le 3 avril 1739, après la mort de son beau-frère Jacques Niedercorn (le 30 juin 1738), Jean Antoine Arensdorff a reçu en location la vouerie de Thielen de ses beaux-frères et belles-sœurs, héritiers des défunts Ambroise Havelange et Marie Rose Strabius, à charge pour lui de loger, nourrir et vêtir sa belle-mère Marie Rose Strabius et ses deux belle-sœurs Alexie Havelange, veuve dudit Jacques Niedercorn, et Suzanne Havelange, frappée d'imbécillité.

En 1740, Jean Antoine Arensdorff a cédé à son beau-frère Jean Kolber le bail de la vouerie de Thielen qu'il avait reçu un an plus tôt, à charge pour le nouveau locataire de continuer de loger sa belle-mère Marie Rose Strabius et ses belle-sœurs Alexie Havelange, veuve dudit Jacques Niedercorn, et Suzanne Havelange, frappée d'imbécillité.

Le 23 août 1740, Jean Antoine Arensdorff et son épouse Marie Madeleine Havelange ont vendu à la baronne Marie Marguerite Sibylle d'Arnould et de Soleuvre, pour le prix de 2100 écus, la grande maison Schutz de Soleuvre et toutes ses dépendances.

Le 24 août 1740, Jean Antoine Arensdorff et sa femme Marie Madeleine Havelange ont acheté au boulanger Jean Martin Herman et à son épouse Jeanne Craus, pour le prix de 1180 écus, une maison de commerce et d'habitation située au Pfaffenthal, près de la porte d'Eich, avec deux jardins attenants, à charge pour les nouveaux propriétaires de rembourser en plus, à André Colter, la somme de 600 écus que cet homme avait prêtée aux vendeurs de ladite maison [livre de la justice foncière de Luxembourg].

Le 19 septembre 1740, Jean Antoine Arensdorff, natif de Soleuvre, a été reçu bourgeois de la ville de Luxembourg, ceci comme marchand [livre des bourgeois de la ville de Luxembourg].

Le 15 juin 1741, Jean Antoine Arensdorff et son épouse Marie Madeleine Havelange ont acquis une ferme sise à Bascharage (Niederkerschen), à charge pour eux de rembourser les dettes grevant ladite ferme [notaire Jeanson (Luxembourg)].

Le 14 juin 1742, en paiement des charges pesant sur la maison et sur la ferme qu'il a acquises avec sa femme en 1741, Jean Antoine Arensdorff, assisté de son père Jean Arensdorff de Soleuvre et de son fils aîné Jean Antoine Arensdorff, a cédé à ses créanciers la vouerie Jangen située à Soleuvre, provenant de la succession de sa défunte mère Marie Agnès Cappellen [notaire Spyr, acte numéro 121 (Luxembourg)].

Le 8 janvier 1744, leur fils aîné Jean Antoine Arensdorff et son épouse Suzanne Grünewaldt étant accablés par les huissiers de justice exigeant le paiement des intérêts des dettes grevant le moulin royal de Steinsel, Jean Antoine Arensdorff et sa femme Marie Madeleine Havelange ont décidé de se charger de ce paiement [notaire Spyr, acte numéro 7 (Luxembourg)].

Le 7 novembre 1744, pour aider leur fils aîné Jean Antoine Arensdorff en difficulté, Jean Antoine Arensdorf et sa femme Marie Madeleine Havelange ont emprunté à Toussaint Laurent de Mignon et à son épouse Marguerite Lejeune la somme de 1120 florins, en échange d'une rente annuelle de 70 florins, garantie par l'hypothèque de leur maison du Pfaffenthal et de leur bail perpétuel du moulin royal de Steinsel.

Le 25 novembre 1744, leur fils aîné Jean Antoine Arensdorff et son épouse Suzanne Grünewaldt étant incapable d'honorer leurs dettes, Jean Antoine Arensdorff et sa femme Marie Madeleine Havelange a repris à leur compte le bail éternel du moulin royal de Steinsel, à charge pour eux de payer les dettes grevant ce moulin [notaire Jempers, acte numéro 142 (Luxembourg)].

Le 1er décembre 1748, Jean Antoine Havelange et son épouse Marie Madeleine Havelange ont vendu leur maison de commerce et d'habitation située au Pfaffenthal à Luxembourg, ceci à leurs locataires et pour le prix de 155 écus, à charge pour les nouveaux propriétairs de rembourser en outre toutes les dettes des vendeurs.

Le 18 septembre 1749, Jean Antoine Havelange a fait expertiser la digue du moulin royal de Steinsel par les deux charpentiers Nicolas Didenhoffen et Jean Mulenbach, domiciliés en la ville de Luxembourg.

Jean Antoine Arensdorff est décédé sous le prénom composé de Jean-Baptiste, marié le dimanche 3 mars 1715 à Steinsel ((Luxembourg)), après avoir fait rédiger un contrat, le vendredi 22 février 1715, à Luxembourg ((Luxembourg)), maître Ordi avec Marie Madeleine Havelange (1693->1754), fille d'Ambroise (~1632-1728), bailli de la seigneurie de Heisdorf, et de Marie Rose Strabius (~1663-1743). Il en eut Jean Antoine (†1764), Jean Ambroise, Anne Catherine (†1752), Charles Joseph, Jean-Baptiste (>1754), Jean-Baptiste (†1782), Jean Philippe (†1740), Marie Rose, Suzanne et Marie Anne Arensdorff (†1752).

 

517 - Marie Madeleine Havelange, fille d'Ambroise (~1632-1728), bailli de la seigneurie de Heisdorf, et de Marie Rose Strabius (~1663-1743), baptisée à Luxembourg ((Luxembourg)), Saint-Nicolas, le mercredi 22 juillet 1693, citée en 1754. Le 7 novembre 1754, Marie Madeleine Havelange, veuve de Jean Antoine Arensdorff, demeurant chez son fils Jean-Baptiste Arensdorff, instituteur en la ville de Luxembourg, a cédé à celui-ci la plupart de ses revenus provenant du bail perpétuel du moulin royal de Steinsel, à charge pour son fils de la loger, nourrir et soigner jusqu'à la fin de ses jours [livre de la justice foncière de Luxembourg], mariée le dimanche 3 mars 1715 à Steinsel ((Luxembourg)), après avoir fait rédiger un contrat, le vendredi 22 février 1715, à Luxembourg ((Luxembourg)), maître Ordi avec Jean Antoine Arensdorff, cabaretier (24 08 1740, Luxembourg), meunier banal du moulin royal de Steinsel (25 11 1744, Steinsel) (1693-1752), fils de Jean (~1656->1742), laboureur à Soleuvre et tenancier des deux maisons Schut, échevin de la haute justice de Soleuvre et de Differdange, receveur de la seigneurie de Sanem (1700, Sanem), échevin de la justice foncière de Differdange et de Soleuvre (1715), et de Marie Agnès Cappellen (<1742). Ils eurent Jean Antoine (†1764), Jean Ambroise, Anne Catherine (†1752), Charles Joseph, Jean-Baptiste (>1754), Jean-Baptiste (†1782), Jean Philippe (†1740), Marie Rose, Suzanne et Marie Anne Arensdorff (†1752).

 

518 - Jean Hansen, fils de Dominique, et de Madeleine Hansen (†1754), baptisé à Steinsel ((Luxembourg)), Heisdorf, le jeudi 24 septembre 1699, vivait encore en 1754, marié le dimanche 25 janvier 1722 à Steinsel ((Luxembourg)) avec Catherine Olinger (~1698-1728). De là naquit Madeleine Hansen (†1755). Jean s'est marié une seconde fois le samedi 29 janvier 1729 à Steinsel ((Luxembourg)) avec Marie Hoffman, fille de Théodore, et de Marie Schmitz. Naquirent de celle-ci Elisabeth, Marie (†1731), Marie (†1800) et Marguerite Hansen.

 

519 - Marie Hoffman, fille de Théodore, et de Marie Schmitz, mariée le samedi 29 janvier 1729 à Steinsel ((Luxembourg)) avec Jean Hansen (1699->1754), fils de Dominique, et de Madeleine Hansen (1678-1754) [1]. Ils eurent Elisabeth, Marie (†1731), Marie (†1800) et Marguerite Hansen.



[1] Jean a épousé en 1722 Catherine Olinger, qui lui a donné Madeleine Hansen.

Génération XI

 

1032 - Jean Arensdorff, laboureur à Soleuvre et tenancier des deux maisons Schut, échevin de la haute justice de Soleuvre et de Differdange, receveur de la seigneurie de Sanem (1700, Sanem), échevin de la justice foncière de Differdange et de Soleuvre (1715), fils d'un homme nommé (°~1635), bourgeois de la franchise de Bascharage, né à Bascharage ((Luxembourg)) vers 1656, vivait encore en 1742. Jean Arensdorff a résidé temporairement au château de Sanem, pendant qu'il exerçait la fonction de receveur de la seigneurie de Sanem.

Le 8 mai 1697, devant maître Jean Pierre Sassenheim, notaire à Sanem, Reine Arensdorff a conclu un contrat de mariage avec Dominique Wirtz en présence de ses frères Jean Arensdorff, de Soleuvre, et Nicolas Arensdorff, de Garnich, et de ses beaux-frères Nicolas Fischbach et Nicolas Decker, tous deux de Kayl.

Le 31 mars 1699, devant maître François Mathias Degen, notaire, Jean Arensdorff et son épouse Marie Agnès Cappellen ont chargé leur beau-frère Nicolas Decker de vendre leurs biens immobiliers situés à Cattenom (en France).

Le 3 juillet 1700, le collège du mayeur et des échevins de la justice foncière de Limpach ont délivré un acte de notoriété affirmant que le défunt suffragant Nicolas Arensdorff, mort en 1620, était natif du village d'Arensdorff à Limpach, tout en reconnaissant la qualité d'héritier dudit défunt à Nicolas Arensdorff, demeurant à Munster (en Allemagne), Jean Arensdorff, résidant au château de Sanem, et Pierre Krieger, domicilié à Sprinckange, mais non à Nicolas Hansen, de Tétange, Jean Arensdorff, de Kanfen (en France), et Mathias Trees, de Schoenfels.

Le 21 juin 1719, Jean Arensdorff a cédé à son fils Jean Antoine Arensdorff et à sa bru Marie Madeleine Havelange sept chevaux, deux chariots, deux charrues et une vingtaine de maldres de grains, pour clore le différend opposant le père et son fils à propos de la dot de ladite Marie Madeleine Havelange, que le père aurait accaparée.

Le 25 septembre 1719, Jean Arensdorff et son épouse Marie Agnès Cappellen ont donné à leur fils Jean Antoine Arensdorff et à son épouse Marie Madeleine Havelange la grande maison Schutz de Soleuvre, ayant décidé de se retirer dans la petite maison Schutz leur appartenant également [notaire Ablet, acte numéro 24 (Luxembourg)].

Le 14 juin 1742, Jean Arensdorff, de Soleuvre, a assisté son fils Jean Antoine Arensdorff lorsque celui-ci a cédé à ses créanciers la vouerie Jangen située à Soleuvre, provenant de la succession de feu Marie Agnès Cappellen [notaire Spyr, acte numéro 121 (Luxembourg)], marié avec Marie Agnès Cappellen (<1742). De celle-ci naquirent Anne Elisabeth (°~1688), Marie (°~1690) et Jean Antoine Arensdorff (†1752).

 

1033 - Marie Agnès Cappellen, morte dès 1742. Marie Agnès Cappellen apparaît aussi sous le nom de famille de Cappel, mais elle signait "Cappellen".

Marie Agnès Cappellen était héritière de la vouerie Jangen à Soleuvre, mariée avec Jean Arensdorff, laboureur à Soleuvre et tenancier des deux maisons Schut, échevin de la haute justice de Soleuvre et de Differdange, receveur de la seigneurie de Sanem (1700, Sanem), échevin de la justice foncière de Differdange et de Soleuvre (1715) (~1656->1742), fils d'un homme nommé (°~1635), bourgeois de la franchise de Bascharage. Elle en a eu Anne Elisabeth (°~1688), Marie (°~1690) et Jean Antoine Arensdorff (†1752).

 

1034 - Ambroise Havelange, bailli de la seigneurie de Heisdorf, né vers 1632, décédé à Helmsange ((Luxembourg)) le samedi 1er mai 1728. Le 29 septembre 1669, Ambroise Havelange a reçu de la baronne Marie Sidonie de Beck, comtesse de Schellart, dans le testament qu'elle a fait ce jour-là, la somme de cent patagons et un habit de deuil.

Le 20 janvier 1674, devant un notaire de Heisdorf, Ambroise Havelange a reçu en don à son beau-père Arnould Heuvart la part de la seigneurie luxembourgeoise de Walferdange que celui-ci avait achetée le 4 septembre 1665 au seigneur de Roussy.

Le 18 avril 1676, Ambroise Havelange est devenu tenancier de la vouerie luxembourgeoise de Thielen située à Helmsange, qu'il a aussitôt louée pour douze ans à divers habitants dudit lieu de Helmsange.

Le 9 juin 1676, Ambroise Havelange a obtenu de son beau-père Arnould Heuvart des terres et des créances d'une valeur globale de 1400 écus.

Le 29 octobre 1678, Ambroise Havelange a acheté au meunier Didier Kriebs, pour le prix de 480 écus, une petite maison située en la rue Philippe II en la ville de Luxembourg, à côté de celle que son beau-père Arnould Heuvart avait achetée le 12 octobre 1677.

Le 24 octobre 1686, avec sa belle-sœur Anne Marie Heuvart, Ambroise Havelange a acheté pour le prix de 1350 florins des biens situés à Hunsdorf.

Le 23 février 1698, Ambroise Havelange a acheté une maisonnette située près du village de Lorentzweiler et d'un neuvième du domaine agricole de Briefmeyers à Bofferdange.

Le 24 septembre 1700, Ambroise Havelange a utilisé une somme de mille écus que son épouse Marie Rose Strabius avait héritée de son défunt oncle Paul Klepper, curé et doyen de Remich, pour acheter une cense située à Gosseldange.

Le 16 octobre 1700, par une sentence du conseil provincial de Luxembourg, Ambroise Havelange a été enjoint de n'envoyer à la vaine pâture qu'un nombre de bêtes égal à celui imparti aux autres habitants du village de Helmsange, ceux-ci ayant porté plainte contre lui pour usage excessif de ce droit, marié en 1673, après avoir établi un contrat, le mercredi 1er février 1673, maître Guillaume Adami ((Luxembourg)) [1] avec Catherine Heuvart (<1686), fille d'Arnould, mayeur de Hunsdorf (Hunsdorf), et de Marguerite Kauffman. Naquirent de celle-ci Charles Joseph (>1701), Jean, Catherine, François Gaspard, Anne Sophie et Jean Bernard Havelange (>1720). Ambroise s'est marié une seconde fois le mardi 1er mai 1685 à Luxembourg ((Luxembourg)), Saint-Nicolas avec Marie Rose Strabius (~1663-1743), fille de Jean (<1691), notaire et bailli de la seigneurie du Mont-Saint-Jean (Luxembourg), et d'Eve Klepper (>1701). Il en eut Jean Ambroise (†1740), Jeanne, Marie Madeleine (>1754), Suzanne (>1740), Jean Guillaume (†1697), Marie Jeanne, Alexie, Marie Marguerite (†1726), Marie Elisabeth, Jean Didier et Anne Marie Havelange.

 

1035 - Marie Rose Strabius, fille de Jean (<1691), notaire et bailli de la seigneurie du Mont-Saint-Jean (Luxembourg), et d'Eve Klepper (>1701), née à Luxembourg ((Luxembourg)) vers 1663, décédée à Helmsange ((Luxembourg)) le dimanche 20 janvier 1743. Le 24 septembre 1727, les héritiers des défunts Jean Strabius et Eve Klepper, à savoir leurs deux fils Jean Pierre Strabius et Jean Paul Strabius, leurs deux filles Marguerite Strabius et Marie Rose Strabius, et leurs petits-enfants Jean Redingh, Théodore Redingh, Jean-Baptiste Nauw et Marie Rose Nauw, issus des deux lits de leur défunte fille Marie Elisabeth Strabius, ont vendu au menuisier Charles Louis, pour le prix de 670 écus, une maison située en la rue de la Loge à Luxembourg, mariée le mardi 1er mai 1685 à Luxembourg ((Luxembourg)), Saint-Nicolas avec Ambroise Havelange, bailli de la seigneurie de Heisdorf (~1632-1728) [2]. Elle en eut Jean Ambroise (†1740), Jeanne, Marie Madeleine (>1754), Suzanne (>1740), Jean Guillaume (†1697), Marie Jeanne, Alexie, Marie Marguerite (†1726), Marie Elisabeth, Jean Didier et Anne Marie Havelange.

 

1036 - Dominique, marié avec Madeleine Hansen (1678-1754), fille de Mathias (~1639-1709) [3]. Ils ont eu Jean Hansen (>1754).

 

1037 - Madeleine Hansen, fille de Mathias (~1639-1709) et de Madeleine, sa femme (~1649-1709), baptisée à Steinsel ((Luxembourg)), Heisdorf, le mercredi 3 août 1678, décédée dans la même localité le mercredi 31 juillet 1754, mariée avec un dénommé Dominique. Ils ont eu Jean Hansen (>1754). Madeleine s'est mariée une seconde fois avec Valentin Stolzenburg. Ils eurent Catherine, Mathias, Anne Marie, François, Marie Catherine (†1738), Eustache et Marie Hansen.

 

1038 - Théodore Hoffman, marié avec Marie Schmitz. Il eut de sa conjointe Marie Hoffman.

 

1039 - Marie Schmitz, mariée avec Théodore Hoffman. Ils ont eu Marie Hoffman.



[1] AN Luxembourg, minutier de Guillaume Adami, acte n° 3 de 1680 (copie d'un acte du 1er février 1673).

[2] Ambroise a épousé en 1673 Catherine Heuvart, fille d'Arnould et de Marguerite Kauffman, qui lui a donné Charles Joseph, Jean, Catherine, François Gaspard, Anne Sophie et Jean Bernard Havelange.

[3] Madeleine s'est alliée avec Valentin Stolzenburg, qui lui a donné Catherine, Mathias, Anne Marie, François, Marie Catherine, Eustache et Marie Hansen.

Génération XII

 

2064 - un homme nommé Arensdorff, bourgeois de la franchise de Bascharage, fils de Nicolas (~1610->1679), mayeur nouveau-bourguignon de la franchise de Bascharage (1662), et d'une femme nommée Becker, né à Bascharage ((Luxembourg)) vers 1635, père de Marguerite, Suzanne (†1736), Marie (>1715), Jean (~1656->1742), Reine (~1664-<1717), Jeanne (°~1668) et Nicolas Arensdorff (~1670->1712).

 

2070 - Jean Strabius, notaire et bailli de la seigneurie du Mont-Saint-Jean (Luxembourg), fils de Pierre. Ne vivait plus en 1691. Le 30 mars 1688, dans les livres de la justice foncière de la ville de Luxembourg, le seigneur de Boland a fait enregistrer une sentence du conseil provincial luxembourgeois interdisant à Jean Strabius de vendre ou louer ses immeubles jusqu'à la restitution de la moitié des revenus de la seigneurie du Mont-Saint-Jean, marié le samedi 25 septembre 1660 à Luxembourg ((Luxembourg)), Saint-Michel avec Eve Klepper (>1701), fille de Jean, notaire et bailli de la seigneurie du Mont-Saint-Jean (Luxembourg) [1]. Il eut de sa conjointe Marie Elisabeth (<1727), Marguerite (>1727), Marie Rose (~1663-1743), Jean Pierre (>1727) et Jean Paul Strabius (>1727).

 

2071 - Eve Klepper, fille de Jean, notaire et bailli de la seigneurie du Mont-Saint-Jean (Luxembourg), citée en 1701, mariée le samedi 25 septembre 1660 à Luxembourg ((Luxembourg)), Saint-Michel avec Jean Strabius, notaire et bailli de la seigneurie du Mont-Saint-Jean (Luxembourg) (<1691), fils de Pierre. Elle en a eu Marie Elisabeth (<1727), Marguerite (>1727), Marie Rose (~1663-1743), Jean Pierre (>1727) et Jean Paul Strabius (>1727). Eve s'est mariée une seconde fois avec Jean Gérard Weis, procureur (1691, Luxembourg) (>1691).

 

2074 - Mathias Hansen, fils de Dominique (~1598-1698), né vers 1639, décédé à Steinsel ((Luxembourg)), Heisdorf le mardi 27 août 1709, marié avec une demoiselle Madeleine (~1649-1709). Il en a eu Hubert et Madeleine Hansen (†1754).

 

2075 - Madeleine, née vers 1649, décédée à Steinsel ((Luxembourg)), Heisdorf le samedi 7 septembre 1709, veille de la fête de la Nativité de la Sainte-Vierge, mariée avec Mathias Hansen (~1639-1709), fils de Dominique (~1598-1698). Ils ont eu Hubert et Madeleine Hansen (†1754).



[1] Eve s'est alliée avec Jean Gérard Weis, procureur (1691, Luxembourg).

Génération XIII

 

4128 - Nicolas Arensdorff, mayeur nouveau-bourguignon de la franchise de Bascharage (1662), fils de Nicolas (~1585-<1677), vice-mayeur vieux-bourguignon de la franchise de Bascharage (1632), né à Bascharage ((Luxembourg)) vers 1610, vivait encore en 1679. Ayant longtemps vécu dans la maison Beckers à Bascharage, Nicolas Arensdorff a été conu localement sous le nom de Nicolas Becker.

Le 21 juin 1679, le mayeur Nicolas Arensdorff a racheté aux héritiers Wollschläger deux créances que ceux-ci avaient sur Jean Boes, de Bascharage, marié avec une femme nommée Becker. Il en a eu un homme nommé Arensdorff (°~1635).

 

4129 - une femme nommée Becker, mariée avec Nicolas Arensdorff, mayeur nouveau-bourguignon de la franchise de Bascharage (1662) (~1610->1679), fils de Nicolas (~1585-<1677), vice-mayeur vieux-bourguignon de la franchise de Bascharage (1632). Elle en a eu un homme nommé Arensdorff (°~1635).

 

4140 - Pierre Strab, père de Jean Strabius (<1691).

 

4142 - Jean Klepper, notaire et bailli de la seigneurie du Mont-Saint-Jean (Luxembourg), père de Paul (<1700) et Eve Klepper (>1701).

 

4148 - Dominique Hansen, né vers 1598, décédé à Steinsel ((Luxembourg)), Heisdorf le lundi 13 janvier 1698. Dominique Hansen résidait au village de Heisdorf, synodale de la paroisse de Steinsel, père de Mathias Hansen (~1639-1709).

Génération XIV

 

8256 - Nicolas Arensdorff, vice-mayeur vieux-bourguignon de la franchise de Bascharage (1632), fils de Jacques (~1560->1613), bourgeois de la franchise de Bascharage (1613), né à Bascharage ((Luxembourg)) vers 1585, mort dès 1677. Nicolas Arensdorff était connu sous le surnom de "Jacobs Nickell" (c'est-à-dire "Nicolas fils de Jacques").

Bascharage correspond à Niederkerschen en allemand, père de Nicolas Arensdorff (~1610->1679).

 

Génération XV

 

16512 - Jacques Arensdorff, bourgeois de la franchise de Bascharage (1613), fils d'un homme nommé (°~1540), censier du seigneur de Sanem au village d'Arensdorf à Sassenheim, né à Limpach ((Luxembourg)), Arensdorf vers 1560, vivait encore en 1613. Jacques Arensdorff apparaît sous le nom d'Arestroff, père de Nicolas Arensdorff (~1585-<1677).

 

Génération XVI

 

33024 - un homme nommé Arensdorff, censier du seigneur de Sanem au village d'Arensdorf à Sassenheim, fils d'un homme nommé (°~1515), né à Limpach ((Luxembourg)), Arensdorf vers 1540. Le village d'Arensdorf se trouve dans l'actuelle commune luxembourgeoise de Sassenheim, entre Limpach et Soleuvre au Luxembourg. Au début du XVIIe siècle, ce village comptait trois fermes (il n'en reste qu'une seule aujourd'hui, la ferme "Arensdorfer Hof"), père de Jacques (~1560->1613), Dominique (~1565->1613) et Pierre Arensdorff (~1570->1613).

 

Génération XVII

 

66048 - un homme nommé Arensdorff, fils de Jean (~1490->1541), censier à Arensdorf (1541, Limpach), né à Limpach ((Luxembourg)), Arensdorf vers 1515, père de un homme nommé (°~1540) et Nicolas Arensdorff (~1545-1620).

 

Génération XVIII

 

132096 - Jean Arensdorff, censier à Arensdorf (1541, Limpach), né vers 1490, cité en 1541, père de un homme nommé (°~1515) et Jean Arensdorff (~1517->1541).