VOISIN Benoît

° Jouy, 25 III 1817 ; † Sens, 24 XII 1879.

- f. de Jacques, tisserand, & Madeleine Françoise Leloup.

- Il passe son enfance à Jouy. Il n'a que 14 ans quand son père y décède le 5 IV 1831, puis sa mère le 30 V 1831. Recueilli à Sens par ses grands-parents Etienne Voisin et Marie Etiennette Gaillot, il perd bientôt son grand-père, qui meurt le 9 IX 1834. À l'âge de 20 ans, en 1837, il est exempté du service militaire par tirage au sort.  

- Il devient alors cordonnier à Sens, où il réside au n° 86 de la Grande Rue (-1843-1849-). Il commence également à faire du journalisme : dès 1841, il est gérant du journal La Fraternité, puis il participe à la fondation de L'Atelier et souscrit à Démocratie pacifique.

- Après l'abdication de Louis-Philippe et la proclamation de la république, le 24 II 1848, il devient adjoint au maire de Sens. Il propose des réformes sociales, qui sont toutes rejetées par le conseil municipal en raison des difficultés financières de la ville. Il se présente ensuite aux élections législatives du 23 IV 1848, avec Savinien Lapointe*, en précisant aux électeurs dans sa profession de foi qu'il est partisan d'une république populaire, de réformes sociales pour lutter contre la misère et l'ignorance, de l'éducation pour tous et de la création d'ateliers nationaux offrant du travail aux pauvres ; il se défend toutefois de l'accusation de communisme portée contre lui. Il n'obtient que 4121 voix et n'est pas élu, contrairement au ministre Alexandre Pierre Thomas Marie* de Saint-Georges qui obtient pour sa part 85 947 voix. Déçu du résultat, il démissionne en mai 1848 de son poste d'adjoint au maire de Sens, peu de temps avant le décès de sa grand-mère paternelle, Marie Etiennette Gaillot, qui meurt le 27 V 1848.  

- Le 30 VII 1848, il fait partie des 65 candidats au poste de conseiller municipal de Sens, dans la 4e section de la ville, dite section de la porte Saint-Antoine. Il n'obtient que 19 voix sur les 497 suffrages exprimés par la moitié des 1002 électeurs inscrits de la section, arrivant ainsi en toute dernière position [ADY, 2 M5 56]. Il se présente de nouveau aux élections législatives, le 13 V 1849, dans le parti des Montagnards, mais les 24 109 suffrages qui se portent sur son nom ne sont pas suffisants pour le faire élire député. Il continue donc son activité de journaliste, comme chroniqueur de Sens dans L'Union républicaine d'Auxerre où il exprime son anticléricalisme. En 1850, il est l'objet de poursuites judiciaires en tant que président du comité de Sens de la Solidarité républicaine : bien que condamné à six mois de prison et 100 francs d'amende en première instance, il est acquitté en appel à Troyes (10). Lors du recensement de 1851, il vit toujours à Sens, ceci au n° 41 de la Grande Rue [ADY, 7 M2 40].

- Après le coup d'État bonapartiste du 1er XII 1851, il ne tarde pas à être arrêté à cause de ses opinions politiques républicaines, faisant partie des 26 642 personnes jetées en prison en décembre 1851 et janvier 1852. Jugé par la commission départementale de l'Yonne, chargée de régler le sort des « individus compromis dans les mouvements insurrectionnels », il fait partie des 9 530 détenus qui en France sont condamnés à la déportation en Algérie. Avec sa première femme et sa fille Hélène, il est donc expatrié en Afrique du Nord, où il s'installe comme cordonnier à Bône, en la rue Césarine. C'est là que décède son épouse, le 26 I 1853. Il s'établit ensuite à Bougie.  

- Après la promulgation, le 16 VIII 1859, d'un décret qui accorde l'amnistie aux condamnés politiques, il rentre en France, comme la plupart des exilés, mais ne se rallie pas pour autant à l'empire de Napoléon III. Il s'installe à Sens comme cordonnier, au n° 6 de la rue du Plat d'Étain, puis épouse la sœur puînée de sa défunte femme. Il élit alors domicile avec sa seconde épouse au 23 de la rue Thénard. Reprenant aussi ses activités journalistiques, il publie en juillet 1865, dans un numéro de L'Association, bulletin des coopératives françaises et étrangères, un article qui préconise la création de comptoirs de vente et d'échange de mobilier pour les associations et coopératives. Lors du recensement de 1872, après la chute de Napoléon III et la proclamation de la république, il est toujours domicilié à Sens, au n° 22 de la rue Thénard [ADY, 7 M2 142] . À la suite du remaniement ministériel du 16 V 1877, destiné à restaurer « l'ordre moral » par la manière forte, il envoie des articles au journal radical La Liberté, puis à L'Yonne, pour plaider le rapprochement des bourgeois de gauche et des ouvriers afin de consolider la république et d'éloigner tout retour à la dictature. Il termine sa vie à Sens, dans sa demeure située au n° 43 de la rue Thénard.  

x1 (Sens, 22 II 1843) Marie Anne Fandard, dite Hélène, fille de Georges, drapier, & de Marie Pellerin ; ° Sens, 24 XI 1821 ; † Bône (Algérie), 26 I 1853. D'où trois enfants dont Amable Hélène (° Sens, 25 III 1849).

x2 (Sens, 9V 1860) Marie Fandard, fille dudit Georges & de ladite Marie Pellerin;  ° Sens, 22 XI 1825 ; † p. 1900. D'où un enfant : Maurice (° Sens, 16 X 1862)

 

Pierre Le Clercq

[AM Sens, AD Yonne, DMOF]