SPIFAME

Correction du début de la généalogie ci-dessous 

- Famille originaire de Lucques, en Italie, où elle porte le nom de Spiafami.

 

I.

Simon Ier, arrivé en France vers 1334. D'où :

 

II.

     1. Barthélemy Ier ; † Paris, 15 IX 1385.

x1 Jacqueline de Honnefleur ; † p. 1374. D’où III.a.

x2 Jeanne de Pondolin ; † Paris, 11 X 1381.

     2. N. (homme), d’où III.b.

 

III.a.

     1. N. (femme), † a. 1385.

x (a. 1368) Simon Boucel, qui travaille comme agent de son beau-père à Londres (-1368-1369-) ; SP.

       2. Jean Ier, † a. 1385. Il travaille comme agent de son père à Avignon (-1370-1380-) ; SP.

     3. Simon II, † a. 1406. Seul héritier de son père en 1385, il devient élu de Paris (1400-1401). 

x (a. 1385) Marguerite, d’où IV.

III.b.

François, agent de son oncle Barthélemy Spifame à Avignon (-1370-1378-).

 

IV.

     1. Antoine, ° ca. 1385, † p. 1422. Chevalier de Saint-Jean-de-Jérusalem à Rhodes.

     2. Barthélemy II, qui devient maître de la monnaie de Paris (1400) puis de La Rochelle (1401-1403).

     3. Jean II, † 1454. Ecuyer, il est nommé capitaine de Conflans-Sainte-Honorine.

x1 Catherine Col, fille de Gonthier Col*, secrétaire du roi, seigneur de Passy, & Marguerite Chasserat. D'où V.

x2 Denise de Lagny, † p. 1451.

 

V.

Voir IV.b. dans la généalogie ci-dessous.

Valérie Arnold-Gautier [Léon Mirot]

 

SPIFAME

I.

Simon Ier, ° Lucques (Toscane) ; † p. 1334. Marchand, il vient s'installer en France vers 1334, ceci sous le règne du roi Philippe VI le Hardi (1328-1350). D'où :

 

II.

     1. Barthélemy Ier, ° Lucques (Toscane) ; † Paris, 15 IX 1385

( * couvent des Grands-Augustins à Paris). Arrivé en France en l'an 1340, il est naturalisé en 1342 par le roi Philippe VI le Hardi. Devenu mercier, marchand de draps, ainsi que banquier, changeur et prêteur sur gages, il réside à Paris en la rue des Lombards. En 1352, il fait un prêt de 701 écus d'or au roi Jean II le Bon (1350-1364). Il fournit ensuite des tentures pour le sacre du roi Charles V le Sage à Reims (19 V 1364). Il prête de l'argent au nouveau roi, tout comme à la duchesse Jeanne de Bretagne en 1371, et au sire Edouard de Beaujeu en 1376. Il œuvre également comme maquignon pour le duc de Normandie.

x1 Jacqueline de Honnefleur ; † 18 IX 1346 (*  couvent des Grands-Augustins à Paris).

x2 Jeanne de Podolin ; † Paris, 11 X 1381 ( * couvent des Grands-Augustins à Paris). D'où III.a.

     2. Jean Ier, ° Lucques (Toscane) ; † p. 1380. Il exerce le métier de marchand. En 1380, il prête 2000 florins d'or en Avignon à Louis de Navarre. D'où III.b.

 

III.A.

Simon II, † p. 1401. En 1380, il reçoit procuration générale de son père pour toucher toutes ses créances. En 1382, il fait saisir les biens du sire Edouard de Beaujeu, qui tarde à rembourser son père, d'où un long procès qu'il finit par gagner en 1388. D'où IV.A.

x (?) Perrette de Mironthet [selon Peter Bakos].

III.b.

Jean II, † 1454. Au service, comme écuyer, du roi Charles VII (1422-1461), il reçoit du monarque la terre et seigneurie de Forêt-sous-Montjay, située dans la paroisse de Brou (77), terre faisant partie des biens confisqués à Barthélemy II Spifame [voir ci-après, en IV.a.2.].

x Catherine Col, fille de Gonthier Col*, secrétaire du roi, seigneur de Passy, & Marguerite Chacerat. D'où IV.b.

 

IV.a.

     1. Antoine, chevalier de Rhodes.

     2. Barthélemy II, qui est accusé d'avoir soutenu le parti contraire au roi Charles VI (1380-1422), et qui est donc banni du royaume par le monarque. Il retourne sans doute en Italie, après la confiscation de tous ses biens en France, aussi bien à Paris (rue des Lombards et rue de la Vieille-Monnaie) qu'à Chaillot, Issy et Lagny-sur-Marne.

IV.b.

     1. Denise, morte jeune.

     2. Isabeau, religieuse en l'abbaye de Chelles.

     3. Jean III, † 1500 ( * en l'église des Cordeliers de Chalon-sur

-Saône). Ecuyer, seigneur de Bisseaux (77), de Brou (77) et de Passy (89), il est aussi seigneur censier de Bourbuisson et Pimançon à Dixmont (89). Il vit toutefois à Paris, en son hôtel de la rue Neuve-Saint-Merri. Notaire de Louis XI (1461-1483), conseiller et secrétaire du roi, il devient commis au paiement des gages dus aux généraux, conseillers et maîtres des monnaies, fonction qu'il remplit jusque vers 1493. En 1494, Il se voit nommé trésorier de l'extraordinaire des guerres. Il devient aussi receveur des aides à Melun (1496-1500). Le 2 VI 1494, il contresigne une lettre missive du roi Charles VIII (1483-1498), puis il signe un accord en parlement le 13 II 1495. Le 6 V 1496, il assiste à une assemblée générale de tous les notaires et secrétaires du roi. En 1498, il exerce une commission en Champagne et en Bourgogne, puis, en 1499, il se rend à Genève, en août et septembre, chargé par le roi Louis XII d'une mission financière. Il meurt à Chalon-sur-Saône, en allant à Lyon au service du roi.

x1 (a. 1462) Jeanne Lamy, fille de Guillaume ; † a. 1485. D'où V.a.

x2 (a. 1485) Jacquette Ruzé, fille de Louis & de Pernelle Gaillard ; † Paris, 10 VII 1525 (* couvent des Grands-Augustins à Paris). En 1509, elle reconnaît posséder une masure à Saint-Denis près de Sens, à la place d'un ancien manoir en ruines, ainsi que des terres sises au même lieu, le tout chargé d'un cens annuel de 20 sols parisis à payer à l'abbé de Ste-Colombe à Sens [AD 89, H 156]. D'où V.b.

     4. Marguerite.

x1 N. ;

x2 Jacques Le Mercier (dit «Du Moulin»).

 

V.a.

     1. Simon III, mort jeune († a. 1491). D'où VI.a.

     2. Marie, ° ca. 1462. Emancipée en 1482, à 20 ans.

     3. Antoinette, † Paris, le 10 X 1520 (*  couvent des Grands-Augustins à Paris). Elle est dame de Bourbuisson et Pimançon à Dixmont (89).

x Charles de La Vernade, qui est chevalier, conseiller du roi et maître de ses requêtes ordinaires ; † Paris, 30 XI 1504 (* couvent des Grands-Augustins à Paris) ; P.

V.b.

     1. Jacquette, † p. 1543 ( chœur de l'église St-Paul à Paris).

NB : La date de décès qui est mentionnée dans l'ouvrage intitulé «Epitaphier du vieux Paris», à savoir le 29 I 1542, est incompatible avec les dates de plusieurs actes notariés : les 29 IV 1542 puis 2 IX 1542, Jacquette Spifame cède la seigneurie de Bièvres-le-Châtel à sa fille Jacquette Le Coq, qui lui rend cette terre le 5 VI 1543 et qui reçoit en échange des biens à Antony et Verrières, le 26 VI 1543 ; Jacquette Spifame, que l'on dit fort âgée, vit alors en la rue Sainte-Avoie à Paris.

x Nicolas Le Coq, fils de Gérard, seigneur d'Esgrenay et Couppevray, conseiller en la cour du parlement de Paris, & Gilette de Corbie. Seigneur de Bièvres-le-Châtel (91), de Giry et Villefavreuse, conseiller du roi, président en la cour des aides à Paris ; † Paris, le 31 VIII 1528 ( * chœur de l'église Saint-Paul à Paris). D'où deux filles :

          1) Catherine Le Coq ;

x Jean Picart, qui est conseiller en la cour du parlement de Paris, seigneur de Villefavreuse.

          2) Jacquette Le Coq ;

x Charles de Dormans, conseiller au parlement de Paris, seigneur de Bièvres-le-Châtel.

     2. Gaillard, ° ca. 1485 ; † Naples, 26 III 1535. Il est seigneur de Bisseaux et de Douy (77), et devient receveur des tailles en l'élection de Sens (1520). Le 16 III 1521, il est élu échevin de Paris, puis, le 1er VII 1524, il devient receveur général des finances de Normandie, chargé entre autres de financer la construction de la ville du Havre. Le 28 V 1525, il est nommé trésorier à l'extraordinaire des guerres, avant d'être promu au poste de trésorier général des finances de France (1528). Ensuite, le 16 VIII 1528, il est élu prévôt des marchands de Paris (ou maire) : c'est à ce titre qu'il assiste, le 16 III 1531 [n.s.], à l'entrée à Paris de la reine Eléonore, seconde femme de François Ier. En tant que trésorier, il a manipulé des sommes importantes, destinées aux galeries d'André Doria, au pape, mais aussi à la république de Venise, à l'ambassadeur des Suisses, à la solde des garnisons, l'entretien de l'armée de Lautrec en Italie, etc. Accusé d'exactions, il est finalement condamné à restituer 34 000 livres au roi, le 5 VII 1532. Poursuivi pour dettes envers François Ier, il se réfugie en Italie, où il meurt de dépit à Naples, ou se suicide. Peu après sa mort, ses biens sont saisis (le 3 V 1535).

x1 (ca. 1519) Anne de Marle, fille de Jérôme, seigneur de Luzancy (77), & Philippe Laurent, demoiselle d'honneur ; ° ca. 1501 ; † Paris, le 9 VI 1529 (*  couvent des Grands-Augustins à Paris). D'où neuf enfants, dont VI.b.

x2 (p. 1529) Jeanne Parent [x2 (après 1535) avec Michel Champrond ] , fille de Guillaume, seigneur de Mitry (77), & Jeanne de Lesplue ; † p. 1553. D'où VI.c.

     3. Raoul, ° ca. 1487 ; † Melun, 1563. Seigneur des Granges, à Milly-en-Brie. Il fait ses études à Paris, où il devient avocat en parlement. Il exerce toujours ce métier quand il verse aux chanoines de la chapelle Saint-Laurent à Sens, le 6 IV 1528 [n.s.] , la somme de 18 livres, ceci en paiement de deux années d'arrérages de la rente qu'il leur doit pour sa seigneurie des Granges [AD 89, G 1524]. Sa première femme, Marie Parent, reçoit le 8 II 1541 [n.s.] , de Jacques Parent, son frère, tous les droits que celui-ci possède sur la succession de Guillaume Parent, leur père. Le 16 XII 1541, avec Marie Parent, son épouse, il cède tous ces droits à Jacques Spifame, fils aîné du couple. Le 29 XI 1542, après la mort de Marie Parent, il obtient de Jacques Parent, son beau-frère, la remise de tous dépens, dommages et intérêts que celui-ci pourrait réclamer dans le procès criminel pour parricide qui lui a été intenté par Guillaume Parent, son beau-père, et Simon Carré, official de Paris. Remarié à Isabeau Spinolle, il donne des biens, en mars 1545, aux deux fils qu'il a eus d'elle. Il est ensuite nommé conseiller du roi, trésorier de cent gentilshommes de son hôtel, gouverneur de Lagny, et garde général des munitions de l'artillerie royale. Il perd peu à peu la raison, se faisant passer pour le roi Henri II, pourtant beaucoup plus jeune que lui. Sa conduite étrange, et tous les libelles virulents qu'il s'est mis à répandre, lui valent un rappel à l'ordre en 1552, puis, en mai 1554, un bref séjour dans la prison de la Conciergerie, à Paris, et une mise sous tutelle pour aliénation mentale. Sitôt libéré, il reprend toutefois ses fonctions : le 28 VIII 1554, il reçoit de la municipalité de Paris, à la demande du roi, 20 muids de salpêtre pour faire de la poudre à canon. En juillet 1556, il publie alors un recueil de 306 arrêts qu'il prétend avoir été rédigé par le roi Henri II en personne, intitulé Dicaearchia Henrici regis christianissimi progymnasmata, dans lequel il émet des propositions de réforme, tant du gouvernement que des institutions du royaume ; on y trouve certes des idées insensées, mais aussi des projets originaux, novateurs et prophétiques, salués par Yves Jeanclos dans Les projets de réforme judiciaire de Raoul Spifame (Droz, 1977). Le recueil en question sera réédité en 1775 par Auffray, sous le titre de Vues d'un politique du XVIe siècle. La famille de Raoul Spifame, déconcertée, exige l'interdiction civile de l'auteur des 306 arrêts sulfureux. Celui-ci se voit donc enfermé à la maison des fous de Bicêtre, dont il arrive à s'échapper, puis dans un château de plaisance du roi. Le 22 X 1558, il finit cependant par obtenir du roi Henri II l'autorisation d'administrer lui-même ses biens. Il termine sa vie en son château des Granges, à Milly-en-Brie, où il est assigné à résidence en 1560.        

x1 (2 V 1525) Marie Parent, fille de Guillaume, seigneur de Mitry (77), & Jeanne de Lesplue ; † 1542. D'où VI.d.

x2 (ca. 1542) Isabeau Spinolle / Spinola ; † 1567 / 1568. Le 29 XI 1566, elle reconnaît devoir une rente de 9 livres aux chanoines de la chapelle Saint-Laurent à Sens, pour l'hôtel des Granges à Milly-lès-Melun [AD 89, G 1524]. D'où VI.e.

     4. Jean, † Paris, le 24 II 1531 [n.s.] ( * église Notre-Dame-de-Paris). Conseiller, notaire et secrétaire du roi, il est nommé en 1525 greffier en la chambre des comptes à Paris. Il est aussi chanoine de Chartres, grand vicaire en l'église Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris, ainsi qu'abbé à Senlis du couvent de La Victoire. Il est enterré en l'église Notre-Dame à côté de son oncle Gaillard Ruzé.

     5. Pierre, † p. 1544. Chevalier de Malte, il est promu à la dignité de commandeur de Laon et Castillon. Après avoir hérité de Jacquette Ruzé, sa mère († 1525), il visite ses terres et ses biens à Dixmont, Passy, Véron, Soucy et puis Sens, ceci du 20 au 25 VI 1526 [AD 89, 3E22-858]. En 1535, il est condamné comme complice de son frère Gaillard Spifame et doit donc s'exiler à Cambrai pendant neuf ans. Il est gracié cependant en 1544.

     6. Jacques Paul*, ° ca. 1500. Evêque de Nevers.

x (Genève, 27 VII 1559) Catherine de Gasperne, veuve d'Etienne Le Gresle, procureur au Châtelet. D'où VI.f.

 

VI.a.

Jean, écolier à l'université de Paris, employé ensuite dans l'administration du royaume.

VI.b.

     1. Jean, † Nangis (77), octobre 1590 (son corps est inhumé en l'église paroissiale de Nangis, son cœur dans la chapelle des Spifame au couvent des Grands-Augustins à Paris). Avocat en parlement, notaire et secrétaire du roi, il est nommé par Louise de Savoie, le 18 V 1525, à l'office de greffier de la chambre des comptes de Paris, poste qu'il gardera jusqu'en 1532. À la mort de son père, en 1535, il devient seigneur de Bisseaux et de Douy (77). Ensuite, le 7 XI 1549, il reçoit de son oncle Jacques Spifame, évêque de Nevers, la seigneurie de Passy (89). Il devient quelques jours plus tard, le 28 XI 1549, conseiller lai au parlement de Paris. Le 28 I 1551 [n.s.], il reçoit de son oncle évêque la seigneurie de Cochepis, à Villeneuve-sur-Yonne (89), comprenant un étang, un moulin, des terres et une île dans l'Yonne, ainsi que la moitié du moulin de Véron (89). Il assiste le 21 II 1571 à une assemblée générale à l'hôtel de ville de Paris. Avec l'âge, il finit par devenir le doyen des conseillers au parlement de Paris ; il abandonne son siège de conseiller à son fils Samuel le 27 V 1587.  

x Marguerite Du Lion, fille d'Antoine, qui est seigneur de Pruzilly (71), et conseiller du roi en sa grand-chambre du parlement de Paris ; † Paris, 13 VII 1580 (*  couvent des Grands-Augustins à Paris). D'où VII.a.  

     2. Jérôme, écuyer, contrôleur des greniers à sel de Crépy-en-Valois (60) et de La Ferté-Milon (02).

     3. Raoul, chevalier, maître des requêtes et bourgeois de Paris. Le 21 XII 1565, de passage à Tours, il obtient des chanoines de l'église Saint-Martin un bail viager pour des terres vagues à Chablis («les bois de Beaumont»), à charge pour lui de les planter en arbres [AD 89, G 2315] .

     4. Gilles, † Nevers (58), avril 1578 (son corps est inhumé à la

cathédrale de Nevers, son cœur en la chapelle des Spifame, au couvent des Grands-Augustins à Paris). Doyen de Saint-Marcel à Paris en 1554, il devient évêque de Nevers après son oncle Jacques Spifame, qui se démet en sa faveur le 20 II 1559 [n.s.] .

VI.c.

     1. Isabeau, qui reçoit de son oncle Jacques Spifame, le 8 VII 1541, la métairie de La Madeleine du Petit-Jard, près de Melun ;

x Jean de La Ballue.

     2. Antoine.

     3. Guillaume.

     4. Anne, qui reçoit le 29 III 1553, de sa grand-mère maternelle Jeanne de Lesplue, veuve de Guillaume Parent, des bijoux, des habits et des rentes. Elle devient dame de Frétoux-en-Brie, à Aubepierre (77), séparée de son mari quant aux biens en juin 1560 ;

x Jean Mosnier.

     5. Marie ;

x Gilbert Filhet, seigneur de La Curée et de La Roche-Turpin.

     6. (?) Gaillard, qui est encore mineur en 1552, sous la tutelle de

Jacques Spifame, évêque de Nevers. Seigneur de Beauregard, à Malay-le-Petit (89), il est représenté au ban et arrière-ban du bailliage de Sens par un commis de son tuteur, les 15 VII 1545, 20 III 1552 et 28 IX 1552.

VI.d.

     1. Jacques, étudiant à l'université de Paris (-1541-). Le 16 XII 1541, il reçoit de ses parents la ferme dite des Granges, située à Milly-en-Brie.

     2. Marie, qui entre comme religieuse à l'abbaye de Saint-Nicolas à Melun. Le 14 I 1542, son père fait don au monastère d'une maison située en ladite ville de Melun.

VI.e.

     1. Jacques, ° ca. 1543 ; † p. 1568. Le 21 III 1545, son père lui lègue des biens. Avocat en parlement (1568). Le 2 IX 1568, il reconnaît devoir une rente de 9 livres aux chanoines de la chapelle Saint-Laurent à Sens, ceci pour son hôtel des Granges à Milly-en-Brie [AD 89, G 1524].

     2. Jean, ° ca. 1544 ; † p. 1593. Il reçoit des biens de son père le 27 III 1545, et devient seigneur des Granges, conseiller du roi puis lieutenant général des eaux et forêts à Paris. Le 28 II 1572, il reconnaît devoir aux chanoines de la chapelle Saint-Laurent à Sens une rente de 9 livres, pour l'hôtel des Granges à Milly [AD 89, G 1524] . Il est l'un des deux délégués des bourgeois de son quartier lors de trois assemblées générales de la ville de Paris, à savoir les 18 XII 1591, 17 VIII 1592, et 9 XI 1592. En procès avec les marchands de bois de Boulogne, qui contestent son droit de chauffage en la forêt de Crécy, il en appelle à la municipalité de Paris le 17 I 1593.

x N., d'où VII.b (?).

     3. Gabriel, encore mineur en 1568, sous la tutelle de son frère aîné Jacques Spifame.

VI.f.

     1. André, ° Paris, 1539. Né des amours d'un prêtre libertin et de l'épouse infidèle d'un procureur au Châtelet de Paris, il reçoit à la naissance le nom de famille du mari de sa mère, Etienne Le Gresle (qui meurt quatre mois plus tard). C'est sous le nom d'André Le Gresle, en effet, que l'enfant adultérin devient propriétaire d'une rente de 200 livres tournois, créée pour lui le 13 VII 1546 par Jacques Spifame, son géniteur. En 1559, il quitte précipitamment la France avec celui-ci, accompagné de sa mère et de sa sœur, pour aller se réfugier à Genève. Devenu protestant, il se marie sur place en 1560, uni par Jean Calvin. Il reste à Genève après l'exécution de son père en 1566.

x (Genève, Saint-Pierre, le 16 VII 1560) avec Odette de Briquemault, qui est veuve de François de Cassinel, fille de François de Briquemault*, capitaine huguenot, & de Renée de Jaucourt. D'où VII.c .

     2. Anne Catherine, ° Paris, 1541 ; † p. 1584. Née des amours secrètes d'un prêtre libertin et de la veuve d'un procureur au Châtelet de Paris, elle reçoit à la naissance le nom de famille de Duverger. C'est sous ce nom, en effet, qu'elle devient propriétaire de rentes et maisons à Sens, que lui donne Jacques Spifame, son géniteur, pendant son épiscopat à Nevers (1546-1559). À l'époque, elle habite à Paris avec sa mère. En 1559, elle quitte la France avec ses parents et son frère, pour aller se réfugier à Genève. Elle s'y marie en 1560 avec l'un des chefs des protestants de Melun, qui est emprisonné en France en 1561, du mois de février à septembre. Elle quitte Genève en octobre 1561, pour aller rejoindre à Melun son époux libéré. Elle vivra ensuite avec lui à Moret (77). En mai 1584, elle assiste à la signature du contrat de mariage entre sa fille Suzanne Chabouillé et Jean Du Val, seigneur d'Episy (77).

x (Genève, en 1560) Jean Chabouillé, procureur du roi à Melun (-1560-), à Moret-sur-Loing (-1584-), intendant de l'amiral de Châtillon ; † p. 1584 ; P.

 

VII.a.

     1. Augustin, † Paris, décembre 1586 (*  couvent des Grands-Augustins à Paris).

     2. Samuel, † 1632. Il devient chevalier, seigneur de Passy (89), de Cochepis à Villeneuve-sur-Yonne (89), et de Bisseaux. Le 27 V 1587, il succède à son père trop âgé comme conseiller au parlement de Paris, puis il devient maître des requêtes ordinaires de l'hôtel du roi, le 29 VII 1597, et conseiller du roi en ses conseils d'Etat et privé et de ses finances. En juillet 1602, il fait restaurer à ses frais la chapelle des Spifame au couvent des Grands-Augustins à Paris, et apposer une plaque à la mémoire de ses aïeux. En 1606, il fait reconstruire l'église de Passy (89), avec la permission du chapitre de Sens. Il occupe ensuite le poste d'ambassadeur en Angleterre, de 1611 à 1615. De retour en France, il assiste à un Te Deum en l'église Notre-Dame à Paris, le 4 XI 1628, à la demande de la reine mère. Puis, le 21 XII 1628, en tant que conseiller d'Etat, il participe à un conseil en présence de la reine mère et de Richelieu.

x Sara Le Clerc, dame de Maisons (94), fille de Michel, chevalier, & Jeanne de Loynes ; † p. 1606 ; S.P.

     3. Isaac, héritier de son frère Samuel pour moitié, seigneur de Passy, Douy et Amiraux ; † p. 1618.

x (1590) Marie d'Armes, fille de Louis & Anne Berthier ; † p. 1618. D'où VIII.a.

     4. Madeleine, † p. 1603.

x Jean Du Faur, qui est seigneur d'Hermé (77), et maître des requêtes en l'hôtel du roi ; † a. 1603 ; P.

     5. Marie,

x Guillaume d'Aspremont.

     6. Sara,

x M. de La Borde, gouverneur de Pézenas.

VII.b.

Jean, † Paris, 10 IV 1642 (*  chapelle Ste-Anne, en l'église St-Jacques-de-la-Boucherie à Paris). Chevalier, seigneur des Granges et de Bisseaux, conseiller et maître d'hôtel ordinaire du roi.

x Madeleine Durier, ° ca. 1600 ; † en 1641 (*  chapelle Ste-Anne, en l'église St-Jacques-de-la-Boucherie à Paris). D'où VIII.b.

VII.c.

     1. Samuel, ° Genève, Saint-Pierre, 27 IX 1561.

     2. Jacques, ° Genève, Saint-Pierre, 8 X 1564.

     3. Anne, ° Genève, Saint-Pierre, 25 X 1565.

     4. Odette, ° Genève, Saint-Pierre, 9 I 1567.

     5. Jean, ° Genève, Saint-Pierre, 7 VIII 1568.

     6. André, ° Genève, Saint-Pierre, 9 IX 1571.

     7. Daniel, ° Genève, Saint-Pierre, 28 XII 1572.

 

VIII.a.

     1. Madeleine, ° ca. 1592.

x (1614) Jacques de La Rivière, fils d'Hubert, vicomte de Tonnerre, & Madeleine de La Rivière ; † 1635. Chevalier, seigneur de Corvol-d'Embernard, vicomte de Tonnerre et Quincy, gouverneur d'Auxerre et Auxerrois ; P.

     2. Marguerite, ° ca. 1594 ; † mai 1688 (94 ans). Elle devient douairière d'Aunay.

x (c.m. 29 XII 1618) Jacques de Régnier, fils de Claude, seigneur de Guerchy (89), Laduz (89), Champoulet (45), Gâtines et Aunay, & d'Anne de Giverlay. Il est vicomte d'Aunay, et bailli d'Auxerre (de 1623 à 1627).

VIII.b.

     1. Jean, chevalier, et seigneur des Granges et de Bisseaux ; † Paris, 3 II 1643 ( * chapelle Sainte-Anne, en l'église Saint-Jacques-de-la-Boucherie à Paris) ; S.A.

     2. François Théodore.

 

Ø Martin, seigneur d'Azy, qui devient conseiller du roi et premier substitut du procureur général à Paris. Il assiste à la signature du contrat de mariage unissant son ami Jean Métezeau à Marguerite Thérouanne, ceci le 22 VI 1597 à Paris. Poète, les vers spirituels l'emportent sur les chants d'amour dans son œuvre.

= Premières œuvres poétiques (1583) - Harangue de la parfaite amitié.

      

Pierre Le Clercq

[Alain Noël : Trois levrettes... ; V ; QSS II 18 ; J-L Dauphin : EJ 26, 27, 30 ; Bouvier II 63 ; BSSY 43 (1939) 398 / A. Colis ; E. Raunié & H. Verlet : Epitaphier du vieux Paris ; BSAS 43 400 ; Challe I 11 ; M. Roy : Le ban et arrière-ban du bailliage de Sens ; Registre des délibérations du bureau de la ville de Paris ; Inventaire des registres des insinuations du Châtelet de Paris ; Lapeyre & Scheurer : Les notaires et secrétaires du roi ; Gérard de Villeneuve : Comment rechercher les origines d'un magistrat parisien de 1226 à 1792 ; Peter Bakos : Les Ancêtres de Gaston XIII Galard de Béarn ; Cahiers du G.E.M. n° 1, 3-9 ; Family History Library à Salt Lake City ; AD 75 & 89]

 

SPIFAME Jacques Paul

° Paris, ca. 1500 (né juste avant ou après le décès de son père, mort en 1500) ; †' Genève (Suisse), 23 III 1566.

- f. de Jean III, seigneur de Passy, & Jacquette Ruzé.

- Il passe sa jeunesse au château de Passy (89), puis fait ses études à Paris, Orléans et enfin Bologne (en 1518). Il obtient le grade universitaire de maître ès arts en 1519.

- Il rachète tous les droits de ses frères en pays sénonais, devenant ainsi seul seigneur de Passy (89), de Cochepis à Villeneuve-sur-Yonne (89), et du moulin de Véron (89).

- En 1527, il accède au poste de conseiller du roi et maître des comptes à Montpellier. Entré dans les ordres, il est nommé conseiller clerc au parlement de Paris en 1529, et devient ensuite, le 1er I 1532 [n.s.], abbé commendataire de l'abbaye Saint-Paul-de-Vanne à Sens (89), puis doyen de Saint-Marcel à Paris. Le 16 III 1533, il devient en plus chanoine de Notre-Dame à Paris, et chancelier de l'église et université de Paris. Il est également nommé supérieur du collège parisien de Tréguier, avant 1537, en acquérant par ailleurs la charge de prévôt de Chablis (89).

- Il commence alors à entretenir, en secret, un commerce amoureux adultérin avec Catherine de Gasperne, épouse d'Etienne Le Gresle, procureur au Châtelet de Paris. De ses œuvres libertines naîtront : André en 1539, qui sera enregistré sous le nom de Le Gresle, puis Anne en 1541, née après le décès d'Etienne Le Gresle, qui sera déclarée quant à elle sous le faux nom de Duverger.

- Le 29 XI 1540, il renonce à la succession de son oncle maternel Arnould Ruzé, conseiller au parlement de Paris, en faveur de son oncle Martin Ruzé, chantre et chanoine de l'église Notre-Dame. Le 8 VII 1541, il donne à sa nièce Isabeau Spifame la ferme de La Madeleine du Petit-Jard, près de Melun. Le 13 I 1542 [n.s.], il reçoit de son frère Raoul Spifame une maison au finage de Nigeon, dans le village de Chaillot (75), maison qu'il rend à son frère dès le 3 II 1542 [n.s.]. Le 27 VII 1543, il reçoit la somme de 2000 écus d'or de l'écuyer Louis de La Ballue.

- Il entreprend une réforme des règlements propres aux collèges de Paris, d'Autun (1543) et de Narbonne (1544), voire ceux du collège du Cardinal-Lemoine (1545), ainsi qu'une réforme de l'abbaye de Livry. Il fait faire aussi une enquête sur la vie dissolue des célestins de Sens, ce qui ne l'empêche pas de poursuivre sa liaison avec sa maîtresse. En janvier 1544, il devient président de la petite chambre des enquêtes, au sein du parlement de Paris.

- Par deux actes notariés, faits à Paris les 11 VIII 1544 et 21 X 1544, il cède à son amie Catherine de Gasperne des terres à Pouilly-le-Fort, près de Melun.

- Le 5 V 1546, il est nommé évêque de Nevers par le roi François Ier, malgré ses mœurs plutôt indisciplinées. Dès le 13 VII 1546, il crée une rente de 200 livres tournois en faveur de son fils André Le Gresle, qui doit être versée à celui-ci par Jean d'O, seigneur de Maillebois.

- Avant de prendre possession de son évêché, il part en septembre 1547 en Italie, où il accompagne le cardinal et archevêque de Reims Charles de Lorraine, avec le titre de grand vicaire. Sur place, il assiste à l'une des sessions du concile de Trente, prenant part à l'élaboration des textes qui tentent de rétablir la discipline et l'unité doctrinale de l'Eglise, menacée par la Réforme. En son absence, l'église de Saint-Marcel à Paris est restaurée, à sa demande, par Antoine Cresson, peintre et blanchisseur en bâtiments de Goincourt (60), engagé à cet effet le 24 X 1547.

- De retour en France, il prend possession de l'évêché de Nevers le 14 X 1548. Il va ensuite à Sens pour y prêter le serment requis devant l'archevêque, dont il est suffragant, mais sa réception officielle est refusée par les chanoines du chapitre sénonais, sous prétexte qu'il porte une barbe, longue et élégante. Malgré cet affront, il remplit avec zèle sa fonction d'évêque, délaissant pendant sept ans la cour du roi Henri II pour demeurer avec ses ouailles dans son diocèse, et servir de conseiller au duc de Nevers.

- Au cours de son épiscopat, il fait construire la clôture de Prémery, le portail et le jubé de l'église cathédrale, et un corps de logis pour douze à quinze chevaux de son train. Sa famille n'est pas oubliée : le 7 XI 1549, il cède la terre et seigneurie de Passy à son neveu Jean Spifame, avocat, auquel il donne ensuite la seigneurie de Cochepis située à Villeneuve-sur-Yonne, ainsi que la moitié du moulin de Véron, ceci le 28 I 1551 [n.s.] ; puis, le 27 XI 1552, il fait don à Marie Le Gresle, veuve de Pierre d'Orgemont, d'une maison et jeu de paume à Paris, en la rue Saint-Paul.

- Le 20 X 1556, il est nommé maître des requêtes. Il finit donc par quitter Nevers pour regagner la capitale, où il siège au conseil privé de Catherine de Médicis. En janvier 1558, il participe aux états généraux réunis par Henri II à Paris, où un crédit de trois millions d'écus d'or est accordé au roi pour la poursuite de la guerre contre l'Angleterre et l'Espagne réunies. Puis, le 23 II 1558 [n.s.], il donne à sa fille Anne Duverger, qui demeure à Paris avec Catherine de Gasperne, plusieurs maisons situées à Sens, ainsi que des rentes dans la même ville [AD 89, 40 B 1, folio 120]. Au cours de la même année, Joachim du Bellay dédie au prélat son Elégie à la fontaine de Véron, sous forme de plaquette qui est réalisée par l'humaniste sénonais Jean Penon, futur chef des protestants à Sens.

- Au début de l'an 1559, Jacques Spifame s'en prend très violemment à la Réforme dans un sermon. Toutefois, dès le 20 II 1559 [n.s.], il démissionne de son poste d'évêque de Nevers en faveur de son neveu Gilles Spifame, tandis que Catherine de Gasperne, sa maîtresse, donne le 24 II 1559 à son propre neveu, Jean Le Royer, tous les biens qu'elle possède à l'Hay, non loin de Bourg-la-Reine, dont elle a hérité de son défunt frère Henri de Gasperne, avocat en parlement. Aussitôt, les deux amants quittent la France pour aller se réfugier à Genève avec leurs deux enfants, André Le Gresle et Anne Duverger, qui prennent le nom de Spifame. Le 17 IV 1559, s'étant déclaré membre fidèle de l'Eglise réformée, l'évêque défroqué est admis comme habitant de Genève, puis, le 27 VII 1559, il obtient sans difficulté, du consistoire de la ville, une confirmation de son prétendu mariage secret avec Catherine de Gasperne. Le 31 X 1559, il finit par acquérir le statut supérieur de bourgeois de Genève, lui donnant les mêmes droits que les Genevois de naissance. Il rédige alors un testament en faveur de ses deux enfants le 11 III 1560, puis assiste au mariage de son fils André, uni le 16 VII 1560 par Calvin en personne, en l'église Saint-Pierre de Genève. Il assiste aussi aux noces de sa fille Anne, la même année.

- Admis au nombre des ministres de la Parole de Dieu, il devient très rapidement le 3e homme de l'Eglise réformée, derrière Jean Calvin et Théodore de Bèze*. Il est renvoyé en France au début de l'an 1561, ceci comme pasteur de la communauté protestante d'Issoudun (36). Le 28 XI 1561, il se trouve à Angers (49), puis, le 11 I 1562 [n.s.], il fait un prêche de trois heures dans la grande salle du palais de Bourges (18). Son activité en faveur de la Réforme prend de telles proportions qu'il se voit condamné par défaut, le 13 II 1562 [n.s.], par le parlement de Paris, à être pendu haut et court en place de Grève.

- Au moment de sa condamnation, il se trouve à Nevers, où le lendemain, 14 II 1562 [n.s.], il assiste à la mort du duc de Nevers François Ier de Clèves. Après le massacre de Wassy (1er III 1562), qui déclenche la guerre civile, il est envoyé le 2 IV 1562 à Orléans par le nouveau duc de Nevers, François II de Clèves, pour remettre un message au prince de Condé. Il reste quelque temps auprès de ce dernier, s'employant à réunir les fonds nécessaires pour armer les troupes protestantes. En septembre 1562, il se rend même à Francfort, où se tiennent des états généraux pour le couronnement du roi de Bohême, en présence de l'empereur Ferdinand Ier ; il y obtient l'aide financière de plusieurs princes germaniques, dont celle du landgrave de Hesse, Philippe Ier le Magnanime.

- De retour en France, il est aussitôt envoyé par le prince de Condé à Lyon, dont les huguenots se sont emparés le 30 IV 1562. Comme surintendant des affaires lyonnaises, il est chargé de rétablir l'ordre dans la ville, où une bande de protestants extrémistes continue de se livrer au pillage et de malmener la population catholique. Il s'y heurte à un gentilhomme huguenot hargneux, Claude Servin, seigneur de Beauregard, dont il se fait un ennemi implacable en le chassant de la ville pour vols multiples.

- Après la signature de la paix d'Amboise (13 III 1563), il quitte la France pour rejoindre Calvin à Genève. Mais en janvier 1564, la reine de Navarre, Jeanne d'Albret, le prie d'entrer à son service. Ayant eu l'autorisation de Calvin, le 3 II 1564, de quitter Genève pour répondre à l'invitation de la reine, il se rend à Pau où il assiste à la fin des états généraux du Béarn. Il y est nommé chancelier par Jeanne d'Albret, chargé de réorganiser les finances et la justice au royaume de Navarre. Il ne peut se consacrer longtemps à cette tâche, car il doit bientôt accompagner la reine qui est conviée à rencontrer Catherine de Médicis, lors du long voyage que celle-ci entreprend dans toute la France. Avec Jeanne d'Albret, Jacques Spifame rejoint donc la veuve du roi Henri II à Mâcon, le 1er VI 1564. Il s'installe ensuite à Lyon avec les deux reines, le 5 VI 1564, accueilli par les protestants de la ville qui acclament la reine de Navarre, au grand dam de la reine de France. Il ne quitte la cour de Catherine de Médicis que le 14 VIII 1564, lorsque Jeanne d'Albret, exaspérée par toutes les mesquineries qu'elle a dû endurer auprès de son hôtesse royale, prend congé de celle-ci pour aller passer plusieurs mois à Vendôme.

- Tandis que la reine de Navarre reste en France, Jacques Spifame retourne à Pau pour y reprendre ses activités de chancelier. Il y retrouve Claude Servin, son ennemi juré, devenu contrôleur ordinaire de la maison de Navarre, qui s'est allié au théologien Raymond Merlin, impatient de se retrouver à la tête de la chancellerie à la place de l'ancien évêque de Nevers. Tous deux, en l'absence de la reine, ont monté une faction à Pau contre le chancelier, pour amener celui-ci à démissionner. Se sentant isolé, voire abandonné par la reine de Navarre qui séjourne toujours à Vendôme, Spifame finit par demander à celle-ci, en janvier 1565, un congé définitif qui lui est aussitôt accordé.

- Il retourne alors à Genève en mars 1565. Dès le mois de juin, il est rejoint sur place par Claude Servin, qui porte plainte contre lui auprès de Théodore de Bèze, au nom de la reine de Navarre qui l'accuse par écrit d'exactions et de calomnie. Il évite le procès en publiant Les réponses que Jacques Spifame, sieur de Passy, fait en toute humilité aux articles et mémoires apportés à M. de Bèze par le sieur de Beauregard de par la reine de Navarre, sa très honorée dame et maîtresse. Claude Servin quitte aussitôt Genève, bien décidé à revenir avec des preuves.

- Se sentant menacé, ne pouvant compter sur le soutien inconditionnel de Théodore de Bèze, Jacques Spifame se met à chercher un asile sûr, quitte à réintégrer le giron de l'Eglise catholique. Il demande l'aide du cardinal Charles de Lorraine, chef des catholiques ultramontains, demande à être nommé évêque de Toul, s'adresse même au duc de Savoie, très lié à la papauté, pour lui offrir ses services et l'aider à conquérir la ville de Genève par surprise. C'est ce qu'affirme en tout cas Claude Servin, revenu à Genève le 10 III 1566, qui porte plainte dès le lendemain devant le Grand Conseil de la ville, cette fois avec toutes sortes de preuves. Il présente, entre autres documents, une seconde lettre de Jeanne d'Albret, qui traite vertement son ancien chancelier de menteur, de fourbe et d'ambitieux : celui-ci aurait répandu la rumeur, à Pau, que la reine de Navarre aurait conçu le prince de Béarn (futur Henri IV) lors d'un rapport adultérin avec Raymond Merlin !

- Selon la loi de l'époque à Genève, Jacques Spifame est aussitôt mis en prison, ainsi que son accusateur. Il doit répondre à vingt-deux chefs d'accusation, qui concernent moins la haute trahison envers l'Etat, mal établie faute de preuves irréfutables, que sa vie privée, où sa liaison avec Catherine de Gasperne a commencé dans l'adultère et s'est poursuivie dans le mensonge (l'accusé aurait produit un faux contrat de mariage pour obtenir à Genève, en 1559, la confirmation de son union matrimoniale). On ajoutera même, pour noircir le tableau, une plainte déposée par la servante de la prison : en attendant son procès, Spifame aurait tenté de la séduire ! Celui-ci se défend en avouant en partie ses fautes passées, en parlant de son repentir, de délais de prescription, de son intention de faire de Toul, une fois devenu évêque, un diocèse protestant. Malgré le caractère relativement bénin des délits avoués et dûment établis, l'ancienneté de ses fautes, son remords, malgré les prières de Coligny appelant à la clémence et l'intervention des Bernois en sa faveur, il est condamné à mort le 22 III 1566, pour ne point déplaire à la reine de Navarre. Remis entre les mains du bourreau dès le lendemain, il se laisse décapiter avec dignité, après une noble harangue.

- Son épouse, Catherine de Gasperne, qui a été incarcérée le 18 III 1566 pour subir un interrogatoire sur sa longue liaison avec l'accusé, est relaxée dès le 26 III 1566.          

x (Genève, 27 VII 1559) Catherine de Gasperne, veuve d'Etienne Le Gresle, procureur au Châtelet ; P.

  

Pierre Le Clercq

[EJ 26, 27, 30 / J-L. Dauphin ; Haag ; QSS II 18 ; Inventaire des registres des insinuations du Châtelet de Paris ; DLF ; AD Yonne]