SEURRAT de BAZOUCHE

- Lieutenant-colonel d'infanterie, il est élu commandant général de la milice bourgeoise d'Auxerre au début de la Révolution (3 VIII 1789). Cette milice, qui prend le nom de Légion auxerroise, a été fondée à la suite de l'émeute du 17 VII 1789, occasionnée par la cherté des grains et poussant les habitants d'Auxerre «à prendre les armes pour leur sûreté particulière et générale». Elle réunit en son sein tous les citoyens de la ville âgés de 16 à 60 ans, sauf les ecclésiastiques. La ville d'Auxerre est divisée en cinq districts de défense, chacun d'eux étant dirigé par un commandant assisté d'un adjoint, lesquels ont sous leurs ordres deux compagnies armées (chacune est dotée d'un capitaine, d'un capitaine en second, d'un lieutenant et d'un lieutenant en second, assistés d'un sous-lieutenant et d'un sous-lieutenant en second).

- Le 10 VIII 1789, avec les officiers de la milice, Seurrat de Bazouche convoque pour le lendemain les députés des trois ordres, et des corps et corporations de la ville et des faubourgs, pour «délibérer sur les moyens d'assurer la subsistance de la ville». Cette assemblée, que l'on réunit en la grande salle de l'hôtel de ville d'Auxerre, débouche sur une véritable révolution municipale : la charge royale de maire héréditaire est supprimée, et l'administration de la ville est confiée à un Comité permanent, qui regroupe 16 citoyens élus par les députés auxerrois.

- Le 3 IX 1789, Seurrat de Bazouche offre sa démission du poste de commandant général de la milice auxerroise, mais sa démission est refusée par la municipalité, sous la pression des officiers de ladite légion. Il est candidat aux toutes premières élections municipales organisées dans le cadre du nouveau département de l'Yonne : il est élu ainsi conseiller municipal d'Auxerre le 3 II 1790, au sein d'une municipalité qui comporte à présent 12 conseillers et 24 notables, dirigée par un conseiller choisi comme maire.

- Le 4 V 1790, la Légion auxerroise est réformée : elle prend le nouveau nom de Garde nationale, et elle passe sous le commandement du capitaine d'infanterie François de Lenfernat d'Avrolles. Seurrat de Bazouche, toutefois, retrouve bientôt une occupation militaire : l'Yonne devant fournir en 1791 un contingent de 1148 gardes nationaux volontaires, répartis en deux bataillons qui doivent partir défendre les frontières, il est engagé par le directoire du département comme l'un des trois commissaires chargés du recrutement des troupes, avec Mangin* de l'Epine et Augustin Martineau* du Chesnoy. Il parvient à former à Auxerre 11 compagnies de 71 hommes, levées dans les districts d'Auxerre, de Saint-Fargeau et d'Avallon, tandis qu'à Joigny ses deux collègues ont pu créer ensemble 13 compagnies de 71 hommes, recrutées dans les districts de Sens, Joigny, Tonnerre et Saint-Florentin. Les troupes se rassemblent à Auxerre et Joigny le 22 IX 1791. Comme les volontaires sont plus nombreux que prévu, soit 1704 hommes au lieu de 1148, le directoire de l'Yonne prend la décision de former trois bataillons au lieu de deux, avec huit compagnies chacun (24 IX 1791). C'est à Seurrat de Bazouche que revient le commandement, provisoire, du premier bataillon en garnison à Auxerre, sous les ordres du général Alexandre de Sparre*. Ce dernier inspecte le bataillon auxerrois le 20 X 1791, juste avant le départ de celui-ci pour la ville de Metz. Avec le départ des gardes nationaux vers les frontières s'achève la mission confiée à Seurrat de Bazouche, qui reste à Auxerre.

  

Pierre Le Clercq

[AM Auxerre, Demay, Bontin-Cornille]