SAULX de

- Ancienne maison de chevalerie, issue de la maison des comtes de Langres. Château et les terres près de Dijon.

 

 I La maison de Saulx

I.

Guy Ier, comte de Saulx (1086), seigneur de Grancey.

 

II.

Guy II, † a. 1110 ;

x Liégearde, d'où :

 

III.

Eble (-1126-1135-) ;

x Reine, d'où IV.

NB : il est fort possible qu'Eble ait précédé Guy II.

 

IV.

     1. Guy III, d'où V.

     2. Milon.

chanoine et chantre au chapitre de Langres (-1170-).

 

V.

Othon (Eudes), seigneur de Vantoux, † 1197.

x1 Pétronille, † 1169.

x2 Guillerme / Guillemette.

 

VI.

     1. Guy IV, seigneur de Saulx, Courtivron, Vantoux. Il fonde en 1197 sept canonicats dans l'église Notre-Dame de Saulx ; † p. 1232.

x avec Elisabeth de Vignory, fille de Barthélemy & Elvis de Brienne ; d'où VII.

     2. Guillaume, dit le Roux, auteur de la branche établie à Fontaine-lès-Dijon et Sombernon.

     3. Hugues.

     4. Sibylle,

x Jacques de Digoine.

     5. Dameron,

x1 Guillaume de Châteauneuf.

x2 Guillaume de Marigny-sur-Ouche.

 

VII.

Barthélemy, † ca. 1240.

x Béatrix de Ruffey-lès-Beaune, d'où :

 

VIII.

     1. Jacques, † 1249. En 1246, il affranchit tous les habitants de Saulx. Il meurt en route pour la Terre sainte.

x Marie de Mont-Saint-Jean, f. de Guillaume II

(x2 Jean de Passavant) ; P.

     2. Ponce, seigneur de Vantoux ; † 29 XI 1301.

x Isabelle du Deffand et de Thoreille, veuve de Gérard de Tintry. D'où IX.

 

IX.

Guiot (?), d'où :

 

X.

Eudes, seigneur de Vantoux ; † a. 5 XI 1383.

x Jeanne d'Arc-sur-Tille, d'où :

 

XI.

Thomas, dit le Loup, † 1391. Il paraît à la montre du seigneur d'Epoisses à Avallon. Il accompagne Philippe le Hardi dans les guerres de Flandres. Il est chambellan du duc de Bourgogne (1316).

x Ginette de Saint-Seine (Gray), f. de Jean & Marguerite de Saint-Florentin. D'où :

 

XII.

     2. Huguenin, dit le Borgne, seigneur de Villefrancon, † a. 26 IV 1422.

x (ca.1380) Anne de Bauffremont († 13 XI 1408), fille d'Huart de Scey-sur-Saône & Jeanne de Villefontoy.

 

XIII.

Guillaume, chevalier, seigneur d'Arc, Villefrancon, Saint-Thibault ; échanson, conseiller et chambellan du duc de Bourgogne Philippe le Bon ; † p. 1441.

x (1422) Guillemette de Baudoncourt, dame de Cussey, fille d'Aimé ; † 13 XII 1457. D'où :

 

XIV.

Erard, qui est chevalier, seigneur d'Arc et d'Orain ; † 2 X 1477.

x (13 VII 1466) avec Antoinette de Dinteville, dame de Juvanzé, f. de Jean & Jeanne de Pontailler ; † 27 III 1516.

 

XV.

Jean, chevalier, seigneur d'Arc, Orain, Pailly ; gruyer et grand louvetier de Bourgogne ; † 1538.

x (18 IV 1504) Marguerite de Tavannes ; sœur de Jean, seigneur de Dalle (Delsberg), officier allemand qui s'est signalé à la tête des lansquenets, alias les bandes noires, et qui sera naturalisé par le roi François Ier. D'où II  

 

II La maison de Saulx-Tavannes

XVI.

     1. Guillaume Ier, baron de Sully/Sailly, seigneur de Villefrancon, , Pailly, Igornay, Orain ; † 12 III 1563.

x (a. 1523) Claude de Cuzance, fille de Claude, baron de Belvois ; dame de Mont-Saint-Vincent (Saône-et-Loire) ; † 12 III 1563. S.P.

     2. Gaspard*.

x (1546) Françoise de La Baume de Montrevel, d'où :

 

XVII.

     1. Guillaume II*.

x1 (1576) Catherine Chabot, d'où XVIII.A.

x2 (1620) Jeanne-Baptiste de Pontailler, d'où XVIII.B.  

     2. Jean*.

x1 (1579) Catherine de Chabot, d'où XVIII.C.

x2 (1594) Gabrielle des Prez, d'où XVIII.D.

     3. Henri Charles Antoine, † 1563.

     4. Jeanne, ° 1547 ; † Montpipran, 1626.

x (1570) René de Rochechouart, baron de Mortemart.

     5. Claude (femme), † 25 III 1639.

x1 (21 I 1588) Charles Louis, marquis de La Chambre.

x2 (6 XII 1608) Louis d'Ancienville-Bourdillon, marquis d'Epoisses.

 

XVIII.a.

     1. Claude, comte de Buzançais (Indre), dit comte de Tavannes ; † Bayonne, 1638.

x Françoise Brulart, f. de Nicolas, baron de La Borde, & Marie Bourgeois, dame de Crépy et Origny. D'où XIX.a.

     2. Joachim, baron d'Arc-sur-Tille, † 1635.

     3. Léonore, dame d'Orain et Fougerolles.

x1 (31 XII 1596) Joachim, baron de Dinteville, † 1607.

x2 (8 X 1608) avec Aimé de Rochechouart, seigneur de Tonnay-Charente, † 1651.

     4. Françoise, † 1654.

x (7 IX 1604) avec Joachim Antide de Bussy, seigneur de Dinteville.

     5. Jeanne, religieuse à Beaumont.

     6. Anne, ° 1600, † ca. 1664.

x (23 VIII 1623) Jacques de Tigery et Corbeil.

 

XIX.a.

Noël, comte de Beaumont.

x avec sa petite-cousine Gabrielle Joubert de Barrault, qui est fille d'Antoine & Claude de Saulx-Tavannes (f. de Jean & Gabrielle des Prez).

 

XVIII.b.

Jean Ier, † 17 X 1665.

- Seigneur du Mayet, dit marquis de Tavannes, vicomte de Ligny-le-Châtel. Lieutenant général du roi en Bourgogne, il est battu par son neveu, qui est partisan de la Fronde, et brûle le testament qu'il a fait en sa faveur.

x (1642) Jeanne Françoise de Pontailler, qui est veuve de Jean-Baptiste de Cléron, et fille de Philippe de Pontailler, baron de Longwy. D'où :

 

XIX.b.

Jean II, ° 3 I 1646, † 14 XI 1717.

- Marquis de Tavannes, baron du Mayet et Montgilbert, vicomte de Ligny-le-Châtel, etc. Il est le dernier membre de la maison de Saulx-Tavannes à demeurer au château de Ligny-le-Châtel. Il vend la vicomté en 1690 aux Colbert.

x (1672) Anne Louise de Bourbon-Busset ; P.

 

XVIII.c.

     1. Charles, marquis de Ligny-le-Châtel, comte de Brancion, vicomte de Tavannes ; † 1646.

x Philiberte d'Hamourt, d'où XIX.c.

     2. Eléonore,

x (1606) avec Jacques d'Apchon d'Albon, seigneur de Saint-André.

 

XIX.c.

Claire Françoise, baronne de Ligny-le-Châtel.

x (2 I 1647) Charles François de La Baume, marquis de Saint-Martin.

 

XVIII.d.

     1. Henri*.

x (1635) Marguerite Potier de Tresmes ; S.P.

     2. Jacques, ° 1 VI 1600 ; U Montauban, 1621. Vicomte de Ligny-le-Châtel, seigneur de Villefrancon.

     3. Melchiore, vicomtesse de Tavannes, abbesse d'Hauterive et de Sainte-Marguerite de Troyes.

     4. Lazare Gaspard, U Quiers, 1639. Chevalier de Malte.

     5. Guillaume Léonor, † 26 I 1644. Marquis de Montpezat, vicomte de Ligny, gouverneur d'Asti.

     6. Claude (femme), † 1663.

x (13 VII 1618) avec Antoine Joubert de Barrault, comte de Blagnac. D'où XIX.d.

     7. Anne, † 1665.

x André Grimaldi, comte du Bueil.

     8. Jeanne, religieuse à Poitiers (ou bien ursuline à Dijon).

 

XIX.d.

     1. Gabrielle Joubert de Barrault, laquelle est dame de Varennes.

x avec son petit-cousin Noël de Saulx-Tavannes, comte de Beaumont, fils de Claude, comte de Buzançais, et de Françoise Brulart.

     2. Henriette Joubert de Barrault, dame de Méré.

x Jacques de Durfort.

[A VII 238, LCB, Moreri 9, V, Courcelles, Cornat/Ligny, ES XV 168-171, BSAS 8-888, BSSY 17-18, Challe, La, DLF XVI 634]    

 

SAULX-TAVANNES Gaspard de (dit Tavannes)

° Dijon (21), III 1509 ; † Sailly/Sully, 19 VI 1573.

- f. de Jean, chevalier, seigneur d'Arc, d'Orain et de Pailly, gruyer et grand louvetier de Bourgogne, & Marguerite de Tavannes (d'où le nom de Saulx-Tavannes).

- Baron de Sully/Sailly, seigneur de Tavannes, Dampierre, Pouilly, Mont-Saint-Vincent, Villefrancon, Orain, Pailly, Chancey, Igornay, Mothey, Donjon, Courchamp, Percey. Chevalier des ordres du roi, conseiller en son conseil privé, ainsi que chef militaire dans l'armée royale.

- Page de François Ier, il est fait prisonnier avec lui à la bataille de Pavie (24 II 1525). Il devient ensuite archer en 1526, puis guidon en 1529, et il sert en Italie. En 1542, il est nommé lieutenant d'une compagnie de gendarmes, puis il participe à la victoire de Cerisoles (14 IV 1544). Devenu capitaine de cent hommes d'armes des ordonnances du roi, il est élevé plus tard au grade de maréchal de camp, et se voit promu au poste de gouverneur de Verdun (1552). Il contribue à la victoire française de Renty (13 VIII 1554), à l'issue de laquelle, sur le champ de bataille, le roi Henri II lui remet le collier de l'ordre du Saint-Esprit, en affirmant : « Vous êtes un lion, il faut vous enchaîner ! ».

- Devenu lieutenant général du roi en Bourgogne, il doit se rendre à Auxerre à la demande de Catherine de Médicis, après que les catholiques de la ville aient découvert, dans le bourg Saint-Eusèbe, le prêche clandestin des calvinistes auxerrois (dimanche 19 X 1561). Comme les catholiques ont molesté une trentaine de protestants, et dévasté leurs maisons, il doit rétablir l'ordre public en faisant pendre trois catholiques ; cinq huguenots sont pendus également, mais seulement en effigie, et il en bannit huit autres. Pour ce qui est du prêche, il est transféré à Chevannes.

- Afin d'assurer la défense d'Auxerre, Tavannes établit une taxe que les habitants rechignent à payer. Il prie alors le maréchal de Saint-André* d'envoyer aussitôt des troupes sur place, pour y saisir l'argenterie des églises (1562). Le 24 VIII 1562, il nomme au poste de gouverneur d'Avallon Philippe de Chastellux, qu'il doit bientôt remplacer par Vézannes à la fin de 1563. Le 19 VI 1564, Charles IX lui adresse une lettre où il condamne les incidents survenus à Cravant une semaine plus tôt (le dimanche 11 VI 1564) : les catholiques de cette ville ont insulté, voire attaqué, les protestants venus d'Auxerre, empêchant ceux-ci d'aller se recueillir dans leur nouveau prêche, installé depuis 1563 en dehors de Cravant, au lieu-dit de La Gravelle ; le roi donne l'ordre qu'une enquête soit menée pour punir tous les coupables, mais aucune sanction n'est prononcée car Tavannes, conscient de son impuissance, préfère laisser l'affaire en suspens. Le prêche des protestants auxerrois est toutefois transféré au faubourg Saint-Amatre, ceci en dehors des murs d'Auxerre.

- En 1565, Tavannes est nommé bailli de Dijon. Partisan de Catherine de Médicis, il s'oppose aussi bien au camp des huguenots qu'à celui des catholiques ultramontains, au gré de la politique menée par la reine mère. Il s'indigne de l'avidité des Guise, qui accaparent richesse et pouvoir, et s'inquiète des alliances conclues par ceux-ci, soumettant la France à l'Espagne et au Saint-Siège.    

- Le 27 IX 1567, les huguenots s'emparent d'Auxerre par surprise. Ils finissent par évacuer la ville le 14 IV 1568, et les catholiques massacrent aussitôt les civils protestants, restés sans défense (25 IV 1568). Comme le gouverneur d'Auxerre, Montpérou, a laissé faire la tuerie, Tavannes reçoit l'ordre de le destituer, et de nommer à sa place un homme de confiance. C'est Aimar de Prie* qui devient le nouveau gouverneur de la ville ; dès le 15 V 1568, on lui fait savoir que Tavannes lui fournira des poudres et tout ce qui est nécessaire pour renforcer la défense des Auxerrois. Cette mesure est insuffisante : elle ne peut empêcher un nouveau massacre (18 X 1568), au cours duquel Jacques Creux* et ses acolytes incendient la maison du capitaine La Borde*, et chassent définitivement tous les calvinistes d'Auxerre, dont les demeures sont pillées.

- Avant ce bain de sang final, Tavannes s'emploie à fonder dans diverses villes de Bourgogne, en 1568, une confrérie dite du Saint-Esprit, chargée de répondre aux insultes et quolibets des protestants, voire d'empêcher le retour des huguenots dans les villes fortifiées reconquises récemment par les catholiques. Une telle confrérie est ainsi fondée à Cravant, ce qui provoque la colère du prince de Condé*, réfugié depuis peu à Noyers ; celui-ci envoie à Charles IX une lettre de protestation en août 1568, dans laquelle il dénonce l'activité de Tavannes. Ce dernier, en incitant les catholiques de Bourgogne à constituer des associations de défense, fera sans le vouloir le jeu d'Henri de Guise, qui n'aura aucun mal à incorporer les diverses confréries du Saint-Esprit dans la Ligue*, en 1576.  

- Le prince de Condé s'étant retranché dans son château à Noyers, le roi décide de s'emparer de lui. Tavannes, à qui est confiée la mission de procéder à l'arrestation, répugne à prendre Condé en traître. Il lui fait parvenir un message sibyllin : «Le cerf est aux abois, la chasse est préparée». Condé quitte alors Noyers le 25 VIII 1568, et il s'enfuie avec Coligny* à La Rochelle, où il lève des troupes contre le roi. Tavannes est placé aussitôt à la tête de l'armée du duc d'Anjou (futur Henri III), comme lieutenant général des camps et armées du roi. Il écrase les huguenots à la bataille de Jarnac, où Condé est tué (13 III 1569), puis à celle de Moncontour (1er X 1569).

- Ces deux victoires décisives lui valent la reconnaissance de Catherine de Médicis, qui l'élève à la dignité suprême de maréchal de France (1570). En mars 1570, il ordonne à sa compagnie et à celle de Monsieur de Vantoux, son fils, de se porter aux environs de Vézelay, pour s'opposer aux manœuvres des protestants. Il écrit ensuite aux Auxerrois pour les exhorter à reprendre au plus vite Mailly-la-Ville, dont les huguenots se sont emparés le 16 V 1570, avant d'attaquer Accolay et Vermenton.

- Nommé gouverneur de Provence (1571), il figure parmi ceux qui incitent Catherine de Médicis à se débarrasser des protestants à la Saint-Barthélemy (1572). Il protège cependant Henri de Navarre, afin de ménager l'avenir du pays et de la maison royale. Peu avant sa mort, il est fait amiral des mers du Levant (1573). Il meurt juste après la levée du siège de La Rochelle, et juste avant la fin de la quatrième guerre de religion (24 VI 1573).

(16 XII 1546) Françoise de La Baume de Montrevel, dame de Ligny-le Châtel, fille de Jean IV & Françoise de Vienne ; elle intente de nombreux procès pour faire valoir ses droits sur Ligny-le-Châtel. P.

 

Pierre Le Clercq

[Lebeuf, Challe, A VII 238, LCB, Moreri 9, La, V, Courcelles, Dousseau, Cornat / Ligny]

 

SAULX-TAVANNES Guillaume II (dit Vantoux)

° 1553 ; † 1633.

- f. de Gaspard* & Françoise de La Baume de Montrevel.    

- Comte de Tavannes, baron de Sully/Sailly, seigneur de Vantoux, etc. Gentilhomme de la chambre de Charles IX, il fait ses premières armes avec son père à la bataille de Jarnac (13 III 1569). En mars 1570, avec sa compagnie, il participe à la campagne militaire lancée par son père dans les environs de Vézelay, pour repousser les expéditions menées par les protestants de la ville. En 1573, il succède à Léonor Chabot, son futur beau-père, comme lieutenant général du roi en Bourgogne. Il devient aussi gouverneur d'Auxerre. Il envoie, en 1573, un rapport à Charles IX, où il précise que la plupart des habitants de Vézelay, malgré la Saint-Barthélemy, sont toujours protestants.

- Il s'inquiète de la précarité de la paix en France. Il reçoit un rapport daté du 2 I 1575, dans lequel on lui apprend que les Auxerrois ne peuvent fournir, pour maintenir leur ville dans l'obéissance du roi Henri III, que mille à douze cents hommes, en comptant les gens d'église et de justice. Depuis la mort de Charles IX (30 V 1574), les huguenots relèvent en effet la tête, exigeant la tenue d'états généraux pour réformer la monarchie, rétablir la liberté de culte en France, et châtier les instigateurs de la Saint-Barthélemy. Comme le nouveau prince de Condé*, Henri de Bourbon, rassemble des troupes à Bâle, Vantoux (alias Tavannes) organise la défense de la Bourgogne. La province est ainsi prête à affronter l'armée du prince de Condé et du prince Jean-Casimir*, lesquels, après avoir été battus à Dormans par Henri de Guise (19 X 1575), reviennent en France au début de l'année suivante : leurs troupes assiègent Nuits qui capitule (25 I 1576), et menacent Auxerre en livrant un combat indécis près du faubourg Saint-Marien. Malgré la victoire finale des protestants, qui obtiennent, à la paix de Beaulieu-lès-Loches (6 V 1576), la liberté de culte et la condamnation de la Saint-Barthélemy, la Bourgogne reste en dehors de la zone d'influence des huguenots.

- En 1576, Henri de Guise refuse de faire la paix et fonde la Ligue* catholique. Demeuré fidèle à Henri III, Vantoux reçoit le commandement de l'escorte du roi, qui le charge en 1579 de faire cesser les brigandages perpétrés par les aventuriers hivernant près de Saint-Florentin, recrutés par François d'Alençon, frère du roi, qui tente de se faire élire par les Flamands souverain des Pays-Bas. Vantoux défait les recrues du jeune prétendant au trône hollandais, et fait exécuter les plus compromis d'entre eux.

- En 1585, la Ligue catholique passe à l'action : en avril, le duc de Mayenne s'empare de Dijon, et son frère Henri de Guise de Chalon-sur-Saône. La Bourgogne, que Vantoux a maintenu jusque là dans le giron du pouvoir royal, est à présent aux mains des catholiques ultramontains, avec le soutien des Espagnols. Le duc de Mayenne ravage ensuite Saint-Cyr-les-Colons, mais ne peut entrer dans Auxerre, qui refuse d'ouvrir ses portes. La Ligue finit toutefois par triompher sur le plan national lorsque le roi est contraint d'y adhérer (7 VII 1585), renonçant ainsi à sa politique de balance entre catholiques et protestants. Pour se dégager de l'emprise des ligueurs, Henri III n'aura d'autre solution que de faire assassiner le Balafré (23 XII 1588).

- Ce meurtre déclenche un soulèvement général dans tout le royaume. La ville d'Auxerre, jusque là fidèle au roi de France, adhère à la Ligue. Vantoux est alors placé à la tête des troupes royales chargées de lutter contre la Ligue en Bourgogne et Nivernais. Il envoie François de La Rivière* en Auxerrois, contre Joachim de Rochefort-Pluviaud* qui domine la région à partir de Vézelay. Après l'assassinat d'Henri III (1er VIII 1589), Vantoux se rallie à Henri IV. Chargé par le nouveau roi de soumettre la Bourgogne, de concert avec le duc de Nevers, il ramène de Chaumont un corps de reîtres et lansquenets recrutés en Alsace, dirigé par le comte de Schomberg. Ce dernier s'empare alors de Ravières, de L'Isle-sur-Serein et de Thizy, puis s'installe à Voutenay-sur-Cure le 19 VIII 1589, d'où il réquisitionne les localités alentour ; il s'établit ensuite à Charentenay le 23 VIII 1589, puis se dirige vers Clamecy pour se mettre au service du duc de Nevers.

- Vantoux rallie à la cause d'Henri IV les seigneurs restés royalistes. Le baron François des Essarts ravage en 1589 les campagnes d'Auxerre, Chablis, Saint-Julien-du-Sault, Joigny, Sens et Villeneuve-sur-Yonne. D'autres seigneurs reprennent aux ligueurs Flavigny, puis Semur-en-Auxois et Saint-Jean-de-Losne, assiégeant également Montbard et Château-Chinon. En 1591, Vantoux dépêche des troupes qui s'emparent de Châtel-Gérard, Saint-Vinnemer et Jully, reprennent Noyers au baron de Vitteaux*, et repoussent une attaque du propre frère de Vantoux, Jean*, vicomte de Tavannes, à qui le duc de Mayenne vient juste de confier le commandement des troupes de la Ligue en Bourgogne. À la fin de 1591, Vantoux somme Avallon de se soumettre au roi, mais la ville refuse de capituler.

- Après l'abjuration d'Henri IV (25 VII 1593), la situation change brusquement en France, au profit des royalistes. La Ligue perd rapidement toutes ses places fortes, lesquelles finissent par se soumettre une à une au roi Très Chrétien. En 1596, toute la Bourgogne est rentrée dans le giron du pouvoir royal. Vantoux, qui est fait chevalier de l'ordre du Saint-Esprit, finit par renoncer à son poste de lieutenant général du roi en Bourgogne. Doté d'une pension de 1500 écus, il se retire dans ses terres et écrit ses Mémoires.        

x1 (18 X 1576) Catherine Chabot, ° 29 VI 1561, † 1609, comtesse de Buzançais (Indre), fille de Léonor, comte de Charny, lieutenant général du roi en Bourgogne ; P.

x2 (4 VII 1620) avec Jeanne-Baptiste de Pontailler, fille d'Olivier, seigneur de Bressey ; P.

 

Pierre Le Clercq

[Lebeuf, Challe, A VII 238, LCB, V, Moreri 9, Cornat / Ligny, Gourlin / Mailly-le-Château]

 

SAULX-TAVANNES Jean de (dit Tavannes)

° Paris (75), 1555 ; † Sailly/Sully, 1630.

- f. de Gaspard* & Françoise de La Baume de Montrevel.

- Vicomte de Tavannes, seigneur de Ligny-le-Châtel, il n'a appris, dans les lettres et les mathématiques, que ce qui est nécessaire à un futur soldat. Les charges de son père, à la mort de celui-ci (1573), sont distribuées aux courtisans de la reine mère, Catherine de Médicis. Il s'en plaint auprès du roi Charles IX, qui refuse de réparer l'injustice.

- Dépité, il quitte la France en 1573 avec le duc d'Anjou, futur Henri III, qui vient d'être élu roi de Pologne par la diète polonaise (11 V 1573). Il le sert fidèlement «en son voyage, couronnement et établissement». Il va ensuite en Hongrie, Transylvanie et Valachie, participe à une bataille aux côtés des Valaques contre les Moldaves, au cours de laquelle il est fait prisonnier. Libéré par les Valaques, qui sortent finalement vainqueurs du conflit, il va en 1574 à Constantinople, où il peut voir la flotte que rassemble le nouveau sultan, Amurat III (1574-1595) ; celui-ci désire reprendre en effet le port tunisien de La Goulette que les Espagnols, au nom de leur roi Philippe II, ont enlevé en 1573, après la défaite turque de Lépante en 1571.

- Rentré en France, il participe à la bataille de Dormans contre les protestants (19 X 1575), au cours de laquelle il fait 1500 prisonniers et sauve la vie d'Henri de Guise, qui reçoit ce jour-là sa célèbre balafre. Il est aussitôt nommé par Henri III lieutenant général d'Auxerre (le gouverneur de l'Auxerrois étant son frère Guillaume*, dit Vantoux). Avec seulement cent arquebusiers étrangers, il protège la ville contre les reîtres du prince Jean-Casimir*, qui, bien que vaincu à Dormans, poursuit sa campagne militaire en France jusqu'à Montargis. L'armée allemande n'ayant pas attaqué Auxerre, les habitants s'enhardissent et tuent à la porte de la ville des émissaires de Catherine de Médicis, venus annoncer qu'un armistice de six mois a été conclu entre les belligérants (IX 1575). Tavannes fait donc saisir les meurtriers, présidant à leur exécution immédiate sur la place publique d'Auxerre, malgré un soulèvement armé de la population, qui refuse les termes de la trêve.

- En 1576, Henri de Guise fonde la Ligue* catholique, et prépare la reprise des hostilités. Il parvient à déclencher la sixième guerre de religion en avril 1577, ralliant à sa cause le roi et son frère François d'Alençon. Tavannes s'engage dans l'armée réunie par ce dernier. Il participe à la prise de La Charité (1er V 1577), puis échappe de peu à la mort au cours du siège d'Issoire, dont la population réformée est massacrée (12 VI 1577). Désapprouvant la nouvelle paix qui est signée à Bergerac (17 IX 1577), il rejoint la Ligue, contrairement à son frère aîné Guillaume.

- Il est alors nommé gouverneur d'Auxonne et lieutenant général de Bourgogne par le duc de Mayenne. À la suite d'une trahison, il perd la ville d'Auxonne qu'on vient de lui confier, est fait prisonnier dans l'église où il est venu faire ses pâques, puis livré à Léonor Chabot, comte de Charny, ancien lieutenant général du roi en Bourgogne. Il parvient toutefois à s'échapper. Le duc de Guise, avec l'accord du roi Henri III, reprend Auxonne, mais refuse de rendre le gouvernement de la ville à Tavannes. Comme ce dernier manifeste son mécontentement, il est accusé de complot contre le duc de Mayenne et arrêté à Tanlay. Il n'évite le cachot, au château de Dijon, que parce que son frère aîné, alors à Corcelles près de Semur-en-Auxois, intervient en sa faveur, malgré ses positions politiques opposées.

- Au début de 1589, après l'assassinat d'Henri de Guise par Henri III (23 XII 1588), il lève en Bourgogne tout un régiment de cavalerie, et va prendre le commandement des troupes de la Ligue en Normandie, avec une alternance de revers et de succès. Il participe à la défense de Noyon, qui est prise par Henri IV le 17 VIII 1591. Fait prisonnier au cours du siège de la ville, il est échangé contre la mère, la femme et la sœur du duc de Longueville, gardées en otage par les ligueurs. Il est aussitôt renvoyé en Bourgogne par le duc de Mayenne, dès l'an 1591, pour y commander les troupes de la Ligue. Il affronte ainsi son frère Guillaume, chef des troupes royalistes dans la même province.            

- Il tente d'abord de reprendre la ville de Noyers, dont les partisans du roi viennent juste de s'emparer, puis, ayant été repoussé, il se fait battre près de Joigny. Malgré ces deux échecs, il est élevé en 1592 au maréchalat de France par le duc de Mayenne. Fait de nouveau prisonnier, il est incarcéré à la Bastille, d'où il parvient à s'échapper. Il ne dépose les armes contre Henri IV qu'après la victoire du roi contre une armée espagnole et ligueuse à la bataille de Fontaine-Française (5 VI 1595). Il négocie toutefois son ralliement, obtenant du souverain la confirmation de son grade suprême de maréchal de France, par brevet royal du 12 VI 1595. Il met ensuite son épée au service d'Henri IV, après que le pape ait aboli les bulles d'excommunication portées contre le monarque français (18 IX 1595).

- En retraite au château de Sailly, il rédige les Mémoires de son père, ouvrage chaotique, désordonné, incohérent, mais fort précieux car il y rapporte une foule d'anecdotes précises et pleines d'intérêt, tout en exprimant sa rancœur face à l'injustice et l'ingratitude de tous ceux qu'il a servis. En 1616, Louis XIII le confirmera lui aussi à son grade de maréchal de France.

x1 (14 I 1579) avec Catherine de Chabot, † 1587, fille de François, marquis de Mirebeau ; P.

x2 (1594) Gabrielle des Prez, fille de Melchior, seigneur de Montpezat, & Henriette de Savoie-Teude, duchesse de Nemours ; P.

  

Pierre Le Clercq

[Lebeuf, Challe, A VII 238, LCB, Moreri 9, La, V, Courcelles, Dousseau, Cornat / Ligny]

 

SAULX-TAVANNES Henri de

° 22 V 1597 ; † Sully/Sailly, 11 X 1653.

- f. de Jean* & Gabrielle des Prez.

- Marquis de Mirebel, vicomte de Ligny-le-Châtel, Sailly, Igornay, Vitry-le-Donjon, et Val-Saint-Julien.

- En 1630, il succède à son défunt père dans presque tous ses emplois : lieutenant général pour le roi en Bourgogne et aux comtés d'Auxerre, Châtillon et Bar-sur-Seine, mais aussi premier chevalier de la cour au parlement de Dijon, conseiller d'Etat, maréchal des camps et armées du roi.

- En 1633, sur les instances du duc de Mantoue, il se voit nommé commandant des troupes françaises d'Italie et des troupes italiennes de Casal et Montferrat. Le 24 VI 1639, il devient mestre de camp d'un régiment d'infanterie.

- En 1650, au début de la seconde Fronde, ceci après que le prince de Condé ait été emprisonné, il se rend à Dijon pour assurer l'ordre jusqu'à l'arrivée du duc de Vendôme, qui le garde à son service comme lieutenant général. Dans cette guerre civile, c'est la branche cadette qui reste fidèle au roi ; la branche aînée soutient le prince de Condé.

- Sa veuve reprend les droits de son défunt mari. À la mort de celle-ci († 1666), ses droits sur Ligny-le-Châtel, Méré et Varennes passent aux mains de ses trois nièces :

1) Claire Françoise de Saulx-Tavannes (voir XIX.c.).

2) Gabrielle Joubert de Barrault (voir XIX.d.1.).

3) Henriette Joubert de Barrault (voir XIX.d.2.).

x (1 V 1635) Marguerite Potier de Tresmes, fille de René, duc de Tresmes, & Marguerite de Luxembourg-Piney.  

  

[ES XV 168-171, Cornat / Ligny-le-Châtel]